RECORDS Germain, Pierre, Augustin [patronyme souvent écrit « RECORD »]

Par André Balent

Né le 4 juin 1914 à Graulhet (Tarn), mort le 8 juin 1944 à Saint-Céré (Lot) exécuté par des SS de la division Das Reich ; résistant (AS) du maquis « Pol-Roux » (ou maquis de Vabre, Tarn) implanté dans les monts de Lacaune (Tarn).

Germain Records
Germain Records
Crédit : François Mazens

Germain Records était le fils de Firmin, Pascal Records, mégissier âgé de vingt-cinq ans et de son épouse Maria, Eugénie Vialas âgée de vingt-et-un ans. Il se maria à Graulhet (Tarn) le 20 janvier 1939 avec Élise, Eugénie, Étiennette Bonsirven (« Lisette »). Ils eurent un fils, Robert. La famille résidait à Graulhet.
Germain Records fut mobilisé du 2 septembre 1939 au 25 juin 1940.

En mars 1944, Germain Records rejoignit le maquis de Vabre (Tarn), une formation armée singulière implantée dans les monts de Lacaune, au sud-est du département. Ce maquis de l’Armée secrète (AS), créé en 1943, était animé par un industriel protestant Guy Gervais de Rouville, alias « Pol-Roux » (1915-2017), connu dans le Tarn comme le « préfet des maquis »— il fut un des responsables des scouts unionistes (protestants) — et son épouse Odile, née Schlumberger (1917-2017). Devenu le secteur CFL (Corps franc de libération) 10 du Tarn, ce maquis avait la particularité d’avoir été animé par des protestants et d’avoir compté parmi ses membres de nombreux Juifs, souvent de Éclaireurs israëlites, exfiltrés par les filières protestantes dans les montagnes du sud-est du Tarn ainsi que des intellectuels comme l’éditeur Jérôme Lindon (1925-2001) ou d’anciens cadres de l’école des cadres d’Uriage promis à un brillant avenir ( Jean-Marie Domenach, 1922-1997 ; Hubert Beuve-Méry, 1902-1989). Mais le maquis accueillit aussi de nombreux Tarnais issu des couches populaires, catholiques, agnostiques ou athées. Germain Records était l’un d’entre eux. Au début du mois de juin, il était cantonné à Saint-Jean-de-Trivisy (Tarn), commune limitrophe de Vabre.

Le 7 juin 1944, Germain Records fut l’un des six hommes du maquis de Vabre qui prirent place dans un camion qui accompagnait l’automobile de deux cadres de la R 4 venus de Toulouse (Haute-Garonne), Louis Pélissier alias « Carton » adjoint au délégué militaire régional de la R 4 et Jean Cressot alias « Chénier » responsable adjoint des maquis de la R 4. Ils devaient se rendre dans le Lot, près de Saint-Céré. Ils devaient récupérer des armes d’un parachutage afin d’armer les maquis de la région de Vabre.

Près de Saint-Céré (Lot), les occupants des deux véhicules de la Résistance rencontrèrent un convoi allemand partiellement blindé (de la 2e division SS Das Reich. Pour certains auteurs chroniqueurs de la Résistance, les deux véhicules étaient de retour du terrain de parachutage avec le camion chargé d’armes ; pour d’autres, qui appuient leurs dires sur les témoignages des occupants du camion qui purent s’échapper et eurent la vie sauve, le convoi s’était d’abord arrêté à Saint-Céré afin de réparer des crevaisons à l’atelier de M. Gambade serrurier et, occasionnellement, garagiste (Henri Gambade, 1920-2016, résistant de Saint-Céré impliqué dans les réceptions de parachutages, était le fils de Raymond, propriétaire de l’atelier dans cette localité), et se dirigeait vers le terrain d’atterrissage. Cette version semble la plus vraisemblable. En effet, après cette réparation, Germain Records fut, selon certains témoignages invité à s’installer dans l’automobile des deux officiers, Pélissier et Cressot ce qui lui fut fatal. Mais, en 2004, Henri Gambade, invité par Guy de Rouville et l’Amicale des maquis de Vabre à honorer la mémoire de Germain Records, a expliqué que Records aurait été à monter dans l’automobile des deux officiers afin d’aider le garagiste de Saint-Céré à réparer les crevaisons.

Quoiqu’il en soit, les deux véhicules se dirigèrent ensuite vers Sousceyrac. Le camion prit à son bord le forgeron de Frayssines, village proche de Saint-Céré, ce qui les retarda et fut à l’origine de leur rencontre avec un convoi de la division Das Reich comprenant trois auto-chenillettes, trois automitrailleuses et une trentaine de camions. Les Allemands découvrirent une arme dans l’automobile. Après la rencontre inopinée avec les Allemands, les occupants du camion, purent, après avoir abandonné leur véhicule, se camoufler et, pour quatre d’entre eux, rallier à pied leur maquis tarnais à Saint-Pierre-de-Trivisy. Les trois occupants de la voiture de tête furent capturés. Pélissier et Records furent fusillés au bas de la route de Saint-Laurent-les-Tours et Cressot à un kilomètre de là, au lieu-dit Beaune, dans le territoire de la commune voisine de Saint-Laurent-les-Tours, très proche de Saint-Céré. Leurs corps furent laissés sur place pendant vingt-quatre heures. Mlle Brun, de la Croix-Rouge obtint des occupants qu’ils fussent inhumés à Saint-Céré.

Après son décès, sa femme sans ressource fut prise en charge par le service social du maquis qui lui versa 1500Fr. pour le mois de juillet et 1700 Fr. pour le mois d’août 1944. Le 17 juin 2004, l’Amicale des maquis de Vabre rendit un hommage particulier à Germain Records, son premier mort. Guy de Rouville alias « Pol-Roux », le chef du maquis remit à cette occasion à Robert Records, fils de Germain, la médaille commémorative de la guerre de 1939-1945.

Le nom de Germain Records (orthographié « Record ») figure sur le monument aux morts de Graulhet et sur la stèle érigée à Saint-Céré (Lot) en mémoire de l’exécution sommaire, le 8 juin 1944, des trois résistants toulousains et tarnais.

Voir : Saint-Céré (8 juin 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article204451, notice RECORDS Germain, Pierre, Augustin [patronyme souvent écrit « RECORD »] par André Balent, version mise en ligne le 18 juin 2018, dernière modification le 23 mai 2019.

Par André Balent

Germain Records
Germain Records
Crédit : François Mazens

SOURCES : Arch. dép. Tarn, 4 E 105045_02, état-civil de Graulhet, naissances, 1914 et mention marginale. — Célébration du soixantième anniversaire de la Libération, colloque du 18 juin 2014 au temple de Vabre (Tarn), Amicale des maquis de Vabre, Vabre, 2004, 25 p. [p.19] — Guy Penaud, La Das Reich : la 2e SS Panzerdivision, préface d’Yves Guéna et introduction de Roger Romain, Périgueux, La Lauze, 2005, 558 p. [pp. 164-165, p.512]. — Site Maquis de Vabre (www.maquisdevabre.fr), consulté le 18 juin 2018. — Site MemorialGenWeb consulté le 18 juin 2018.

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