THIRARD Paul-Louis

Par Jean-Paul Salles

Né le 30 octobre 1932 à Lyon (Rhône), mort le 24 juin 2018 à 85 ans, à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). ; critique de cinéma, militant anticolonialiste, membre du PSU, de la Voie communiste puis de la LCR et du NPA.

Paul-Louis Thirard était né à Lyon dans une famille catholique. Il est mort le 24 juin 2018 à 85 ans, à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Journaliste, critique de cinéma, il fut une des figures de la revue de cinéma Positif créée en 1952. Il écrivit son premier article dans le numéro 13 de cette revue en 1955, il fut membre de son Comité de rédaction pendant plus de 50 ans, jusqu’au-delà de l’année 2000. Il écrivit des articles pour nombre d’autres revues ou périodiques : Les Cahiers de la Cinémathèque, Cinéma, Présence du Cinéma (1959-1967), Tribune socialiste, Partisans, Rouge, L’Anticapitaliste. Il interrompit sa collaboration avec Les Lettres françaises suite à un article défavorable de Positif sur Georges Sadoul*, article dont il ne voulut pas se désolidariser. Il fut un des animateurs de la revue Midi-Minuit fantastique (1962-1972), dont une réédition intégrale est parue en 2014. Passionné par l’italien, il se fit traducteur pour 1895, Revue d’histoire du cinéma. De même on lui doit la traduction de l’italien de contributions d’historiens italiens pour l’ouvrage collectif Histoire des jeunes en Occident, co-dirigé par les historiens Giovanni Levi et Jean-Claude Schmitt (Seuil, 1996). On lui doit aussi des ouvrages fondamentaux, écrits seul ou en collaboration, sur des réalisateurs italiens essentiels, Michelangelo Antonioni ou Luchino Visconti. Il consacra aussi de nombreux articles à Federico Fellini et s’employa à faire connaître le cinéaste polonais Andrzej Wajda. Dans ses articles mais aussi au Ciné-club Action à Paris, il fit connaître les documentaires militants de Chris Marker* notamment, de même que les films qui critiquaient la guerre menée par la France en Algérie de 1954 à 1962. Anticipant une posture qui allait devenir courante après 1968, il signa en 1962 un Manifeste pour un cinéma parallèle, de même que le texte Pour un cinéma hors-la-loi. Ayant accompagné Michèle Firk, ancienne élève de l’IDHEC et critique à la revue Positif, à La Havane en 1963, il rendit compte des premiers films réalisés dans le Cuba révolutionnaire.
Parallèlement à cette activité de critique de cinéma, Paul-Louis Thirard était également inspecteur des impôts et militant de la CGT. Militant du PSU dès sa création, il fut introduit dans le réseau Jeanson par Michèle Firk (1937-1968) dont il était très proche. Il fut donc « porteur de valises » et signa le Manifeste des 121 pour le droit à l’insoumission après sa parution. Après son expérience au PSU, il rejoignit le groupe La Voie communiste composé de dissidents du PC et de trotskystes. En 1975, avec Denis Berger* et 8 autres militants de La Voie communiste, il rendit publique son adhésion à la LCR (Voir Rouge n°310, 25 juillet 1975). De l’automne 1975 jusqu’aux derniers mois de l’année 2017, il donna à Rouge (hebdomadaire et quotidien) et aux titres qui lui succédèrent (Tout est à nous puis L’Anticapitaliste) de nombreuses critiques de films, animant avec constance et compétence les pages Culture de ces publications. Dans la revue Positif (n°528, février 2005), il rendit hommage, à l’occasion de son décès, à une autre critique de cinéma de Rouge, son amie et camarade Françoise Audé* (1938-2005). Il avait notamment co-écrit avec elle l’article « Jean Rochefort aux antipodes du héros positif », dans Positif n°528, février 2005.
À ses obsèques assistèrent de nombreuses personnalités du milieu du cinéma, des syndicalistes CGT, d’anciens militants de la LCR ou des militants du NPA et également l’ambassadeur d’Algérie. Dans sa nécrologie parue dans L’Anticapitaliste, ses camarades notent son humour, sa finesse et aussi ses connaissances encyclopédiques dont il a fait bénéficier ses lecteurs et ses camarades.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article205173, notice THIRARD Paul-Louis par Jean-Paul Salles, version mise en ligne le 19 juillet 2018, dernière modification le 19 juillet 2018.

Par Jean-Paul Salles

ŒUVRES : nombreuses traductions de l’italien au français. -Michelangelo Antonioni, Lyon, Serdoc, 1960. -avec Roger Tailleur, Antonioni, Éditions universitaires, 1963. -avec Alain Sanzio, Luchino Visconti, cinéaste, Ramsay, 1983 (puis Persona, 1984, Ramsay Poche, 1999). -Biographie d’Antonioni (1912-2007) dans Encyclopedia Universalis. -avec Michèle Firk, Jean Carta, Yann Le Masson, Manifeste pour un cinéma parallèle, mai-juin 1962. -Hommage à Michèle Firk, Positif, numéro spécial, hors-série, mars 1970. -Hommage à Françoise Audé, Positif, n°528, février 2005.

SOURCES : Paulo Antonio Paranagua, "Paul-Louis Thirard critique de cinéma", Le Monde, 29 juin 2018. — Paul-Louis Thirard, rubrique « Les Nôtres », in L’Anticapitaliste n°437, 5 juillet 2018, p.10. — Antoine de Baecque, « Michèle Firk, le cinéma version pasionaria », Libération, 29 octobre 2004.

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