CORNET Paulin, Jean, Prosper

Par Emmanuel Bellanger, Claude Pennetier

Né le 30 mars 1885 à Fontenay-sous-Bois (Seine, Val-de-Marne) ; employé des chemins de fer de l’Est ; syndicaliste confédéré (CGT) ; conseiller municipal de Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis) de 1919 à 1929 ; résistant Front national ; président de la délégation spéciale de Pantin à la Libération, maire (1944-1947), premier adjoint (1947-1949), conseiller municipal (1949-1953) et de nouveau adjoint (1953-1959).

Paulin Cornet, employé des chemins de fer de l’Est, fut élu conseiller municipal socialiste de Pantin en 1919. Réélu en 1925, il siégea au côté de Charles Auray jusqu’au renouvellement de l’assemblée communale de 1929. En désaccord avec le maire de Pantin, il se présenta seul et sans succès sous l’étiquette de « socialiste dissident ». Après cet échec commença alors une longue traversée du désert.
Secrétaire du syndicat confédéré (CGT) des cheminots de Pantin en 1924, il devint l’année suivante archiviste de l’Union des syndicats CGT du Réseau Est (voir Léon Coudun*).
Absent du scrutin municipal municipal de 1935, la Libération marqua son retour à la vie politique pantinoise. Retraité de la SNCF, représentant du mouvement de résistance Front National, il fut désigné à la présidence du Comité local de la Libération (CLL) à la mi-octobre 1944, succédant ainsi à Charles Bertrand du mouvement Francs-tireurs et partisans (FTP). Le 29 avril 1945, lors des premières élections organisées depuis le rétablissement de la légalité républicaine, Paulin Cornet se retrouva à la tête d’une liste d’union patriotique républicaine et antifasciste, émanation du comité local de libération. À ses côtés figuraient des représentants du Parti communiste français et de ses organisations affiliées (Union des femmes françaises...), mais aussi des représentants du Mouvement républicain populaire (MRP) et du parti radical. Si sa liste fut élue au premier tour à la majorité absolue, soit 9 265 voix sur 17 938 votants et 22 835 inscrits, elle fut cependant opposée à deux listes adverses : celle de la SFIO (3 677 voix) conduite par Louis Collaveri*, vice-président de la délégation municipale provisoire sortante, et celle du Mouvement de libération nationale (MLN) 4 158 voix, parti de droite, dirigé par Paul Marqui, assureur-conseil, ancien combattant fait prisonnier en 1940.
Aux élections municipales du 19 octobre 1947, l’unité entre communistes, MRP et radicaux fut définitivement rompue. Paulin Cornet présenta, avec deux conseillers municipaux sortants, sa propre liste républicaine des intérêts communaux du maire sortant. Sa liste obtint une moyenne de 1 515 voix (sur 17 714 votants et 23 049 inscrits), contre 6 868 voix pour celle présentée par le PCF, 5 945 voix pour celle du RPF et 1 402 voix pour la SFIO. Au lendemain de ce scrutin, Paulin Cornet ne retrouva pas son écharpe de maire, dévolue au conseiller André Faizas élu sur la liste SFIO, son ancien colistier des années 1920. Il parvint cependant, au bénéfice d’une large coalition anti-communiste, à être élu premier adjoint. Durant ce deuxième mandat de l’après-guerre, Paulin Cornet affirma de plus en plus son opposition à la gestion communale menée par André Faizas. Cette dissension atteignit son paroxysme en juillet 1949, où le groupe Paulin Cornet joignit ses voix à celles des communistes. Dès lors, la majorité municipale bascula, paralysant ainsi la conduite des affaires communales. Cette paralysie aboutit, par décret du 27 septembre 1949, à la dissolution du conseil municipal.
Réélu de nouveau sur ses propres couleurs - Liste P. Cornet d’Entente Républicaine, 1 626 voix en moyenne sur 15 506 suffrages exprimés et 22 518 inscrits - aux élections municipales anticipées du 16 octobre 1949, il ne parvint cependant pas à conserver une délégation d’adjoint au maire. Rangé dans l’opposition aux côtés des communistes, Paulin Cornet adopta cependant une attitude constructive au sens où un certain nombre de projets reçurent le soutien unanime du conseil municipal : la construction de logements HLM, de groupes scolaires.
Au scrutin du 26 avril 1953, sa liste portait sensiblement la même appellation : Liste P. Cornet d’entente républicaine et d’action sociale, pour la construction de logements, pour l’enfance, pour les vieux travailleurs, pour les intérêts de la commune, du travail et du commerce. Ces élections sonnèrent son retour dans la majorité municipale et sa réélection au poste de troisième adjoint. Lors de l’installation du conseil municipal et de l’élection du bureau le 9 mai 1953, Paulin Cornet fut certainement à l’origine de l’élection du communiste Jean Lolive au poste de premier adjoint. Cette stratégie lui permit en effet au tour d’élection suivant de négocier et d’obtenir un mandat d’adjoint.
En 1959, face à la montée en puissance de Jean Lolive, Paulin Cornet, en accord avec son groupe municipal, décida de faire liste commune avec la SFIO qu’il avait quittée trente ans plus tôt en 1929. Outre la SFIO, cette Liste d’union républicaine pour une gestion municipale démocratique et sociale comprenait également des membres du centre républicain, du MRP et du parti républicain radical et radical-socialiste. Cependant l’élection à la proportionnelle des conseillers municipaux étant supprimée au profit du scrutin majoritaire, sa liste fut battue au second tour par celle du communiste Jean Lolive, refondue et ouverte à des socialistes SFIO, Georges Marie et Octave Lucas, des radicaux et des divers gauches du Parti socialiste unitaire (PSU). Après cet échec, âgé de soixante-quatorze ans, Paulin Cornet se retira définitivement de la vie politique pantinoise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20650, notice CORNET Paulin, Jean, Prosper par Emmanuel Bellanger, Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 16 septembre 2022.

Par Emmanuel Bellanger, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13672, rapport du 28 juin 1925, F7/13673, rapport du 11 mars 1924. — Arch. Dép. Seine, DM3 ; Versement 10451/76/1 et listes électorales. — Arch. mun. de Pantin, bulletin municipal de la ville de Pantin, dossiers élections. — L’Humanité, 5 novembre 1919. — Journal de Saint-Denis, mai 1929. Arch. Com. Pantin. — Emmanuel Bellanger, Mémoire de ville, mémoire de communaux, histoire de l’activité municipale et du personnel communal à Pantin, XIXe-XXe siècles, 2002.

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