COMPEYRON Claude, Alfred, Lucien

Par Claude Willard

Né le 28 juin 1936 à Meaux (Seine-et-Marne), mort le 7 novembre 2009 au Versoud (Isère) ; professeur d’éducation physique et sportive ; militant communiste, membre du comité national puis du bureau national de la JC (1958-1968), secrétaire de la commission sportive du PCF (1968-1972), directeur des Éditions Vaillant-Miroir-Sprint (1970-1979), directeur des Éditions Messidor (1979-1988), membre du comité central du PCF (1979-1996).

Le père de Claude Compeyron, Alfred Compeyron, était ajusteur, d’abord dans l’automobile, puis à la SNCF ; sa mère, née Odette Aléonard, était ouvrière en confection. Son père, animateur du PCF à Meaux, notamment pendant la période du Front populaire, fut arrêté pendant la « drôle de guerre » par la police française et interné au camp de Rouillé (Vienne) d’où il réussit à s’évader ; ayant rejoint la Résistance et participé à de nombreuses opérations FTP dans la région parisienne, il fut arrêté en 1943 et torturé au siège de la Gestapo ; peu avant la Libération de Paris, il participa à l’évasion collective de la prison de la Santé. Après la guerre, il fut maire adjoint de Chelles (Seine-et-Marne), responsable pour l’Île-de-France du Secours populaire français et permanent de la fédération du PCF de Seine-et-Marne. Son épouse était aussi membre du PCF.

Durant la guerre, sa mère gagnant péniblement sa vie, Claude Compeyron vécut chez ses grands-parents paternels et maternels. Et c’est sa grand-mère paternelle qui lui apprit à lire. En septembre 1944, il entra au cours élémentaire à Chelles et, rattrapant les classes qu’il n’avait pas pu suivre pendant la guerre, y effectua sa scolarité jusqu’en classe de troisième. Reçu au concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Melun (Seine-et-Marne), il en suivit la scolarité de 1950 à 1954.

En cachette de son père (qui ne voulait pas qu’il « gâche » ses études), mais sous son influence, Claude Compeyron adhéra en 1950 au PCF à Chelles, puis à l’UJRF. À l’âge de quatorze ans, il organisa un comité du Mouvement de la paix avec comme premiers adhérents les écrivains Hervé Bazin, Bernard Clavel et Armand Lanoux, qui habitaient alors à Chelles. En 1955, il organisa une importante délégation des jeunes de la région au Festival mondial de la jeunesse et des étudiants à Varsovie.

Très sportif, Claude Compeyron, après une année préparatoire, entra en 1955 à l’École normale supérieure d’éducation physique qu’il contribua, avec d’autres camarades de sa promotion, à transformer en ce que Le Figaro de l’époque appelait le « bastion rouge de l’Université ». Il y fut successivement secrétaire du PCF, de l’UEC et responsable syndical.

En 1955 également, sur demande personnelle de Jacques Duclos* (la Hongrie était alors au firmament du football et de nombreux sports olympiques), il entra au secrétariat de l’Association France-Hongrie, aux côtés de Louise Mamiac, Claude Morgan* et Claude Angeli. En septembre 1956, en mission en Hongrie avec Claude Morgan, il assista avec ce dernier aux réunions du Cercle Petöfi et vécut à Budapest les événements d’octobre, échappant de justesse, en tant que communiste français, à la pendaison par les émeutiers. À son retour à Paris, il fournit une relation détaillée de ces événements à la direction du PCF, qui décida d’envoyer André Stil* à Budapest.

En 1956, Compeyron devint membre du comité et du bureau national des Jeunesses communistes dès leur formation et fut membre du secrétariat de la fédération de Paris des JC. Il participa à la refondation de l’Union des étudiants communistes puis à l’organisation du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants à Moscou. En 1957, il fut secrétaire de l’Union des grandes écoles. L’année suivante, il suivit l’École centrale du PCF d’un mois.

De septembre 1958 à septembre 1962, Claude Compeyron exerça au lycée de Provins son métier de professeur d’éducation physique. Il fut en même temps secrétaire de la JC de Seine-et-Marne, membre du comité national de la JC, du comité fédéral (1959-1967) et du bureau fédéral (1959-1965) du PCF. En 1959, il travailla pendant plusieurs mois à Vienne au comité international du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants.

Très proche de Laurent Casanova*, alors député de Seine-et-Marne, Claude Compeyron vécut très douloureusement, pendant cette période, « l’affaire Casanova-Servin ».

Écarté intentionnellement du service militaire par les autorités, alors qu’il n’était plus sursitaire, pendant les dernières années de la guerre d’Algérie, il effectua celui-ci en 1962-1963 en Allemagne. Sorti du peloton des élèves officiers de réserve, il fut immédiatement écarté de tout grade par la Sécurité militaire.

Au début des années 1960, intégré à un groupe d’action spécial du PCF contre l’OAS, Claude Compeyron subit en retour plusieurs agressions et attentats, heureusement sans dommages pour lui. Ces tentatives se poursuivirent lors de son service militaire, à l’initiative d’officiers OAS repliés en Allemagne autour du général Salan.
Démobilisé, Claude Compeyron habitait Paris, avenue Daumesnil (XIIe arr.), et exerçait son métier à Pavillons-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis). Il épousa le 8 février 1964 Ghislaine Ditchev, professeur de lettres. Le couple eut deux enfants : Arielle (2 août 1966) et Sabrina (3 mars 1969).

En 1964, à l’invitation de Fidel Castro, il travailla avec un groupe de professeurs d’éducation physique français, pendant quelques mois, à la préparation des sportifs cubains aux Jeux olympiques de Tokyo et à l’organisation des bases de l’Éducation physique et de sport scolaires à Cuba.

Il devint ensuite secrétaire de la Fédération de Paris de la JC, animant notamment les premières grandes manifestations contre la guerre américaine au Vietnam. Il fut en même temps, membre du comité du XIIe arrondissement et du comité fédéral de Paris du PCF. Il fut candidat communiste aux élections municipales de 1965 dans cet arrondissement, faisant partie du sixième secteur. Dans le courant des années 1970, toujours membre du comité de la fédération communiste de Paris, il entra au bureau fédéral.

En 1968, Claude Compeyron quitta le bureau national de la JC pour devenir secrétaire du comité préparatoire du Festival mondial de la jeunesse de Sofia et secrétaire de la commission sportive du PCF (à laquelle il appartenait depuis 1955), en remplacement de Jean Guimier*. Il participa à la rédaction des développements sur le sport dans les différents textes programmatiques du PCF à la fin des années 1960.
En octobre 1970, Georges Gosnat*, trésorier du PCF, en présence d’une grave crise aux Éditions Vaillant, lui demanda d’en prendre la direction. Claude Compeyron, devant abandonner les activités professionnelles et militantes qui le passionnaient, et ne se sentant pas de compétences particulières pour ce travail, n’accepta cette demande qu’avec réticence. Il se consacra néanmoins avec succès à cette nouvelle activité d’« homme d’affaires communiste » !

En 1973, les Éditions Vaillant absorbèrent les Éditions Miroir-Sprint, animées alors par de grands journalistes comme Marcel Vidal ou Robert Barran. Pendant ces années, le groupe Vaillant Miroir-Sprint devint le premier groupe de presse français à destination de l’enfance et de la jeunesse et le second dans le domaine sportif après le groupe de L’Équipe, avec une vingtaine de titres (dont Pif Gadget, leader européen de la presse enfantine, Rahan, la série du Miroir : Miroir du football, du cyclisme, du rugby, de l’athlétisme, mondial, etc.).

Au XXIIIe congrès du PCF, en mai 1979, Claude Compeyron fut élu membre du Comité central, où il siégea jusqu’au XXIXe congrès en décembre 1996.

Par décision du bureau politique du PCF du 28 septembre 1979, Claude Compeyron devint responsable des Éditions du PCF, alors en pleine crise. Fusionnant les nombreuses maisons d’édition et de distribution alors dispersées (Éditions Sociales, Éditeurs Français Réunis, Éditions de la Farandole, Livre-Club Diderot, Éditions de la Courtille, Centre de Diffusion du Livre et de la Presse, etc.), il créa, dès l’année suivante les Éditions Messidor qui permirent le rétablissement de l’équilibre économique ainsi qu’un nouveau développement de la production éditoriale.

En 1985, les Éditions Messidor absorbèrent les Éditions Vaillant Miroir-Sprint, faisant de cet ensemble un des premiers groupes éditoriaux français.

Sous l’impulsion de Claude Compeyron, et avec la contribution active d’éditeurs comme Lucien Sève, Claude Mazauric, Francis Combes, Nicole Rica, etc., cette production éditoriale permit, parallèlement aux évolutions politiques du PCF, un important rattrapage historique (depuis le Rapport Khrouchtchev de 1956 par exemple), la mise à jour des traductions et de l’appareil critique d’ouvrages du fonds marxiste, ainsi que la réalisation de nombreuses et nouvelles initiatives éditoriales, comme La Révolution Française, Images et Récits, de Michel Vovelle.

En juillet 1988, en désaccord avec la direction du PCF et Georges Marchais* sur la gestion de ce groupe éditorial, Claude Compeyron refusa de se soumettre et préféra démissionner de son poste, où il fut remplacé par François Hilsum*, directeur de l’Humanité Dimanche. Quelque temps après, en 1992, le groupe Éditions Messidor-Vaillant-Miroir-Sprint était mis en liquidation.

Après son départ de Messidor, Claude Compeyron poursuivit son activité politique comme membre du comité central du PCF, en contribuant à l’activité des fédérations du Calvados, de la Marne, de la région Champagne-Ardennes, puis de la Nièvre.

À partir de 1996, après son retrait volontaire du comité national, Claude Compeyron resta membre du PCF, mais n’y exerça plus aucune responsabilité. En mai 2005, il fut un des premiers signataires de l’appel lancé par des dirigeants du parti - « Pour un PCF au cœur des défis du XXIe siècle » - qui souhaitaient que celui-ci redevienne « le parti révolutionnaire qu’il fut tout au long des étapes majeures du XXe siècle ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20496, notice COMPEYRON Claude, Alfred, Lucien par Claude Willard, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 2 mai 2022.

Par Claude Willard

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Interview (1999).

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