DECOTTIGNIES Alfred

Par Gilles Morin

Né le 29 mai 1900 à Croix-du-Nord (Nord), mort le 17 juillet 1960 à Lagny (Seine-et-Marne) ; métallurgiste, puis gérant de café ; militant syndicaliste, communiste puis socialiste parisien ; collaborationniste durant l’Occupation, chef des inspecteurs du COSI (comité ouvrier de secours immédiats) et chef de la section du RNP du XXe arrondissement.

Fils de Joseph, apprêteur, et de Léonie Decottignies, Alfred Decottignies a épousé Georgette Trinchard le 3 mai 1921, avec laquelle il a eu un enfant. En 1928, elle était décolleteuse et travaillait dans la même entreprise. Divorcé, il s’est remarié le 23 octobre 1939 avec Justine Mauriac, née le 13 février 1897 à Le Vigéan (Cantal), caissière.
Muni d’une instruction primaire, après avoir travaillé comme apprenti dans son pays, Alfred Decottignies entre en apprentissage à 11 ans. Il arriva à Paris à l’âge de 17 ans, acheva son apprentissage et s’engagea à 18 ans. Il a été démobilisé en 1923. Il travailla ensuite comme métallurgiste dans le XXe arr., puis géra un café avec sa femme, successivement à Levallois-Perret, Choisy-le-Roi, puis rue du Dragon dans le 6e. En juin 1939, il redevint métallurgiste (décolleteur), jusqu’en janvier 1940, date à laquelle il fut démobilisé comme affecté spécial et fut versé à la DCA jusqu’en juin 1940.
Militant du 2e rayon du Parti communiste, Alfred Decottignies fut arrêté le 30 avril 1928, alors qu’il vendait et diffusait l’organe communiste Le Travailleur.
Il quitta ce parti en 1932 pour adhérer à la SFIO où il militait à la section du XXe. Il y fit la connaissance de Marcel Déat*, député du secteur. Il était un militant syndicaliste, membre de l’Union syndicale unitaire des travailleurs de la métallurgie, voiture-aviation, maréchalerie et parties similaires. En 1934, il était vice-président de l’Association Jeunesse sportive ouvrière du XXe.
Mobilisé en janvier 1940, il fut de nouveau affecté spécial en mai suivant. Il quitta son emploi en juin 1940 et resta environ un an sans travailler. Il résidait à Paris, 7 rue de Navarin, puis à partir de janvier 1939, 1 avenue de la Porte de Montreuil, XXe.
Adhérent du RNP le 15 février 1941, présenté par Marcel Déat, il se disait membre du syndicat des débitants de vins. Il fut chef de la Légion du RNP en janvier 1942.
Le 3 septembre 1941, il entra comme manœuvre au Secours national mais en fut licencié en février suivant pour avoir fait de la propagande intense en faveur du Rassemblement national populaire (RNP). Il semble avoir menacé des collègues qui ne partageaient par ses opinions. Il entra alors en mai 1942 comme inspecteur au COSI, lors de sa création en mars 1942, jusqu’en juillet 1944. Il circulait dans la région du Nord, constituant des comités locaux et distribuant des fonds. Puis, en juin ou juillet 1943, à la suite du renvoi de Jean Brunet, Mesnard lui proposa l’emploi de chef des inspecteurs. Il obtint une carte officielle d’identité au nom du COSI en novembre 1943. Inspecteur de l’organisation, il avait pour mission de se rendre sur les lieux des bombardements pour y organiser la distribution des secours urgents. En juin 1943, il fut promu chef de service, ayant sous ses ordres plusieurs inspecteurs. Son salaire était de 4600 francs par mois, puis à la fin de l’Occupation de 8000 francs.
Le 27 octobre 1941 Albert Decottignies fit l’objet d’une procédure émanant du commissariat du quartier de Charonne pour détention d’armes.
Le 6 novembre 1944, Decottignies fut arrêté par le commissariat de Montreuil, mis au dépôt, mais malade fut hospitalisé un mois environ, avant d’être interné à Fresnes le 17 décembre 1944 d’où il fut mis en liberté provisoire le 9 janvier 1945. La veille la Cour de Justice de la Seine avait classé son dossier d’inculpation d’intelligence avec l’ennemi, et l’avait renvoyé en Chambre civique. Son rôle au sein du RNP n’avait pas été établi, il prétendait n’avoir assisté à aucune réunion et il était présenté dans le rapport du commissaire du gouvernement comme n’ayant fait aucune "propagande quelconque". L’enquête de police dans le voisinage le présentait comme "un brave homme n’ayant qu’un seul défaut : braillard non instruit".
Le 27 février 1945, il fut condamné à 15 ans d’indignité nationale et dispensé de l’Interdiction de séjour par la 2e chambre civique. Puis, il fut condamné à la suspension des droits de vote par la 1ère chambre civique le 17 avril 1945.
Il avait été condamné le 2 mars 1918 pour vol à Lille à 6 mois de prison avec sursis.
Il s’agit probablement de DECOTTIGNIE (ou DECOTTIGNIES ?)
Membre de la commission exécutive de la Fédération unitaire CGTU des Métaux, et secrétaire de la section des Métaux du XXe arr. de Paris, Decottignie fut exclu de son syndicat avec Guyot, pendant l’été 1931, pour avoir « usé, envers d’autres membres de notre organisation, de procédés fascistes nettement caractérisés » (op. cit., p. 5). Il était en fait lié au comité des 22 pour l’Unité syndicale. Il collaborait au Cri du Peuple en 1930 et participa à la conférence minoritaire parisienne réunie les 30 novembre et 14 décembre 1930.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article205735, notice DECOTTIGNIES Alfred par Gilles Morin, version mise en ligne le 12 août 2018, dernière modification le 12 août 2018.

Par Gilles Morin

SOURCES : AN, Z/5/490. Z/5/5/457 ; Z/5/257, p. 430 ; F/7/14901. — APP, 77W477/189430, dossier Banette ; 77W1147, dossier Fedrizzi ; 1W0863/37781 ; BA/1954, note du 21 janvier 1941 ; BA/2017, dossiers Mesnard . — Compte rendu du IXe congrès (11-13 juillet 1931) de l’Union des syndicats des travailleurs de la Métallurgie, Voiture-Aviation et similaires de la Région parisienne, s.d., 16 p. — Le Travailleur parisien, n° 11-113, octobre-décembre 1931. — Le Cri du Peuple, 1930. — État civil en ligne des Archives départementales du Nord.

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