BOUTILLON Armand, Maurice, Adrien

Par Daniel Grason

Né le 24 février 1912 à Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis), mort le 16 novembre 1976 à Cannes (Alpes-Maritimes) ; opticien de précision ; militant communiste ; conseiller municipal ; résistant ; déporté à Buchenwald (Allemagne).

Fils d’Antoine Boutillon, tourneur sur métaux, et de Marie Carré, couturière puis sage-femme, Armand Boutillon était titulaire du CEP. Il suivit une formation à l’école professionnelle Jules Richard à Paris (XIXe arr.). Opticien de précision, il travailla dans différents établissements. A partir de 1932 il travailla avec son beau-frère Raymond Bielle et sa sœur Suzanne à leur débit de boissons au 25 avenue Édouard-Vaillant à Pantin et à un commerce de meubles 1 rue du Débarcadère dans la même localité (Seine, Seine-Saint-Denis). Il fit son service militaire au 2e régiment d’aviation de chasse à Strasbourg en qualité de mécanicien.
Il aurait adhéré au Parti communiste en 1938, milita à la cellule 512 de la section de Pantin, fut membre du bureau de la section jusqu’à la dissolution du parti communiste le 22 septembre 1939. Il entretenait des relations amicales avec Marcel Lambry, conseiller municipal et général communiste de Pantin. Celui-ci quitta le Parti communiste après la signature le du pacte germano-soviétique.
Armand Boutillon a été mobilisé le 28 septembre 1939 au 55e Bataillon de mitrailleurs motorisés à Fontainebleau (Seine-et-Marne), puis affecté spécial comme opticien de précision à L’atelier de Constructions de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine), il fut radié de son poste sur la demande de l’Ingénieur militaire de 1ère classe de cet établissement sous le motif suivant : « communiste notoire et propagandiste. ». En conséquence, le 10 février 1940 il fut envoyé à la 212e compagnie de passage, puis dirigé sur les camps d’Utelles (Alpes-Maritimes), d’Oraison (Basses-Alpes, Alpes de Hautes Provence), Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), puis transféré à Oran en Algérie. Libéré fin septembre 1941, démobilisé le 22 octobre. Armand Boutillon était répertorié au fichier des archives de la police.
Deux inspecteurs des Brigades spéciales de la préfecture de police l’arrêtèrent le 19 août 1943 vers midi avenue de Villiers, à l’angle de la rue Descombes dans le XVIIe arrondissement de Paris.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales, fouillé, il portait sur lui : un agenda annoté, des papiers manuscrits, un certificat de travail à son nom signé par son beau-frère, une carte de matières grasses portant le cachet de la ville de Saint-Dizier, une carte de pain et une de viande portant le cachet de la ville de Pantin, deux photographies (un homme et une femme), une somme de sept mille francs, quarante reichmarks, un plan des usines La Lorraine et deux rapports.
Les domiciles de sa sœur 25 avenue rue Édouard-Vaillant et de sa mère au 85 de la même avenue s’avérèrent négatives. Armand Boutillon était connu de la police. Opticien de précision, affecté spécial à L’atelier de Constructions de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine), il fut radié de son poste sur la demande de l’Ingénieur militaire de 1ère classe de cet établissement sous le motif suivant : « communiste notoire et propagandiste. ». En conséquence, le 10 février 1940 il fut envoyé à la 212e compagnie de passage, puis dirigé sur les camps d’Utelles (Alpes-Maritimes), d’Oraison (Basses-Alpes, Alpes de Hautes Provence), Saint-Sulpice-la-Pointe puis transféré à Oran en Algérie. Libéré fin septembre 1941, démobilisé le 22 octobre. Armand Boutillon était répertorié au fichier des archives de la police.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales battu à plusieurs reprises, il déclara qu’il était le responsable régional à l’organisation des Comités populaires d’usines de la région ouest de la Région parisienne. Cette région très industrielle s’étendait de Boulogne jusqu’à Saint-Ouen et Epinay-sur-Seine. Il raconta qu’il avait rencontré dans l’un des camps de séjour surveillé un nommé Buquet. Celui-ci lui proposa d’organiser des Comités populaires d’usines, « organisation placée sous le contrôle du Parti communiste clandestin », il accepta.
Il rencontra « Arnaud » responsable de l’organisation de la région Paris-Ville, fut reçu par le responsable des cadres. Les policiers voulaient en connaître davantage. Il répondit sous la contrainte qu’il devait organiser « des Comités populaires d’usines et, d’autre part, à pousser au sabotage à la fabrication. »
« Sous mon contrôle, je n’ai eu connaissance que des actes de sabotage commis pendant la première quinzaine du mois d’août et dont un rapport m’a été fourni par un responsable des usines La Lorraine. » Il affirma qu’il n’était pas appointé par le Parti communiste clandestin.
Les policiers lui demandèrent de s’expliquer sur les documents qu’il portait sur lui au moment de son interpellation. Un rapport du 12 août 1943 intitulé « Usine La Lorraine », un plan dessiné à l’encre de la même usine. Un manuscrit intitulé « Complément au rapport fourni précédemment, concernant l’inspecteur [de police] Veniez. » Il déclara qu’il devait prendre connaissance des documents et les transmettre à « Arnaud ».
Incarcéré à Fresnes, Armand Boutillon était dans le convoi de 935 hommes à destination de Buchenwald. Il fut affecté au kommando de travail de Halberstadt à cinquante-cinq kilomètres au sud-ouest de Magdeburg (juillet 44). Les détenus travaillaient pour la firme Junkers à la construction d’ailes d’avions. Il fit parti des détenus qui en janvier ou février 1945 furent envoyés à Langenstein-Zweiberge, les détenus furent évacués le 8 avril 1945 vers les Sudètes et libérés le 8 mai 1945, Armand Boutillon matricule 30954 était vivant.
Début 1945, en son absence sa mère témoigna devant la commission d’épuration de la police, elle déclara que son fils avait été livré aux allemands, incarcéré à Fresnes, puis déporté en Allemagne.
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Après la guerre, Armand Boutillon se maria le 30 avril 1947 à Pantin avec Razi Pumpranska et reprit ses activités professionnelles. Il continua à militer au Parti communiste, était membre du comité de section de Pantin. Il fut élu conseiller municipal lors des élections du 26 avril 1953. En novembre de la même année il déménagea avec sa famille en Seine-et-Marne. Armand Boutillon a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article206175, notice BOUTILLON Armand, Maurice, Adrien par Daniel Grason, version mise en ligne le 18 septembre 2018, dernière modification le 18 septembre 2018.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77W 1450-174497 (transmis par Gilles Morin), KB 90. – Bureau Résistance GR 16 P 84670. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. — État civil.

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