CHIGNARDET André

Par Joël Drogland

Né le 9 août 1920 à Saint-Florentin (Yonne), abattu le 15 novembre 1943 à Sainte-Féréole (Corrèze) ; maquisard (Armée Secrète).

André Chignardet était le fils de Denis Jules et d’Yvonne Irma née Charpentier. Il fut tué avec son frère Maurice et 16 autres maquisards lors de l’attaque par les Allemands des maquis de la forêt des Saulières, près de Sainte-Féréole et de Donzenac en Corrèze.

Beaucoup d’exilés lorrains trouvèrent refuge en Corrèze, rejoints en 1943 par de nombreux réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). Parmi eux les frères Maurice et André Chignardet, originaires de Saint-Florentin, dans l’Yonne. Des camps de maquisards se constituèrent, appartenant à l’Armée Secrète. Ils étaient plus ou moins équipés, armés, entraînés et bénéficiaient du soutien de la population locale. Quatre camps se formèrent sur le massif des Saulières, une forêt épaisse de 900 hectares entre Malemort, Sainte-Féréole et Donzenac. L’hiver rigoureux obligea les résistants à se replier sur les fermes du Treuil et de La Besse situées sur le hameau de La Besse.

Le 11 novembre 1943, soixante maquisards défilèrent devant le monument aux morts de Sainte-Féréole avant d’y déposer une gerbe. Ils portaient l’uniforme estampillé d’un écusson de l’Armée Secrète, et arboraient drapeaux et clairons. Ils commémoraient l’armistice de 1918, suite à un appel lancé par Londres. Cette action patriotique suscita une violente réaction de l’occupant allemand et la répression fut terrible. Quatre jours plus tard, le 15 novembre, 300 soldats allemands venant de Limoges attaquèrent le camp des maquisards dans les Saulières. Dix-huit jeunes résistants, dont Maurice et André Chignardet, appartenant aux camps du Treuil et de La Besse, furent tués. Ils furent retrouvés couverts de boue, mutilés et défigurés.

Les corps sauvagement abîmés par des coups de botte et de crosse furent acheminés à Donzenac sur une charrette à bœufs. Les habitants, émus, fournirent des draps pour les linceuls. Les menuisiers du village confectionnèrent dix-huit cercueils en une nuit. Après une messe à l’église, les dépouilles furent conduites au cimetière, suivies par un cortège d’un millier de personnes.

L’histoire du maquis des Saulières bénéficie d’une source iconographique exceptionnelle. Le défilé du 11 novembre 1943 a été immortalisé par un photographe amateur sous dix angles différents. Plus rare, les corps des dix-huit résistants tués ont tous été méticuleusement photographiés par un professionnel de l’identité judiciaire. Les clichés, conservés aux Archives départementales, montrent l’ampleur du massacre. Le drame a également fait l’objet d’un compte-rendu précis de la gendarmerie. Il n’y a pas d’équivalent en Corrèze.

André Chignardet fut déclaré « Mort pour la France ». Son nom figure sur le monument commémoratif des maquis de La Besse sur le lieu même du drame, au sud-ouest de la sortie de Sainte-Feréole, au bord de la RD 5, au lieu-dit « Site de La Besse ». Il figure aussi sur une plaque commémorative en hommage à cinq résistants FFI dans le carré militaire du cimetière de Saint-Florentin. Les quatre autres noms sont ceux de son frère Maurice Chignardet, de Maurice Eustache*, de Louis Roux* et de Claude Simonnot. Il figure aussi sur le monument aux morts de Saint-Florentin et sur le monument des déportés et fusillés de l’Yonne à Auxerre.

Voir Sainte-Féréole (Corrèze), 15 novembre 1943

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article204873, notice CHIGNARDET André par Joël Drogland, version mise en ligne le 2 juillet 2018, dernière modification le 30 août 2021.

Par Joël Drogland

SOURCES : Il y avait la forêt des Saulières... Histoire d’un maquis en 1943, DVD de 52 minutes réalisé par l’association « Histoire et Mémoire en Corrèze » avec le partenariat du Conseil Départemental de Corrèze. — Mémorial GenWeb. — Acte de décès communiqué par Madame Marie-Pierre Bretonnet, Mairie de Donzenac.

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