UNTERNÄHRER Yolande Elsa Maria, épouse BEEKMAN [alias Mariette, Kilt, Yvonne de Chauvigny, Palmist]

Par Frédéric Stévenot

Née le 28 octobre 1911 à Paris (Seine), exécutée le 13 septembre 1944 à Dachau (All.) ; Britannique ; lieutenant SOE section F (réseau Musician).

Yolande Elsa Maria était née à Paris en 1911 (28 octobre ou 7 novembre) de Michelangelo Mercurio, Italien (1872-1953), et de Berthe Lydie Unternährer (1889-1956), Suisse, mais née à Bruxelles. Berthe ne put jamais épouser le père de ses enfants malgré plus de 40 ans de vie commune, car il était déjà marié religieusement en Italie et ne pouvait divorcer. Yolande était l’aînée de 6 enfants, dont deux moururent en bas âge (Henri, 1913, décédé à 5 ans et Micheline, 1918, décédée à 2 ans). Trois sœurs vinrent après elle : Diana Monica Maria (1916-2011), Theodora Flora Tosca (1920-2015) et Sonia Regina Jacqueline (1922-2010). La famille déménagea à plusieurs reprises, vivant en Suisse, en Italie, en France et en Angleterre. Enfant, elle fut élevée à Londres et en Suisse.
Elle s’engagea dans le Women’s Auxilliary Air Force en 1941, et fut formée à l’utilisation de la radio. Le 15 février 1943, elle fut recrutée au sein de la section française du SOE (matricule 9902), section Officer, comme opératrice radio. Dans la nuit du 17 au 18 septembre 1943, elle fut transportée en France par un Westland Lysander (opération Millner), près d’Angers (Maine-et-Loire). Là, elle opéra dans la région de Saint-Quentin (Aisne) pour Gustave Bieler (alias Guy), membre canadien du SOE qui avait créé et qui dirigeait le réseau Musician . À Saint-Quentin, Yolande Beekman fut hébergée un temps avenue de la République par Marthe Lefèvre , puis, au début d’octobre, rue Baudelaire chez Camille Boury qui travaillait alors à la pharmacie Corteel. Elle logea également rue de La Fère chez Odette Gobeaux, employée dans la même pharmacie. Yolande Beekman travaillait avec un poste émetteur fixe et sans garde du corps, contrairement aux pratiques en usage, ce qui l’exposait aux recherches des équipes de détection allemandes.
Gustave Bieler et elle passèrent la nuit de Noël 1943 chez Camille Boury. La semaine suivante, une voiture de détection fut aperçue circulant devant la maison. Le 12 janvier 1944, Camille Boury remarqua un homme marcha dans la rue, avec des écouteurs.
Yolande Beekman se réfugia en dehors de Saint-Quentin, à Omissy (Aisne), au café du Moulin brûlé, le long du canal. Gustave Bieler la rejoignit le lendemain pour envisager un nouveau point de chute, mais deux hommes de la Sipo-SD surgirent et les arrêtèrent.
Séparée de Gustave Bieler (ultérieurement déporté au camp de Flössenburg où il fut exécuté le 5 septembre 1944), Yolande Beekman fut internée à la prison de Saint-Quentin , puis à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), pour y être interrogée et torturée ; elle ne parla pas. Le 12 mai 1944, elle fut extraite de sa cellule avec sept autres agents féminines du SOE pour être emmenée au siège du SD, avenue Foch (Paris, XVIe arr.). Elles furent ensuite conduites à la gare de l’Est, et déportées vers l’Allemagne par le convoi I.217. Celui-ci comprenait vingt-et-une femmes, qui furent pour la plupart exécutées soit à Dachau, soit au camp de Natzweiler. Yolande Beekman fut d’abord incarcérée à la prison de Karlsruhe. Le témoignage d’Hedwig Müller, infirmière emprisonnée comme elle, indiqua qu’elle resta dans sa cellule, ses jambes la faisant souffrir terriblement. Ses compagnes étaient Annie Hagen (arrêtée pour marché noir), Elise Johe (témoin de Jehovah) et Clara Frank (arrêtée pour avoir abattu une vache sans permission).
Le 12 septembre 1944, un agent de la Gestapo, Max Wassmer, fut chargé de transférer Yolande Beekman à Dachau, avec la Française Madeleine Damerment (née le 11 novembre 1917 à Tortefontaine, Pas-de-Calais), et les Britanniques Noort Inayat Khan et Eliane Plewman. La sentence de mort leur fut annoncée dans la nuit. Le lendemain, les quatre femmes agenouillées furent abattues d’une balle dans la nuque par deux SS.
Yolande Beekman obtint à titre posthume la Croix de guerre avec étoile de vermeil , et elle fut MiD (Mentioned in dispatches).
Le nom de Yolande Beekman figure sur la plaque commémorative apposée sur la façade du café du Moulin brûlé, à Omissy (Aisne), et sur le mémorial de Valençay (Indre) dédié aux cent quatre agents de la section F du SOE morts pendant la Seconde guerre mondiale. La mémoire de Yolande Beekman est honorée au Royaume-Uni.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article205590, notice UNTERNÄHRER Yolande Elsa Maria, épouse BEEKMAN [alias Mariette, Kilt, Yvonne de Chauvigny, Palmist] par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 6 août 2018, dernière modification le 1er septembre 2021.

Par Frédéric Stévenot

Y. Beekman, WAAF
Y. Beekman, WAAF

SOURCES. Site Internet Mémoire des Hommes. — Mémorial GenWeb. — art. de la Wikipedia britannique (complété par l’article en français). — Informations communiquées par Jean-Pierre Duhard (juin 2020). — FMD.

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