Par Hugues Lenoir
Né 1 juin 1948, à Paray-Le-Monial (Saône-et-Loire), mort le 6 mai 2018 ; militant anarchiste, syndicaliste, Fédération anarchiste puis CGA ;militant de la CFDT ; maçon puis métreur dans le bâtiment.
Comme André Devriendt en son temps, c’est suite à la lecture du Monde libertaire acheté à la criée sur le boulevard Saint-Germain en 1971 que Bernard Pensiot adhéra au groupe Louise Michel de la Fédération anarchiste.
En 1973, il quitta Paris pour Perpignan où il exerça son métier de maçon dans une entreprise où il fut délégué syndical CFDT. De cette ville il participa activement à la fin du franquisme au soutien à l’Espagne libertaire où en compagnie d’autres passeurs militants, en particulier de Frente libertario, il fait parvenir en Espagne à travers les Pyrénées du matériel de propagande, de l’argent et des armes et bien sûr des militant-e-s dans les deux sens par la frontière du côté d’Osseja vers Aja un village de Catalogne souvent en compagnie d’Estève Ballester
En 1974, il occupa le clocher de la cathédrale Saint Jean de Perpignan avec Patrick Gervasoni, insoumis, où tous deux déployèrent une banderole « Non à toutes les armées ». Arrêté à la suite de cette occupation Bernard Pensiot écopa d’un mois de prison avec sursis. De son côté, Gervasoni fut condamné à 3 mois de prison dont 45 avec sursis.
Arrêté à Barcelone en 1978 en compagnie de Victor Simal, Isabelle Loeb et Oscar Magro et Joseph Pallau de la CNT lors d’une rafle dans les milieux libertaires, il fut torturé et incarcéré durant huit mois à la prison La Modelo où il participa à une mutinerie « autogérée » et à deux tentatives d’évasion. Suite à une grève de la faim de 28 jours, il fut expulsé vers la France. Les 14 et 15 avril 1979, il intervint à Lyon lors de la deuxième Conférence nationale anarcho-syndicaliste. A Perpignan, il participa à toutes les luttes et se rendit à la manifestation anti-nucléaire de Creys-Malville. En 1981, il fut l’un des fondateurs d’une radio libre Radio du fond de la ville. Puis il participa aux actions contre le coup d’Etat de Jaruzelski en Pologne et au camping international du Bourdigou. En 1984, avec les militants du groupe Puig Antich de la FA il anima un Comité anti fasciste (CAF).
Comme l’écrivaient ses amis de la Plume noire, « en 1986, ils décidèrent avec sa compagne Nicole de venir s’installer à Lyon. Il adhéra rapidement au CUL (Collectif Utilitaire Lyonnais) au 44, rue Burdeau à la Croix-Rousse, quartier où il s’installa. Ils habitèrent un temps au pied du métro Croix-Paquet. Il s’engagea auprès du comité de soutien aux insoumis, s’associa aux mobilisations contre la visite du Pape Jean-Paul II et au mouvement des squats de la Croix-Rousse. En 1990, Bernard Pensiot décida de rejoindre le groupe de la Fédération anarchiste de Lyon. Cette adhésion occupa la très grande partie de son activité militante, autour notamment de la librairie la Plume noire, rue Pierre Blanc tout d’abord puis rue Rivet puis de nouveau rue Pierre Blanc de 1993 à 2010. Durant ces années il participe pleinement à la vie militante des groupes de l’Union locale de la FA mais aussi à son émission Idées noires sur Radio Canut, tous les mercredis durant près de 15 ans. À la fin des années 1990 il fut aussi durant deux ans mandaté au comité de rédaction du Monde libertaire » alors hebdomadaire avec d’autres compagnons lyonnais. Il fut aussi présent au Colloque national sur l’anarchisme à Perpignan organisé par le groupe Puig Antich du 1er au 4 novembre 1995. En 2003, il avait été un des éléments moteurs du groupe militant qui organisa la contestation contre la tenue du G8 à Evian en participant à la coordination anti-autoritaire CLAAAC et du village alternatif et autogéré le VAAAG à Annemasse.
En juin 2004, il quitta suite à un désaccord la FA dans le cadre d’une démission collective des groupes de Lyon puis adhéra un temps à la Coordination des Groupes Anarchistes (CGA) et il demeura président de l’association La Plume noire. Vers 2010, il avait pris sa retraite professionnelle et s’était retiré dans l’Ain dans sa maison de l’Abergement-de-Varey où il expérimenta une certaine forme de « municipalisme libertaire » en participant au conseil municipal de son village d’un peu moins de 200 habitants. Jusqu’à son décès, il fut adhérant au Collectif Libertaire de l’Ain (CLA) et au collectif les Joyeux.
Par Hugues Lenoir
SOURCES : Communiqué de ses compagnons de La Plume Noire in Rebellyon // Site Les Gimenologues, En souvenir de Bernard Pensiot //Paul Boino//Edward Sarboni//Rolf Dupuy, Dictionnaire des militants anarchistes. — Fichier des décès Insee.