CORDILLOT Suzette [née VARENNE Suzette]

Par Claude Pennetier

Née le 29 janvier 1926 à Irancy (Yonne), morte le 23 novembre 2020 à Sens (Yonne) ; institutrice ; militante communiste de l’Yonne ; présidente nationale de l’Union nationale des retraités et personnes âgées (UNRPA).

Suzette Cordillot chez elle en 2007
Suzette Cordillot chez elle en 2007

Suzette Varenne est issue d’une famille d’enseignants. Son grand-père était instituteur dans l’Yonne, ses oncles également ainsi que son père, Georges Varennes, une personnalité majeure du communisme icaunais qui fut déporté à Auschwitz dans le convoi dit des « 45 000 » où figuraient un très grand nombre de communistes, convoi dont il avait été désigné comme responsable politique, qui mourut d’épuisement à Birkeneau en décembre 1942. Suzette Cordillot put dire qu’elle était née communiste. Sa mère, Cécile née Rimbault, était trésorière départementale du Comité mondial contre la guerre et le fascisme dans les années trente, et présidente du Comité de Laroche de l’Union des femmes françaises à la Libération. Elle eut un frère aîné né d’un premier mariage, horloger, puis connu dans le monde de la chanson française sous le nom de Pierre Louki (1920-2006), et une sœur qui fut professeur d’enseignement ménager à Grenoble.
Suzette Varenne fréquenta l’école primaire d’Irancy jusqu’au certificat d’études. En 1938, son père fut nommé directeur d’école à Laroche-Saint-Cydroine. Elle alla au cours complémentaire de Migennes, et enfin l’École normale d’institutrices d’Auxerre.
Très jeune elle aimait suivre son père dans les réunions politiques internes ou publiques, tenant même la table de la « bibliothèque » au comité fédéral. Amie de Lucien Boullé, secrétaire de Romain Rolland, elle eut l’occasion de déjeuner chez l’écrivain à Vézelay. La révocation de l’enseignement de son père, en décembre 1940, avec une dizaine d’autres instituteurs de l’Yonne, comme son arrestation le 21 juin 1941, la placent résolument du côté de la Résistance communiste, d’autant que son oncle André Varenne (1894-1963) participait aux combats clandestins et que son frère entra plus tard au maquis. Elle appartint au mouvement laïque des Éclaireurs de France où régnait un « esprit de Résistance ». Elle-même transmit des messages, collecta des vêtements pour les internés, accompagna une amie au camp de Vaudeurs, mais elle se refuse à appeler cela de la résistance : « Je n’ai pas fait de choses assez importantes pour en faire état ». Elle adhéra aux Jeunesses communistes clandestines en 1942 et au Parti communiste à la Libération.
Elle fit du théâtre avec son frère Pierre et fut la responsable syndicale de l’École normale des filles ; Jean Cordillot, son futur mari, ayant la même responsabilité chez les garçons. Pendant deux ans, elle enseigna le chant à Auxerre, puis fut un an institutrice à Cézy, où elle fit signer massivement l’Appel de Stockholm (1950) avant de s’installer à Sens avec son mari, Jean Cordillot*. Militante communiste, membre du comité de section, elle eut son premier enfant en 1951 puis quatre autres, sans jamais cesser d’enseigner. Son action fut donc limitée pendant quelques années, et elle soutint surtout son mari, dirigeant de la fédération communiste et un temps député (1956-1968). Elle eut cependant des responsabilités au SNI, siégeant à son bureau départemental, et œuvra progressivement dans les milieux laïques.
L’Union des vieux de France de l’Yonne la sollicita dès l’obtention de la retraite en 1976. Elle fut secrétaire de section puis secrétaire fédérale, et enfin présidente nationale de l’UNRPA, nouvelle appellation de l’UVF. Elle conserva cette responsabilité de 1986 à 2003, se rendant deux jours par semaine à Paris. Elle siégea au titre de l’UNRPA dans divers organismes officiels comme le Comité national des retraités et personnes âgées (CNRPA). En 2007, elle garde encore de nombreuses activités à l’UNRPA, à Sens et au niveau de l’Yonne, travaillant infatigablement à recevoir les retraités ou futur retraités, pour éclaircir leur situation et organiser les actions pour la défense de leurs droits.
En 2004, elle fut à l’initiative de la création sur le sénonais d’un comité de défense de la Sécurité sociale très actif contre les lois Douste-Balzi. Elle a participé à toutes les sessions des États généraux de la santé et de l’assurance maladie (EGSAM) ainsi qu’à l’élaboration en 2006 de leur « Manifeste anti-libéral pour le droit à la santé et à l’assurance maladie ».
Elle est chevalier de la Légion d’honneur au titre de l’action sociale et son mari chevalier pour son action administrative.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20616, notice CORDILLOT Suzette [née VARENNE Suzette] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 5 novembre 2021.

Par Claude Pennetier

Suzette Cordillot chez elle en 2007
Suzette Cordillot chez elle en 2007

SOURCES : Entretien avec Suzette Cordillot. — Témoignage de son fils, Michel Cordillot.

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