EMAER Paul

Par Claude Pennetier

Né le 12 mars 1913 à Roubaix (Nord), mort accidentellement le 22 novembre 1952 à Roubaix , militant de la JOC. ; ouvrier du textile ; permanent de la CFTC.

Famille Emaer
Famille Emaer
Blanche, Blanchette, Jules fils, Paul et au fond Jules père.

Son père Jules Emaer, travaillait comme ouvrier mouleur dans la métallurgie et manifestait des opinions anarcho-syndicalistes. Marié à Blanche Crépin, le couple eut trois enfants, deux garçons et une fille (Jules, Paul, Blanche). L’aîné de ses fils, Jules, fédéral de la JOC, fut tué à l’ennemi en 1940 à Condé-sur-Suippes (Aisne). Le cadet, Paul, également fédéral de la JOC puis permanent à la CFTC en 1939 .
Veuf en 1918, son père se remaria et lorsque les enfants commencèrent à travailler, il partit à Paris avec sa nouvelle femme et sa fille, Blanche. Les deux garçons furent pris en charge par des voisines très religieuses d’où leur engament à la JOC.
Fiancé en 1932 avec Céleste Valenti, Paul Emaer ne l’épousa que cinq ans plus tard, en 1937, car le Père Piat, aumônier de la JOC lui avait dit : « Tu dois 5 ans à la JOC avant de te marier ».
Il était bâcleux (pousseur de bacs lourds dans lesquels les tisseurs déposaient les pièces de tissus terminées) puis il travailla à la cuisson dans une biscuiterie coopérative, L’Union.C’est là qu’il rencontra Céleste. Après son service militaire en 1933 à Metz, il entra chez Pennel et Flipo, une entreprise textile qui fabriquait des tissus enduits de caoutchouc. Pendant les grèves de 1936, il y créa un syndicat CFTC dans un bastion CGT. L’Union locale des syndicats libres de Roubaix Tourcoing (CFTC) l’embaucha ensuite, comme permanent, pour faire la tournée des entreprises, recevoir les cotisations, donner les timbres mensuels et fournir les informations syndicales.
Paut Emaer fut fait prisonnier sur la ligne Maginot et passa cinq ans en camp. C’est là qu’il obtint son Certificat d’études primaire.
Après son retour d’Allemagne, il devint secrétaire permanent du syndicat CFTC de Roubaix. Il était notamment chargé des accidents du travail. Le 22 novembre 1952, après avoir présidé une réunion du syndicat, alors qu’il rentrait chez lui en mobylette, il mourut, victime d’un accident de la circulation au carrefour de la rue du Fort et de la rue du Collège à Roubaix. Il laissait une veuve et trois enfants de 14 (Michel), 12 (Paul) et 6 ans.

Son fils, Paul, né le 31 janvier 1940 à Roubaix, prêtre ouvrier, militant communiste, conseiller municipal de Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), était permanent à la Confédération syndicale des familles. Il avait voulu être prêtre dès l’âge de douze ans et de ce fait fut le seul de sa famille (cousins et cousines compris) à faire des études. Il écrit en 2018 :
« Le premier résultat c’est une profonde coupure avec ma famille, j’étais culturellement parlant un étranger, et ce phénomène s’est renforcé par le décès de mon père, pour moi dès ce moment j’ai su que ma vie de famille était finie, définitivement, finie, et tous les choix que j’ai fait par la suite , je les ai pris tout seul, au mieux j’informais ma mère de ce que j’avais décidé. Ainsi mon entrée chez les OMI [Oblats de Marie-Immaculée]. Le concile que nous avons vécu intensément avec beaucoup d’espoir assez vite déçu nous a profondément marqué. Missionnaire, j’ai demandé à rester en France surtout à cause du lien flagrant entre les missions étrangères et le colonialisme et j’avais été frappé par le conseil de Dom Helder Camara : évangélisez d’abord chez vous !
En 1968, j’étais en stage à Paris, puis à Arras où je suis devenu PO [prêtre ouvrier] en avril 1969, puis en région parisienne en 1971. En 1972 j’ai fait une FPA [formation professionnelle pour adultes] pour apprendre le métier de tourneur :" un bon ouvrier se doit d’avoir un métier" disait mon père ! Très vite j’ai vu que l’action syndicale n’était pas suffisante, j’ai été délégué du personnel dans plusieurs entreprises, et j’ai appris que sans un collectif solide on ne peut rien faire et que pour "changer la vie" il fallait agir au plan politique.
D’où mon engagement au PCF au moment du programme commun car pour moi il était évident que l’union de la gauche était indispensable pour arriver à un résultat. Aux élections municipales de 1977 je suis devenu conseiller municipal PCF au Blanc-Mesnil en Seine-Saint Denis. J’ai refusé à l’époque que le Parti utilise le fait que j’étais PO pour sa propagande, ce qui a été respecté. À l époque j’ai eu quelques soucis avec l’évêque de Saint-Denis, mais je lui ai fait remarquer que je n’avais aucune fonction ecclésiale et il m’a laissé tranquille. En 1980 je suis devenu permanent à la CSF [Confédération syndicale des familles]. C’est à ce titre que j’ai eu quelques mandats à Bruxelles comme membre du Conseil consultatif des Consommateurs, à Paris comme membre du Conseil National de la Consommation, puis membre du Conseil d’administration de La Poste pendant 3 mandats.[...] Au moment du traité de Maastricht, j’ai fait partie d’un collectif appelant à voter "pour" avec le PS, ce qui m’a valu mon exclusion du PC sans tambour ni trompette. L’époque n’était plus aux excommunications ! Quant à l’Église, même punition mais motif différent : j’ai osé exprimer des doutes. »
Sa devise était Dubito ergo sum : je doute donc je suis !
Il avait fait deux mandats en tant qu’élu au Blanc-Mesnil, de 1977 à 1983, puis de 1983 à 1989. En 1977, la municipalité était "union de la gauche"
à majorité communiste avec des élus PS, PSU et 1 radical de gauche.
Paul Emaer junior prit sa retraite en juillet 2000. Il s’installadans un petit village normand où il fit trois mandats de maire-adjoint.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article205367, notice EMAER Paul par Claude Pennetier, version mise en ligne le 28 juillet 2018, dernière modification le 3 juillet 2020.

Par Claude Pennetier

Famille Emaer
Famille Emaer
Blanche, Blanchette, Jules fils, Paul et au fond Jules père.
Photo de l'équipe JOC de Notre-Dame à Roubaix vers 1928. Paul Emaer est le 1er à gauche debout, Jules est le 4e sur le même rang en partant de la gauche
Photo de l’équipe JOC de Notre-Dame à Roubaix vers 1928. Paul Emaer est le 1er à gauche debout, Jules est le 4e sur le même rang en partant de la gauche

SOURCES : Renseignements et photos communiqués par Paul Emaer, junior, juillet 2018.

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