BINET Pierre, Étienne, René (pseudonymes « Polit Robert », « Lucien », « Gaudin »)

Par Claude Delasselle

Né le 6 février 1922 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), exécuté sommairement le 19 août 1944 à Chevannes (Yonne) ; représentant ; membre des FFL puis résistant du Service national maquis.

Stèle de Chevannes
Stèle de Chevannes

Pierre Binet appartenait par sa mère, Marie Isabelle Lefèvre-Utile, à la famille des industriels de la biscuiterie nantaise, la société LU. Son père, Rémi Binet, et ses oncles participaient à la direction de l’entreprise. La famille était domiciliée boulevard de Strasbourg à Nantes, où Pierre naquit. Ancien combattant, son père était décoré de la Croix de guerre. Pierre Binet, célibataire, était titulaire d’une licence en droit et d’une licence d’histoire-géographie.
Après avoir séjourné à Vichy pendant l’Occupation, il rejoignit, dans des circonstances inconnues, le Maroc où il s’engagea en juillet 1943 au sein des Forces françaises libres. Après avoir été élève-pilote au Maroc puis en Syrie, il fut affecté en octobre 1943 au BCRA (Bureau central de renseignement et d’action) d’Alger, avec le grade de sous-lieutenant. Il partit pour l’Angleterre le 27 novembre 1943 et fut affecté en janvier 1944 au réseau « Sussex ». Dans la nuit du 8 au 9 février 1944, il fut parachuté en France en compagnie du commandant Vincent Saubestre (« Marcel »), de Jeanne Guyot (« Jeannette ») et du radio Georges Lasalle (« Charles »). Ces quatre agents formaient les deux groupes d’éclaireurs (mission « Pathfinder ») envoyés en France pour préparer l’arrivée des équipes de la mission « Sussex ». Les 52 équipes de la mission « Sussex », formées chacune d’un officier agent de renseignement et d’un opérateur radio, furent parachutées en France à partir d’avril 1944, avec pour mission de renseigner le Haut commandement allié sur les positions et les mouvements des unités allemandes en France au moment du Débarquement, ainsi que sur les stocks et points stratégiques de l’ennemi.
Dans l’été 1944, Pierre Binet, qui était désireux de participer activement aux combats contre l’ennemi, sollicita de son chef, le commandant Saubestre, l’autorisation de rejoindre, au début août 1944, le maquis de Merry-Vaux (Maquis 2 du Service national maquis) installé à quelques km au nord de Toucy (Yonne). Il savait pouvoir y retrouver un de ses amis, Claude Yves de la Bruchollerie, secrétaire général de la préfecture de l’Yonne, qui venait de rejoindre le maquis de Merry-Vaux. Pierre Binet eut alors l’occasion de participer à au moins un des parachutages reçus par ce maquis.
Revenu à Paris pour obtenir de ses chefs l’autorisation de rester au maquis, Pierre Binet repartit de Paris le 18 août, dans la soirée, dans une camionnette à gazogène conduite par Alain Pellerin de Beauvais (« Gazo »), et accompagné d’un autre membre de la mission « Sussex », Étienne Ancergues, et de Florentin Mouchet. Après un voyage sans histoires et alors qu’ils venaient d’arriver le 19 août au petit matin à Toucy, la malchance voulut que leur véhicule fût réquisitionné par des soldats allemands qui voulaient rejoindre à Auxerre un convoi allemand partant pour Troyes. Les Allemands gardèrent Pellerin de Beauvais comme conducteur et les trois autres sans doute comme otages.
La camionnette repartit de Toucy vers 14 heures sur la route D 965 en direction d’Auxerre. Quelques kilomètres après le village de Pourrain, des résistants dissimulés dans les bois le long de la route attaquèrent le véhicule. Après que les maquisards aient décroché, les Allemands firent sortir les trois otages du véhicule et les fusillèrent le long de la route D 965, au lieu-dit les Bois de Saint-Thibault, sur le territoire de la commune de Chevannes. Pierre Binet et Florentin Mouchet furent tués sur le coup et Étienne Ancergues, transporté à Villefargeau, y décéda dans la soirée de ses blessures. Le conducteur, Pellerin de Beauvais, sera emprisonné à son arrivée à Troyes et fusillé le 22 août au champ de tir de Creney, près de Troyes, avec 48 autres prisonniers.
Le corps de Pierre Binet repose dans le cimetière de la Miséricorde à Nantes. Son nom figure, avec celui de ses deux camarades, sur une stèle édifiée le long de la route D 965, sur le territoire de la commune de Chevannes. Il figure aussi sur le monument des déportés et fusillés de l’Yonne à Auxerre. Il a été reconnu « Mort pour la France » le 18 septembre 1945. Pierre Binet est décoré de la Distinguished Service Cross, Croix de guerre avec palmes, Médaille de la Résistance et Médaille de la Légion d’honneur à titre posthume.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article204510, notice BINET Pierre, Étienne, René (pseudonymes « Polit Robert », « Lucien », « Gaudin ») par Claude Delasselle, version mise en ligne le 20 juin 2018, dernière modification le 25 avril 2021.

Par Claude Delasselle

Stèle de Chevannes
Stèle de Chevannes
Pierre Binet
Pierre Binet
Photographie communiquée par M. Benoit Vanhees (avril 2021)

SOURCES : SHD GR 16P 60807. — Arch. dép. Loire-Atlantique 9Z, 305 J 3 . — Arch. dép. Yonne, 1 W 123, rapports de gendarmerie. — Jean-Pierre Sauvage et Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure, 1940-1945, p. 29, Nantes, 2001. Colonel Rémy, Les réseaux d’ombres, Éd. France Empire, 1952, p. 180-181.— Bailly Robert, Si la Résistance m’était contée, Éd. ANACR-Yonne, 1990, p. 421-422. — Mémorial GenWeb.— Site internet Mémoire des Hommes.— Site internet Mission Sussex. — Notes d’Annie Pennetier.

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