BOYER Jean, Marcel

Par Michelle Destour

Né le 15 mars 1912 à Malaunay (Seine-Inférieure, aujourd’hui Seine-Maritime), mort au combat le 18 août 1944 à Neaux (Loire) ; réparateur de radio et organisateur de tournées de cinéma parlant ; adjudant, chef du groupe Boyer de l’Armée Secrète à Saint-Germain-Laval (Loire).

Fils de Boyer Jules, Alfred, contremaître en teinture et de Mottet Jeanne, Marie. Marié le 6 avril 1936 à Taglia Francesca, Louisa. Deux enfants.

Mobilisé au 41è bataillon du Génie, Jean Boyer fut fait prisonnier en 1940 ; évadé, il s’installa à Saint-Germain-Laval où il recruta une douzaine de sédentaires qui furent la base du groupe Boyer. Il installa chez lui un poste émetteur-récepteur, puis aidé par le lieutenant Olivier Lafond, suivirent ceux de La Valla-sur-Rochefort (Loire), Rozier-en-Donzy (Loire), Pommiers (Loire). En relation avec la résistance lyonnaise, en particulier les dirigeants de « Franc-Tireur », il fut désigné pour assurer des émissions télégraphiques vers Londres : en février 1943, chargé de centraliser les renseignements recueillis par les MUR (Mouvements Unis de la Résistance) pour le réseau « Gallia », il s’adjoignit les services de René Simon avec lequel il partagea tous les dangers.

Les deux hommes organisèrent la diffusion de la presse clandestine et firent circuler quelques messages de Lyon à Roanne. Parallèlement, le groupe Boyer, passé à 27 résistants en décembre 1943, assura la fabrication de faux papiers, la planque de réfractaires ; il réceptionna au moins quatre parachutages d’armes, à Bussy-Albieux (Loire) dont certaines furent acheminées sur Lyon par car à gazogène. En avril 1944, un avion américain s’écrasa au cours d’un parachutage à Saint-Cyr-de-Vallorgue (Loire) et les deux pilotes furent hébergés par Boyer et Simon avant de regagner l’Angleterre. A la mi-juin, le groupe fut rattaché au secteur de l’Armée Secrète de Roanne (Loire) et s’engagea dans des actions de sabotages : il détruisit des lignes des lignes téléphoniques aériennes entre Arthun (Loire) et Boën-sur-Lignon (Loire) et en juillet 1944, il s’attaqua par deux fois aux rails du train vers Saint-Jodart (Loire).

Le 18 août 1944, un convoi de cadres et de matériel de France-Rayonne et Rhein-Métall devait quitter Roanne (Loire) pour Lyon (Rhône) par la Nationale 7. Informés, des résistants de l’Armée Secrète étaient postés en embuscade à la hauteur du village de Neaux (Loire) où son passage était prévu. A 9 heures, tandis que le convoi n’était toujours pas en vue, une colonne de la Wehrmacht, de 160 hommes dans des camions et des automitrailleuses, se présenta de manière inopinée dans l’autre sens. L’ordre de repli fut donné à la voix par Jean Boyer mais un coup de feu partit dans les rangs des maquisards.

En tête de la colonne, le motard fut abattu. Un camion allemand prit feu sous les tirs de fusils mitrailleurs et la riposte fut immédiate. Un combat, très inégal, s’engagea laissant sur le terrain une dizaine de soldats ennemis et 15 résistants : ceux de Saint-Georges-de-Baroilles comptèrent douze tués, ceux de Saint-Germain-Laval deux dont leur chef Jean Boyer. Les autres maquisards réussirent à s’échapper, poursuivis jusque dans les bois, souvent secourus par les gens du pays ou des maquis voisins. A proximité du combat, une ferme fut prise par des tirs de DCA, livrée au pillage et incendiée par un groupe de soldats qui exécutèrent Édouard Martinet, son propriétaire. A 10 heures, le silence se fit sur Neaux et le convoi de la Wehrmacht reprit sa route vers Roanne. Les maquisards, malgré la tension extrême et les pertes qu’ils venaient de subir, se regroupèrent dans la même journée.

La garnison allemande de Roanne, avisée de l’accrochage, dépêcha des autos mitrailleuses et des fantassins sur la RN 7. A la Vive, trois jeunes cyclistes qui suivaient un camion, furent pris pour des résistants et interceptés par une patrouille allemande. L’un d’eux, Raymond Roberton, d’abord touché par les tirs, fut achevé à la mitraillette sur le bord de la route ; les deux autres André Vacheron et Tony David qui s’enfuyaient furent abattus et leurs cadavres détroussés.

Jean Boyer est Mort pour La France. Son nom figure sur le Monument de la Résistance à Neaux et sur le Monument aux Morts de Saint-Germain-Laval.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article206534, notice BOYER Jean, Marcel par Michelle Destour, version mise en ligne le 18 septembre 2018, dernière modification le 2 juin 2022.

Par Michelle Destour

SOURCES : Arch. Dép. Loire : René Gentgen, Combats livrés par l’Armée Secrète de la Loire en 1944, 11 J 436. — Arch. Dép. Rhône, Mémorial de l’Oppression, 3808W742. — Joseph Vignon : le combat de Neaux, 18 août 1944, supplément au Résistant de la Loire N° 73. — Témoignage Thérèse Pin in Le petit novalien, N° 12 de janvier 2014. — Site Mémoire des Hommes. — État-Civil de Neaux. — État-Civil de Malaunay.

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