VIDALIE Pierre, Jean

Par Dominique Tantin

Né le 21 novembre 1894 à Saint-Pardoux-l’Ortigier (Corrèze), massacré le 30 mars 1944 à Villac (Dordogne) ; exploitant agricole ; homologué résistant.

Pierre Vidalie était le fils de Pierre Vidalie, alors âgé de 38 ans, et de son épouse Antoinette née Buge, âgée de 28 ans, cultivateurs.
Mobilisé pendant la Grande Guerre, il fut incorporé au 63e RI à compter du 26 août 1916, puis au 7e Régiment de Tirailleurs le 15 octobre 1916 et enfin au 11e Régiment de Marche de Tirailleurs algériens le 17 janvier 1918. Le 20 juillet 1918, à Tigny (Aisne), il fut blessé à la main gauche par un éclat d’obus. Il obtint deux citations, la première du 2 août 1918 à l’ordre du Régiment : « Agent de liaison, a assuré le service de liaison avec un complet mépris du danger sous un bombardement des plus violents et sous des mitrailleuses. A été blessé » et la seconde du 25 novembre 1918 à l’ordre de la Division : « Brave agent de liaison, a assuré son service avec un complet mépris du danger au cours de l’attaque du 30 octobre 1918. » Décoré de la Croix de Guerre, il fut promu caporal le 1er mars 1919.
Après sa démobilisation le 14 août 1919, il revint en Corrèze, à Sainte-Féréole, où il épousa Marguerite Larue le 1er mai 1920. Le couple vécut à Donzenac à partir de 1925, puis s’établit à Villac en décembre 1932 où il s’occupa d’une exploitation agricole. En 1944, Pierre Vidalie était veuf.
Pierre Vidalie fut mobilisé de nouveau en 1939-1940 mais sans être envoyé au front. Il fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département.
Le 30 mars, un détachement de la division Brehmer, une quarantaine d’hommes transportés dans deux camions, investit la commune de Villac, limitrophe du département de Corrèze. Cet endroit très retiré, difficile d’accès, servait à l’occasion de cantonnement à un groupe de maquisards corréziens. Les jours précédents, les habitants virent des inconnus parcourir les alentours. C’est sans doute sur indications et guidés par des collaborateurs que les Allemands purent intervenir.
Un maquisard corrézien, Jean Leymarie, fut abattu au cours de l’opération. Les habitants furent rassemblés, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Quatre d’entre eux furent arrêtés puis interrogés ; avaient-ils été dénoncés ? Il s’agissait de trois cultivateurs de Dagnac Haut, Louis Delord,, 23 ans, Pierre Jean Vidalie, 50 ans, René Mazaudois, 39 ans, notaire devenu exploitant agricole, homologué résistant, et d’un habitant de Dagnac Bas, André Pommarel, 39 ans, également cultivateur, de passage dans le hameau.
Vers 17h, ils furent alignés face au mur dans la cour de la ferme Larue puis exécutés mais sans recevoir de coup de grâce. André Pommarel, bien que gravement blessé, survécut et publia en 1945 avec René Delmas, instituteur, un récit du massacre (cf. sources). Ils furent tous homologués internés résistants.
Le hameau fut pillé et incendié.
Pierre Vidalie obtint la mention Mort pour la France, inscrite le 5 novembre 1945 sur son acte de décès.
Les fusillés furent homologués résistants. Leurs noms sont inscrits sur le monument aux Morts communal. Une stèle commémorative fut érigée à l’entrée du village de Dagnac et tous les ans le dimanche de la journée de la déportation (fin avril), une cérémonie a lieu (messe, recueillement au monument aux morts, sur la tombe des fusillés, à la stèle de Dagnac). Elle est fleurie toute l’année.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article205357, notice VIDALIE Pierre, Jean par Dominique Tantin, version mise en ligne le 27 juillet 2018, dernière modification le 3 mars 2022.

Par Dominique Tantin

SOURCES : Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 593158 (à consulter). — Service historique de la Défense, Caen SHD/ AVCC, AC 21 P 688471 (à consulter). — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 228-230, 404. — Paul Mons, La folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Dordogne-Corrèze, Haute-Vienne, Brive-la-Gaillarde, Éditions Les Monédières, 2016, p. 136-137. — J’ai été fusillé le 30 mars 1944 : à Dagnac, commune de Villac, canton de Terrasson, Dordogne, Récit d’André Pommarel, rapporté par René Delmas, Terrasson, R. Delmas, 1945, et sur ego.1939-1945.crhq.cnrs. — Mémoire des Hommes. — Arch. Dép. Corrèze, acte de naissance et registre matricule en ligne. — Acte de décès communiqué par la Mairie de Villac.

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