CREVAT Henri-Louis [Pseudonymes dans la Résistance : Potard, Robert, Raymond]

Par Eric Panthou

Né le 2 avril 1906 à Châtillon-la-Palud (Ain), décédé le 28 octobre 1988 à Pertuis (Vaucluse) ; pharmacien ; maire du Pertuis ; membre du Parti communiste (PCF) ; Résistant au sein du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN), et des Franc-Tireurs et Partisans (FTP).

Henri Crevat s’est marié en juin 1931 au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) avec Emma Royer, native de cette commune.
Il s’est installé à Pertuis au début des années trente et y ouvrit une pharmacie.
Dès 1940, un premier noyau de militants communistes sous la direction de Bascou, s’organise clandestinement au Pertuis. Il aide notamment des personnes recherchées. C’est dans ce cadre qu’Henri Crevat entre en contact avec ce groupe et va dès 1941 être un militant actif. C’est sur son idée que fut mis en place dans la commune le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. C’est chez lui que furent organisées les réunions. Il a pris une part très active à l’organisation du front national, tout d’abord dans son département, le Vaucluse, et ensuite dans l’ensemble de la région lyonnaise et du Sud-Est. Mais après une vague d’arrestations au sein des FTP du Pertuis en septembre 1943, Crevat dut s’enfuir. Il avait été averti par le docteur Pons, d’Avignon, que la Milice allait l’arrêter le lendemain et un groupe l’a aider à déménager dans les nuit.
Il est récupéré à Montélimar par l’appareil du PCF et accompagné à Valence. Il remplace alors Curinier pour le secteur Drôme-Ardèche.
Il a ensuite joué un rôle particulièrement important pour le développement des Francs-tireurs et partisans français dans la Loire et la Haute-Loire.
Il devient responsable interrégional du Front national (FN) fin 1943 pour la région R6 (Auvergne). Bien que de santé délicate et handicapé par un pied bot, il a accompli sa mission avec sang-froid et audace affirme son dossier de Légion d’Honneur.
Il retourne dans sa ville au Pertuis à la Libération. Trois mois après, le 25 novembre 1944, survient l’explosion du château de la Simone à Pertuis où 31 membres d’une Compagnie de Résistants périrent dans ce qui était leur cantonnement. Les Résistants voulaient exécuter des collaborateurs en guise de représailles. Henri Crevat s’y est fermement opposé et a proposé plutôt que les coupables soient jugés. Finalement, une trentaine de collaborateurs connus dans le pays d’Aigues ont été arrêtés et emprisonnés dans la mairie de Pertuis. Quatre furent condamnés à mort, puis épargnés à l’exception d’un milicien pertuisien.

Le 20 mai 1945 il est élu maire sur la liste d’Union Républicaine Antifasciste opposée à la liste du socialiste Charles Lussy, député-maire d’avant la guerre. Henri Crevat est l’un des 3 candidats du PCF dans une liste comportant des candidats du FN, des radicaux-socialistes, de la CGT, des socialistes indépendants et de l’Union des Femmes françaises.
Il a pour premier adjoint le radical-socialiste Alphonse Cousin, maire sortant désigné en 1944 par le Comité de Libération tandis que le préfet avait désigné Jean Charvet. Il resta maire jusqu’à octobre 1947 date à laquelle Lussy reprend la mairie. Henri Crevat est alors à la tête d’une liste d’Union Républicaine et résistante et de Défense des intérêts communaux où l’appartenance politique des candidats n’apparaît plus. Il est à l’origine de la création du dispensaire d’hygiène sociale qui fonctionna alors à l’hôpital. Membre de l’Oeuvre des amis de l’enfance, il est l’un des donateurs qui ont permis l’acquisition de la colonie de vacances de la ville de Pertuis à Tréminis (Isère).
Après avoir été battu aux municipales de 1947, il fut pharmacien dans cette commune jusqu’à sa retraite en 1976.
Il a reçu le titre de Chevalier de la légion d’honneur en 1947. Une école primaire porte son nom au Pertuis depuis 1989.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article205054, notice CREVAT Henri-Louis [Pseudonymes dans la Résistance : Potard, Robert, Raymond] par Eric Panthou, version mise en ligne le 12 juillet 2018, dernière modification le 9 décembre 2020.

Par Eric Panthou

Sources : Lettre de Pierre Girardot à Alphonse Rozier, 5 juillet 1966 (archives privées Alphonse Rozier, Clermont-Ferrand).— Nomination à la Légion d’Honneur (Journal officiel, 1947).— Service Historique de la Défense : homologation FFI. Dossier GR 16 P 150758 (non consulté). Arch. municipales de Pertuis : Témoignage de M. Gaston Gilly (alias “Tonton”) sur la Résistance et le Maquis du Lubéron, 1991.— Arch. municipales de Pertuis : Fiche biographique sur Henri Crevat réalisée par Gisèle Sala, archiviste de la commune, 1998.— Témoignage oral du fils d’Henri Crevat auprès Isabelle Wangler, archiviste de la commune.— Jean-Jacques Dias, “Commémoration de « la Simone » -Pertuis”, consulté en ligne le 21 mai 2018 : http://pertuisien.fr/imeven/LaSimone.pdf

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