CORNILLE Thérèse

Par André Caudron

Née le 13 septembre 1917 à Wasquehal (Nord), morte le 4 décembre 1989 à Paris ; ouvrière d’usine (1931), femme de ménage, animatrice ; présidente de la fédération JOCF de Roubaix, permanente nationale (1942) ; fondatrice des foyers « Clair Logis » (1946).

Seconde de dix enfants, fille d’un ouvrier chrétien qui fut un des compagnons de Louis Blain*, pionnier des syndicats libres de l’industrie textile, Thérèse Cornille perdit sa mère à l’âge de onze ans. Dès 1931, elle travailla en usine et se syndiqua aussitôt. Son premier contact avec la JOCF fut négatif : elle entendit l’abbé Cardijn, fondateur du mouvement jociste international, et le considéra comme « un curé exalté » (1932). Mais elle rencontra bientôt l’abbé Louis Prévost, l’un des premiers aumôniers du mouvement à Lille, et s’engagea dans les activités paroissiales. En proie au chômage, elle exerça divers métiers : repasseuse, femme de ménage, bonne à tout faire, ouvrière en bonneterie. Attirée par la vie cloîtrée, elle n’y donna pas suite.
C’est seulement lors de l’exode que Thérèse Cornille entra, en mai 1940, à la JOCF. Elle suivit des cercles d’études et lut les encycliques sociales. Devenue dirigeante fédérale de Roubaix, elle fut aussi animatrice dans un centre de jeunes chômeuses. Deux ans plus tard, elle était nommée permanente nationale avec la responsabilité de nombreuses fédérations septentrionales. Membre de la commission nationale de la « jeune JOCF », elle fut appelée à voyager à travers la France. Arrêtée à plusieurs reprises par la police allemande, elle fut toujours relâchée aussitôt.
Le sort des jeunes travailleuses rejetées par leur famille et en danger de prostitution préoccupait beaucoup Thérèse Cornille. En 1946, elle décida de se consacrer à leur réadaptation sociale. Elle créa un premier foyer d’hébergement à Roubaix avec les encouragements du cardinal Liénart, évêque de Lille, et du chanoine Cardijn. Cinq autres foyers furent ensuite ouverts dans le Nord, puis Thérèse Cornille partit continuer son œuvre, qui prit le nom de « Clair Logis », à Paris (1953).
Atteinte de cécité, elle n’en poursuivit pas moins l’animation des centres « Clair Logis », au nombre de quatre dans la région parisienne. Une « Maison des Aînées » fut installée en 1981. D’autres foyers virent le jour à Nancy, Troyes et Marseille, pour préparer, à travers les mêmes principes éducatifs, dits de « Claire Amitié », de jeunes personnes perturbées à la maîtrise d’une vie autonome. Plusieurs centres ont été organisés aussi en Afrique noire et au Cambodge.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20660, notice CORNILLE Thérèse par André Caudron, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 25 octobre 2008.

Par André Caudron

SOURCES : André Caudron, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, 4. Lille Flandres, Beauchesne et Centre d’histoire de la région du Nord, Paris-Villeneuve d’Ascq, 1990. — Léon Noël Berthe, JOC je te dois tout, Éditions ouvrières, Paris, 1980, p. 86-93. — Une année de vie à Clair Logis, brochure, Paris, 1981, 16 p. — Lettre de Thérèse Cornille à Marie Vander Elst, 1er juillet 1982.

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