COMPAN Marthe [née PELLEQUER Marthe, Idalie, Hortense]

Par Jacques Girault, Pierre Gros

Née le 30 octobre 1880 à Saint-Martin-de-Boubaux (Lozère), morte le 27 novembre 1947 à Alès (Gard) ; institutrice ; militante amicaliste puis syndicaliste ; membre de la commission permanente du SNI.

Fille de Cévenols protestants, père instituteur, mère sans profession, Marthe Pellequer naquit au hameau de Lunès à quelques centaines de mètres du Gard, débouché naturel de la basse Lozère. Elle entra à l’École normale d’institutrices de Nîmes en 1896. Titulaire du brevet supérieur, puis plus tard du brevet agricole, elle fut nommée institutrice à Causse Bégon près de l’Aigoual en 1899, puis à Mialet.

Elle épousa en août 1904 dans sa commune natale Léopold Compan, propriétaire-viticulteur à Lédignan. Le ménage n’eut pas d’enfant. Elle essaya de se rapprocher de ce chef-lieu de canton et enseigna tour à tour à Tamaris (Alès) en 1905, à Fons-Outre-Gardon en 1911 puis à Maruejols-les-Gardon (1919-1924). Enfin, nommée à Lédignan, directrice de l’école de filles en 1930, elle termina sa carrière en 1936. Une voiture « Peugeot Quadrillette » qu’elle conduisait, facilitait ses déplacements après la guerre.

Marthe Compan, à Fons-Outre-Gardon, le 5 février 1915, assista avec sa classe aux obsèques du premier soldat rendu au village, ses élèves portant fleurs et couronnes. Malgré une lettre justifiant son geste, elle reçut un blâme de l’inspecteur d’Académie. Soutenue par la population et par une pétition du conseil municipal, profondément blessée par cette injustice, elle s’engagea davantage dans l’amicale puis dans le syndicat.

Elle devint membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs créée en 1921. Lors de la dissolution du syndicat en mars 1922, les membres du conseil syndical décidèrent de continuer leur action au sein de la CGT et de mettre en place des correspondants cantonaux. Elle en fut pour le canton de Lédignan. En 1925, le siège du syndicat fut transféré de la bourse du travail d’Alès à celle de Nîmes. Elle fut élue déléguée au conseil départemental de l’enseignement primaire en 1924 avec trois autres syndiqués alors que le syndicat comptait moins d’adhérents que l’amicale maintenue. Démissionnaire pour protester contre les conditions du mouvement imposé par l’Inspecteur d’Académie, elle fut réélue en juin 1929, puis à nouveau en novembre 1929 et en 1930, devenant ainsi membre de droit du conseil syndical. Elle ne se représenta pas en 1932. Pendant cette période avec ses camarades du SNI, elle fut en constant conflit avec l’inspecteur d’Académie que le gouvernement de Front populaire remplaça.

Membre de la commission permanente du Syndicat national au milieu des années 1920, Marthe Compan fut l’organisatrice, avec les militants du Gard, du congrès national du SN à Nîmes en 1930 qui se déroula dans la salle du cinéma « Majestic ». Elle participa au congrès de la Fédération internationale des associations d’instituteurs à Berlin (16-20 avril 1928). Au congrès de l’UD-CGT du 3 février 1929, elle présenta un rapport sur la main-d’œuvre étrangère et fut élue membre de la commission administrative.

Marthe Compan devint la secrétaire générale de la section départementale du SN le 28 juillet 1927 et fut régulièrement renouvelée dans cette responsabilité jusqu’en 1932. Favorable à l’enseignement agricole et à l’aménagement des épreuves du certificat d’études primaires, elle s’opposait à l’inspection académique. Elle était vigilante sur la question de la discipline syndicale (exclusion des quatre membres du conseil syndical refusant d’appliquer la non-participation aux examens des bourses et du CEP en 1931, des trois minoritaires de l’opposition syndicaliste révolutionnaire en 1932, qui furent réintégrés l’année suivante). En novembre 1933, elle décida de se représenter avec cinq sortants aux élections pour le conseil syndical pour s’opposer à la « démagogie communiste de l’OSR ». Élue au conseil syndical en novembre 1933, avec 171 voix sur 194 votants, elle fut réélue, après la fusion, sur la liste de "l’unité syndicale", en octobre 1935, avec 233 voix sur 243 votants. L’année suivante, elle devint secrétaire adjointe de la section départementale, chargée de l’éducation sociale et de la défense laïque. Réélue en 1937, toujours secrétaire adjointe, chargée maintenant des retraites, elle abandonna ses responsabilités en octobre 1938.

Marthe Compan adhérait au Parti socialiste SFIO dont elle resta toujours militante. Elle obtint de la municipalité à direction communiste de Lédignan la création de la première auberge de jeunesse du Gard qui ouvrit au printemps 1935. Elle habitait toujours la commune après sa retraite et écrivit son histoire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20494, notice COMPAN Marthe [née PELLEQUER Marthe, Idalie, Hortense] par Jacques Girault, Pierre Gros, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 14 février 2021.

Par Jacques Girault, Pierre Gros

SOURCES : Arch. Nat., F7/12985, rapport du 4 février 1929. — Arch. Dép. Gard. — L’Ecole libératrice. — Le Peuple, 8 juillet 1928. — Notice DBMOF. — Sources orales (Robert Jonquet, « mémoire de Lédignan », Gérard Compan, maire de Maruejols-les-Gardons, Fernand Allier, son élève en 1919).

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