CONSTANS [CONSTANT]

Par Jacques Girault

Mort le 4 septembre 1973 à Toulon (Var) ; militant socialiste du Var, maire de Carcès (Var).

Marié à La Celle (Var) en novembre 1919, fils du militant socialiste varois Joseph Constant*, Constant dut adhérer à la section socialiste de Carcès vers 1928. Il désapprouva l’attitude des élus socialistes minoritaires au conseil municipal qui avaient accepté de collaborer avec la majorité de droite. Resté à la SFIO après la scission de 1933, il fut à l’origine de la reconstitution rapide de la section. « Nous sommes soixante-dix », écrivait-il au secrétariat de la cellule communiste de Carcès, le 20 février 1934 et ajoutait, « l’union est faite, camarade, entre tous les travailleurs et de toutes tendances ». Il participait en mai 1934 au congrès fédéral de La Seyne et collaborait régulièrement au Populaire du Var, hebdomadaire de la Fédération SFIO dès sa création. Il y écrivait aussi de nombreux articles sur les rapports entre les paysans et le socialisme. On pouvait lire le 24 novembre 1934, « Ne considérons le bulletin de vote que comme moyen provisoire ; trop souvent, nous avons été dupes, le jour est proche où la révolution économique sera inévitable : à la violence nous répondrons par la violence, mais ce que personne ne doit ignorer, c’est que seul, le Socialisme est la sauvegarde de tous les travailleurs ». Il était, par le comité fédéral du Parti, en juillet 1935, chargé d’organiser une section socialiste à Cabasse. Président de la Libre Pensée de Carcès, Constant fut au centre de la préparation des élections municipales. Pourtant, selon certaines sources orales, il ne devait pas être le maire. Il faisait partie de la liste « d’action socialiste, républicaine et d’intérêts communaux ». Le 5 mai 1935, il arrivait en tête de cette liste avec 163 voix sur 612 inscrits. L’accord se fit alors avec les communistes et une liste « d’unité d’action antifasciste et d’intérêts communaux » comprenant douze socialistes et quatre communistes fut dirigée par Constant ; les autres candidats étaient classés alphabétiquement. Toutefois, le communiste Roux étant arrivé en deuxième position, devait être le premier adjoint. Constant fut élu avec 260 voix, mais arrivait seulement en deuxième position. Il devenait maire de Carcès, élu par 13 voix sur 16 votants (unanimité moins sa voix et celles des deux élus de droite).
Très vite pourtant, à la suite notamment du renvoi de l’employé de l’usine électrique pendant l’été de 1935, les communistes, les élus de droite, puis les deux adjoints « socialistes » s’opposèrent à lui ; le bureau municipal ne se réunissait plus. Chaud partisan de l’unité organique, Constant avait, contre l’avis d’une importante minorité dans la section socialiste, refusé l’élection d’un communiste parmi les délégués pour les élections sénatoriales.
Constant donnait alors son adhésion à la tendance de l’extrême gauche de la SFIO. La Gauche révolutionnaire, le 25 janvier 1936, publiait sa lettre d’adhésion « pour ranimer la flamme révolutionnaire, qui, peu à peu, tend à disparaître » ; pour lui, les récentes élections sénatoriales (des délégués socialistes avaient contribué au succès de deux sénateurs sortants, un radical, un « néo ») illustraient « toutes les duperies du Front populaire tel qu’il est conçu ». Autre indice de sa pensée politique, Constant proposa au nouveau directeur d’école, en octobre 1935, d’adhérer au Parti socialiste. Il aurait alors condamné fermement le « sectarisme » et le « stalinisme » du Parti communiste. Cet engagement personnel à l’extrême gauche du Parti n’eut pas de conséquences puisque dans aucun congrès fédéral les motions d’inspiration « pivertiste » reçurent un mandat de la section de Carcès. La direction fédérale, de tendance « blumiste », soutint complètement ses positions municipales.
Après la démission de ses opposants et leur réélection en janvier 1937, Constant proposa à l’ancien premier adjoint communiste Roux* de devenir maire. Celui-ci refusa, exigeant sa démission du poste de conseiller municipal.
Isolé, le 5 mai 1937, Constant démissionna en séance du conseil municipal : « ma pensée et ma reconnaissance vont vers nos organisations politiques qui ont montré, malgré une campagne équivoque et injuste contre moi, leur attachement et une énergie sans égale devant une coalition sans nom ». Il affirmait ne céder « à aucune voix ou pression venue du dehors, en pleine communion d’idées avec mon Parti » et souhaitait un « apaisement » pour « éviter le pire, barrer la route à nos ennemis de classe ». Il semble que le préfet ait refusé cette démission, puisque, bien que le conseil municipal ne soit plus réuni, pendant onze mois, Constant signait les actes. La dissolution n’intervint qu’en février 1938.
Constant représentait la section de Carcès aux congrès fédéraux de la SFIO de Draguignan, le 24 janvier 1938, et de La Seyne, le 22 mai 1938. Il aurait eu l’intention de quitter Carcès et aurait demandé à être embauché à l’Arsenal maritime de Toulon. Il entra aux Dames de France à Toulon comme manutentionnaire le 1er mars 1938 et y demeura jusqu’au 30 août 1939, date à laquelle il fut mobilisé.
Après la guerre, Constant tint un commerce de vins à Marseille. En 1952, il se retira à Besse (Var). Il écrivit alors à plusieurs reprises à Jean Charlot*, secrétaire de la Fédération SFIO. Il affirmait de grandes sympathies pour le Parti et devait sans doute être toujours adhérent. En mars 1953, il notait : « Je fais beaucoup moins de politique active, néanmoins après tant d’années au Parti, comment pourrai-je rester totalement inactif. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20530, notice CONSTANS [CONSTANT] par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 7.32.1 ; 2 M 7.35.1 ; 4 M 50 ; 1 Z 2.2 ; papiers V. Roux. — Arch. com. Carcès. — Arch. J. Charlot (CRHMSS). — Renseignements fournis par la Société anonyme Paris-France. — Presse locale. — Sources orales. — Témoignage de J. Toesca et de M. Autran.

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