CORMIER Olympia

Par Gérard Lauvergeon, François Printanier

Née le 28 mars 1880 à Marchenoir (Loir-et-Cher), morte en déportation le 9 mars 1945 à Ravensbrück ; institutrice puis directrice d’école ; trésorière nationale du SNI en 1931 ; militante féministe.

Fille d’un terrassier et d’une couturière, Olympia Cormier, élève de l’École normale d’institutrices d’Orléans (promotion 1896-1899), exerça les fonctions d’institutrice à Montargis et Orléans, puis les fonctions de directrice notamment à Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, Saint-Jean-de-la-Ruelle et Orléans. Elle milita d’abord, dès 1900, au sein des amicales d’instituteurs. En 1908, elle représenta l’Amicale au conseil départemental de l’enseignement où elle siégea pendant vingt ans. Pendant la Première Guerre mondiale, elle s’affirmait féministe.

En 1916, elle devint trésorière de l’Amicale du Loiret. Elle fut alors soupçonnée d’entretenir une correspondance avec l’anarchiste Armand. Son courrier fut surveillé. Dans le rapport établi le 16 août 1916 pour le préfet, le commissaire central d’Orléans la présenta comme « très intelligente, d’un caractère très indépendant, se pliant difficilement aux règlements et à la discipline... Elle professe des idées très avancées... Excellente camarade, elle a l’estime de ses collègues qui l’ont choisie pour les représenter au Conseil départemental de l’enseignement... Mais il n’a pu être établi que Mademoiselle Cormier s’est jusqu’à ce moment livrée à une propagande quelconque en faveur de la paix. »

Après la Première Guerre mondiale, Olympia Cormier, Marcel Bouguereau et Foucher militèrent pour entraîner les adhérents de l’Amicale du Loiret vers le Syndicat national des instituteurs. Par cent voix contre dix-sept, les adhérents décidèrent de le rejoindre en décembre 1920. Bouguereau étant secrétaire de la section, Olympia Cormier assura diverses fonctions dans la Commission permanente nationale du SNI : trésorière nationale adjointe de 1929 à 1926, co-trésorière, chargée des caisses de secours et de solidarité, des cartes de la CGT, avec Carré en 1927-1928 puis trésorière nationale en 1931.

Féministe convaincue, Olympia Cormier défendait le droit de vote pour les femmes et n’hésita pas en novembre 1926 à s’opposer sur ce point à Jean Zay, au cours d’une réunion publique de la section d’Orléans de la Ligue des droits de l’Homme association dont elle fut vice-présidente.

Pédagogue émérite et ouverte aux nouveautés, soucieuse de la réussite de ses élèves, elle s’investissait dans la modernisation des méthodes d’enseignement. Elle participa aux travaux de la Société d’études historiques et géographiques de la région parisienne présidée par Albert Demangeon.

En 1936, Olympia Cormier participa à un voyage d’études, organisé par le SNI, en URSS. Elle en revint enthousiaste.
En 1932, elle siégea à la tribune lors d’une réunion publique de la fédération socialiste SFIO à Orléans, parti dont elle était membre. Cette réunion était animée par le futur maire socialiste d’Orléans, l’avocat Claude Lévy.
Le maire de Gien, l’enseignant Marcel Bouguereau la fit venir le 6 juin au commissariat d’Orléans où il était arrêté pour la tenir au courant de la situation.

Arrêtée le 8 juin 1944 et internée au Fort de Romainville, elle fut déportée au départ de la gare de l’Est à Paris vers le camp de Neue Bremm avant d’être transférée à Ravensbrück où elle fut gazée début mars 1944. Une rescapée de Ravensbrück déclara : "Devant les piqueurs pour la chambre à gaz, elle s’efforçait de se tenir droite, de prendre un air gaillard", La section, op. cit.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20632, notice CORMIER Olympia par Gérard Lauvergeon, François Printanier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 26 août 2022.

Par Gérard Lauvergeon, François Printanier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13606, F7/13082. — Notice DBMOF, par Jean Maitron et Claude Pennetier. — Presse syndicale départementale et nationale. — La section syndicale du Loiret à ses morts, héros et martyrs, imp. La Laborieuse, Orléans, s.d. — Notes de Jean-Pierre Besse et de Sylvie Deshayes.

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