PATRIARCA Noël [pseudonymes dans la résistance : Pierre, Pierrot]

Par Michelle Destour

Né le 24 décembre 1924 à Rive-de-Gier (Loire), mort au combat le 17 juillet 1944 à Chabreloche (Puy-de-Dôme) ; chaudronnier ; militant communiste ; résistant, soldat du 312e Bataillon des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF), chef de la « Brigade Spéciale » du camp Wodli en Haute-Loire.

Fils de Jean-Baptiste Patriarca, briquetier et de Antonia Proia son épouse, tous deux originaires de Fontana Liri (Italie) et domiciliés à Rive-de-Gier, rue du Marthoret, Noël Patriarca était célibataire.

Le 28 août 1943 à Rive-de-Gier, Noël Patriarca, Pierre Espinozza, Jean et Dominique Martinez, jeunes militants communistes, furent appréhendés lors d’une diffusion de tracts et conduits au commissariat pour un interrogatoire musclé. Le lendemain, prévenus d’activité communiste, les trois premiers furent incarcérés à la prison de Bellevue à Saint-Étienne (Loire) où séjournaient quelques 80 autres prisonniers. Ils y occupèrent la cellule voisine de celle de Giovanni Sosso* dit Capitaine Jean, responsable interrégional des FTPF. Dans la nuit du 26 au 27 septembre 1943, 32 hommes désignés par Sosso et Henri Hutinet, s’évadaient de la geôle stéphanoise grâce à l’action conjuguée des principaux réseaux ligériens de résistance : le groupe Buckmaster-Ange, le réseau Mithridate, les FTP et le groupe 93 de Violette Maurice. Cooptés pour l’évasion, les trois ripagériens gagnèrent aussitôt la Haute-Loire et le camp Wodli au lieu-dit « Raffy » à Queyrières près d’Yssingeaux.

La décision d’un maquis en Haute-Loire avait été prise par Sosso en décembre 1942 mais ce n’est que le 25 mars 1943 que les premiers résistants s’installèrent près de Saint-Préjet-d’Allier (Haute-Loire) sous la responsabilité d’Alain Joubert. La combativité de ses troupes, la répression et la chasse à l’homme qui en découlèrent, rendirent extrême la mobilité du camp. Le Wodli couvrit bientôt un espace supérieur au département avec des débordements sur les monts du Vivarais et l’Ardèche. Après le 15 mai 1944, son chef le plus prestigieux, Théo Vial dit Massat, flanqué de plusieurs adjoints, en assurait le commandement depuis La Chaise-Dieu (Haute-Loire). Les effectifs, d’une dizaine au départ, s’étoffèrent avec les évasions des prisons du Puy-en-Velay (Haute-Loire) et de Saint-Étienne et l’arrivée d’un détachement d’Espagnols de la MOI. Les défections furent cependant nombreuses, eu égard aux rigueurs de l’hiver. Certaines sources avancent le chiffre de 200 hommes en mai 1944, une unité de combattants du Mont Mouchet (Lozère) les rejoignit en juin 1944 ; en août environ 600 hommes étaient sur le terrain, 75% étaient originaires du département de la Loire. Sa vocation était celle du combat et les heurts avec des unités allemandes, la Milice et les Groupes Mobiles de Réserve (GMR) furent multiples. Les manquements à la discipline y furent sévèrement réprimés. Pierrot et ses camarades y prirent largement leur part.

Le 2 octobre 1943, après leur évasion de la prison du Puy, une soixantaine de détenus prirent la direction de Raffy. Il s’agissait principalement de militants communistes qui allaient fournir les cadres de différents maquis. Parmi les évadés, également cinq trotskystes dont quatre furent exécutés au maquis dans la deuxième quinzaine d’octobre 1944 : Pietro Tresso, Pierre Salini, Abram Sadek et Jean Reboul, exécutions vraisemblablement commandées par Giovanni Sosso et dont Noël Patriarca et ses camarades ripagériens, présents sur les lieux, furent au moins informés.

Le nomadisme s’imposait le plus souvent, même en hiver. En avril 1944, Noël Patriarca fut rejoint à Raffy par d’autres amis de Rive-de-Gier : Bernard Capuano qui devint intendant du camp, Joseph Joly et Georges Bajard. En mai 1944, le camp installé entre Paulhaguet et La Chaise-Dieu harcelait la Milice, les GMR et des collaborateurs. Le 21 juin, à Brioude, les résistants conduits par Théo Vial attaquèrent la garnison allemande et s’opposèrent avec force aux renforts ennemis.

En juillet 1944, Vial dut s’éloigner pour d’autres responsabilités et l’État-major FTP lui désigna un remplaçant, originaire de Paris. Sur place, ce dernier se serait livré à des exactions, pillant les fermes alentours. Condamné par le maquis, il fut décidé de le fusiller dans le hameau de Trabesson sur la commune de Montclard (Haute-Loire) où les faits se seraient déroulés. Mais il avait quitté le Wodli et se trouvait, peut-être sur ordre des responsables régionaux, au maquis Vaillant-Couturier à Chabreloche (Puy-de-Dôme). Noël Patriarca, chef de la brigade spéciale de Wodli, fut chargé de le récupérer. Deux tractions quittèrent le camp pour les quelques 90 kilomètres qui séparaient les lieux. À l’approche de Chabreloche, les voitures furent prises sous le feu nourri d’un barrage de GMR vraisemblablement alertés. Pierrot fut tué sur le coup et deux autres gars furent blessés. Les maquisards firent demi-tour jusqu’à Craponne-sur-Arzon (Haute-Loire) où ils savaient qu’ils seraient soignés. Le lendemain, le décès de Noël Patriarca, fut déclaré et enregistré dans cette commune.

L’État-civil de Rive-de-Gier, dans une transcription du 12 décembre 1956, reprend les termes de l’acte de décès dressé le 18 août 1944 à Craponne. Sur le site Mémoire des Hommes, à la notice qui le concerne, figure la mention « Tué au combat » à Chabreloche le 17 juillet 1944, ce qui est avéré par le témoignage de ses camarades qui ont ramené son corps jusqu’à Craponne-sur-Arzon.

Noël Patriarca est Mort Pour La France. Il a été homologué FFI. Son nom figure sur le Monument aux Morts de Rive-de-Gier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article205399, notice PATRIARCA Noël [pseudonymes dans la résistance : Pierre, Pierrot] par Michelle Destour, version mise en ligne le 31 juillet 2018, dernière modification le 19 février 2022.

Par Michelle Destour

SOURCES : AVCC : AC 21 P 126663. Dossier Noël patriarcat (non consulté) .— SHD Vincennes : GR 16 P 460600. Dossier Noël patriarcat (non consulté) .— Pierre Broué, Raymond Vacheron, Meurtres au Maquis, Ed Grasset, février 1997 – René Gentgen, Résistance Loire, Ed Esperluette, 1993 – Michelle Destour, Rive-de-Gier 1939-1945, une ville ouvrière dans la guerre, Ed Sutton, 2013. — Bernard Capuano, Itinéraire d’un enfant de Rive-de-Gier dans la Résistance, document de l’Amicale des Anciens Résistants et Amis, Secteur Gier, 2012. - Site Mémoire des Hommes. — État-Civil, Rive-de-Gier (Loire).

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