CONSTANS Hélène [née NOWEE Ellen, dite]

Par Dominique Danthieux, Jacques Girault

Née le 11 février 1930 à Arnhem (Pays-Bas), morte le 16 février 2007 à La Rochelle (Charente-Maritime) ; professeure ; militante communiste de Haute-Vienne, membre du comité central du PCF (1976-1985) ; adjointe au maire de Limoges (1977-1992), conseillère générale du canton de Limoges-Le Palais (1979-1985), députée de la Haute-Vienne (1973-1981).

D’origine hollandaise, Ellen Nowee arriva en France en novembre 1937. Son père, de tendances anarchistes, militant associatif et pacifiste aux Pays-Bas (1920-1937), adhérant au mouvement espérantiste, à la Ligue antialcoolique, maraîcher, émigra avec sa famille en 1937. Ouvrier agricole, il devint métayer entre 1938 et 1941 à Valence d’Agen (Tarn-et-Garonne) puis jardinier à Montauban de 1941 à 1946. Son épouse devint femme de ménage. Ellen Nowee fut naturalisée en septembre 1949.

Après de bonnes études secondaires, Ellen Nowee entra à la Faculté des Lettres de Toulouse. Obligée de travailler pendant ses études (vendanges, leçons particulières), elle militait à l’Union nationale des étudiants de France, adhéra au Parti communiste français en 1951 et à l’Union de la Jeunesse républicaine de France. Elle participa notamment au festival de la Jeunesse à Varsovie en 1955.

Ellen Nowee, qui avait réussi au CAPES puis au concours de l’agrégation de grammaire, devint en 1955 professeur agrégée de lettres classiques au lycée Léonard Limosin de Limoges.

Ellen Nowee épousa au début des années 1960 Raymond Constans, employé, devenu journaliste, membre du bureau puis du secrétariat de la fédération communiste de Haute-Vienne à partir de 1964, premier secrétaire à partir de 1968. Ils eurent une fille qui s’ajouta aux trois enfants de Constans, issus d’un premier mariage.

Depuis 1967, au Collège universitaire de Limoges puis à l’Université de Limoges, assistante puis maître-assistante, Ellen Constans soutint sa thèse de doctorat d’État à l’Université de Paris IV en 1976 sous le titre Les problèmes de la condition féminine dans l’œuvre de Stendhal et termina sa carrière comme professeur de lettres à l’Université de Limoges. Elle y créa avec Jean-Claude Vareille et Roger Mathé un Centre de recherches sur les littératures populaires en 1982 qui organisa trois colloques sur la littérature populaire et le roman sentimental dont les actes furent publiés entre 1986 et 1991. Elle enseigna pendant un trimestre en 1987 à l’Université de Nankin (Chine). Retraitée, elle obtint l’éméritat.

Ellen Constans militait dans le Syndicat national de l’enseignement secondaire depuis 1955 comme membre du bureau départemental à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Responsable du Cercle laïque culturel du Limousin au début des années 1960, elle était aussi membre du conseil d’administration départemental de la Fédération des conseils de parents d’élèves (1961-1968).

Membre du comité national (1956-1958) de l’Union des Jeunes filles de France, secrétaire fédérale puis du conseil national de l’Union des femmes françaises, Ellen Constans fit partie de la commission fédérale de contrôle financier du PCF à partir de 1956, puis du comité fédéral en 1957, enfin du bureau fédéral de 1959 à 1987. Elle suivit les cours de l’école centrale d’un mois du PCF en 1959. Responsable des questions laïques et de l’enseignement, puis de l’éducation, à la fin des années 1960, elle fut la responsable du travail en direction des femmes. Réélue au comité fédéral en 1985, elle en démissionna en 1987. Elle devint membre suppléante du comité central du PCF en 1976, titulaire en 1979, elle ne fut pas réélue en 1985.

Ellen Constans, candidate en 1967 aux élections législatives dans la première circonscription (Limoges-Est, Nord et Sud), obtint 19 999 voix sur 79 697 inscrits et se désista pour le candidat socialiste. La même situation se reproduisit en 1968, elle obtenait 17 377 voix sur 79 193 inscrits. En 1973, le député sortant socialiste ne se représentait pas. Elle arrivait cette fois en tête avec 19 424 voix sur 77 205 inscrits et était élue au deuxième tour avec 33605 voix, sans recevoir la totalité des voix de gauche. Elle conserva son siège en 1978 de la même façon (23 584 voix sur 83 516 inscrits, puis 39 433 voix). En 1981, elle cédait le siège au candidat socialiste qui la devançait au premier tour.

Ellen Constans avait été candidate au Conseil général dans le canton Ouest de Limoges en 1964, en 1970 (5110 voix, 3eme position). Elle fut élue conseillère générale dans le canton de Limoges-Le Palais en 1973 (1989 voix au premier tour 1er, 2 772 voix au deuxième) et conserva son siège en 1979. Vice-présidente du Conseil général, en 1985, lors du renouvellement, avec 1 818 voix, elle était devancée par le candidat socialiste et se désistait. Elle siégea au Conseil régional du Limousin (1986-1992) et en fut la vice-présidente.

Ellen Constans, candidate aux élections municipales sur la liste communiste en 1965, élue conseillère municipale de Limoges en 1977 sur la liste d’union de la gauche, devint deuxième adjointe au maire. Elle conserva le poste d’adjoint au maire après les élections municipales de 1983. Elle occupa sans discontinuité la délégation d’adjointe à la culture.

À partir du milieu des années 1980, Ellen Constans participa à diverses contestations de la direction du PCF avec ses camarades de la Haute-Vienne. Aux côtés de Marcel Rigout, elle fut une des dirigeantes de l’Association pour la démocratie et le socialisme "recherchant une meilleure adéquation des luttes politiques progressistes avec l’époque actuelle". Elle quitta le Parti communiste en 1991.

Ellen Constans se consacra à partir des années 1990 à son activité universitaire orientée vers l’étude de la littérature populaire. Elle participa à plusieurs colloques ou publications collectives et rédigea deux essais de synthèse. Elle présenta aux éditions Flammarion, en 1997, l’ouvrage de Paul Féval, Le Bossu.

Avec son mari, elle se retira dans l’île d’Oléron. L’Humanité du 20 février 2007 lui consacrait un long article en annonçant ses obsèques au crématorium de Landouge (Haute-Vienne). L’article indiquait notamment qu’après son départ du PCF, elle ne l’avait jamais attaqué « publiquement ».

Un fonds Hélène Constans a été déposé à la Bibliothèque de l’Université de Limoges.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20531, notice CONSTANS Hélène [née NOWEE Ellen, dite] par Dominique Danthieux, Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 12 août 2021.

Par Dominique Danthieux, Jacques Girault

ŒUVRE : Crime et châtiment dans le roman populaire de langue française du XIXe siècle (sous la direction de Jean-Claude Vareille et d’Ellen Constans), Limoges, PULIM, 1994. — Parlez-moi d’amour ! Le roman sentimental des romans grecs aux collections de l’an 2000, Limoges, PULIM, 1999. — Ouvrières des lettres, Limoges, Pulim, coll. Médiatextes, 2007.

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Presse locale et nationale. — Documentation fournie par Loïc Artiaga. — Renseignements fournis par Raymond Constans, Jacques Migozzi et Robert Rolland.

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