CORDIER Charles, Joseph, Désiré

Par Alain Dalançon

Né le 10 juin 1918 à Paris (XIVe arr.), mort le 16 octobre 1992 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) ; maître d’internat puis adjoint d’enseignement ; militant trotskyste ; militant syndicaliste du SNES, membre de la CA et du bureau national de 1946 à 1967.

Charles Cordier en 1955
Charles Cordier en 1955
(Coll. familiale, arch. IRHSES)

Son père, Désiré, était potier, sa mère, Marie Valérie Ameeust, était sans profession. Charles Cordier effectua des études secondaires et était maître d’internat au lycée Michelet de Vanves (Seine, Hauts-de-Seine) de 1946 à 1949. Il devint professeur adjoint puis adjoint d’enseignement au lycée Marcel Roby de Saint-Germain-en-Laye de 1949 à 1976.

Jeune militant trotskyste du Parti communiste internationaliste à la Libération, il participa sous l’impulsion de Marcel Pennetier, à la réanimation des « Amis de l’École émancipée » auprès des surveillants. Il fut élu à la commission exécutive nationale du Syndicat national de l’enseignement secondaire en 1946 et devint secrétaire corporatif des maîtres d’internat au bureau national en 1946-1947. Il se montra le défenseur du rôle des surveillants dans l’éducation en soutenant l’expérience des 6e et 5e nouvelles. Il s’était en effet beaucoup investi dans les méthodes actives d’éducation, en tant qu’animateur des Auberges de la Jeunesse et était l’organisateur de stages et camps de travail aux Portes-en-Ré (Charente-Maritime). Afin de contrer l’influence des communistes auprès des surveillants dans le SNES et la FEN après l’élection de Maurice Loi au secrétariat de catégorie en 1947 et à la responsabilité de la commission des Jeunes de la FEN (réunissant normaliens primaires et supérieurs et surveillants), Charles Cordier et Louis Bocquet, qui siégeaient à cette commission, organisèrent des journées fédérales de la Jeunesse en 1948 avec le soutien du secrétaire général de la FEN, Adrien Lavergne.

Après avoir défendu, comme ses camarades trostkystes Robert Chéramy, Louis-Paul Letonturier et Louis Bocquet, dans le cadre du débat, au début de l’année 1948, sur le choix de l’affiliation du SNES, la tenue d’un congrès de l’unité de la CGT visant à établir de nouveaux statuts démocratiques, il choisit le ralliement à l’autonomie, ce qui lui permit de continuer à siéger au bureau national en 1948-1949.

En novembre 1948, à la suite de la parution dans Révolution prolétarienne d’un appel « Europe-America », il participa à la constitution d’un « Groupe de liaisons internationales » autour d’Albert Camus, visant à constituer des îlots de résistance d’intellectuels au stalinisme et à la « technolâtrie américaine ».

Devenu professeur adjoint, Charles Cordier siégea à la commission administrative du SNES au titre de sa nouvelle catégorie. En 1952 et 1953, il fut candidat sur la liste D (École émancipée) aux côtés de Chéramy et Letonturier et rejoignit avec eux la liste autonome en 1954, ce qui lui permit d’être élu suppléant à la CA fédérale de 1954 à 1965 (membre suppléant les premières années de la commission laïque) et surtout de revenir au BN du SNES en tant que secrétaire de la catégorie des PA-AE, succédant à Marcel Bonin devenu secrétaire des surveillants généraux. Il demeura secrétaire de cette catégorie (devenue AE/maîtres auxiliaires, à partir de 1960) jusqu’en 1967, cédant ce secrétariat à Pierre Broué de 1958 à 1960.

À ce titre, Charles Cordier joua un rôle important dans la conclusion en 1954-1955 de la négociation du statut de la catégorie AE qui se substituait à celle des PA et dont il défendit les avancées face aux critiques diverses émanant de sa catégorie, reprochant à ce statut de ne pas faire des AE des enseignants à part entière. Il était membre de la commission administrative paritaire nationale des AE entre 1955 et 1965 et fut élu au Conseil de l’enseignement général et technique en 1966.

Comme ses camarades Chéramy et Letonturier, dont il avait suivi l’itinéraire syndical et politique depuis les années 1940, il adhéra au PSA puis au PSU, rompit avec l’organisation trotskyste « lambertiste », et ne participa pas à la réapparition d’une liste École émancipée dans le SNES en 1962 conduite par Pierre Broué, mais demeura dirigeant syndical de la majorité autonome.

Une longue pratique du syndicalisme l’avait amené à un certain pragmatisme, ce que lui faisait écrire dans l’Université syndicaliste en 1954 « qui dit syndicalisme dit compromis » et dans La Révolution prolétarienne en janvier 1967 : « J’ai connu à la FEN, et ailleurs, des militants, révolutionnaires d’origine marxiste, anarchiste ou simplement syndicaliste qui avaient des responsabilités. Ne nous payons pas de mots, confrontés aux réalités ils faisaient du réformisme ou bien ils ne faisaient pas leur boulot. J’attends un démenti. » La sincérité de son militantisme syndical, son sens du dialogue et sa modestie expliquaient ses bonnes relations avec ses camarades des autres tendances et notamment avec son collègue au lycée Marcel Roby, André Drubay.

Après le changement de majorité du nouveau SNES en 1967, Charles Cordier ne fit plus que de la figuration sur les listes ID puis UID-SNES jusqu’en 1975. Il s’était marié à Dôle (Jura), le 31 mars 1956, avec Paule Juillard avec laquelle il eut trois fils.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20610, notice CORDIER Charles, Joseph, Désiré par Alain Dalançon, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 8 février 2020.

Par Alain Dalançon

Charles Cordier en 1955
Charles Cordier en 1955
(Coll. familiale, arch. IRHSES)

SOURCES : Arch. Nat. : F7/17820. — Arch. FEN (Roubaix). — Arch. IRHSES (Congrès, CA, L’Université syndicaliste) — Arch. Paris, état civil. —.Le courant Lambert, du trotskisme à l’opportunisme, www.matierevolution.fr. — Jérémie Verger L’École émancipée de la Libération à l’autonomie de la FEN (1944-1948), mémoire de maîtrise.Témoignages oraux de militants du SNES.

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