COUSINIER Maurice [écrit parfois « COUSINIÉ » ou « COUSINIE »]

Par André Balent

Né le 6 mai 1924 à Castres (Tarn), mort en action de combat le 22 avril 1944 à Lacaune (Tarn) ; résistant du maquis De Lattre de Tassigny (Tarn) de l’Armée secrète puis du Corps franc de la Montagne Noire (CFMN) de l’Armée secrète (Tarn, Aude, Hérault, Haute-Garonne)

Maurice Cousinier était domicilié à Castres (Tarn). Réfractaire du STO, il intégra le maquis De Lattre de Tassigny de l’AS du Tarn, établi au sud-est du département dans les Monts de Lacaune. Ce maquis faisait partie de ceux qui préfiguraient le CFMN formé formellement à Castres (Tarn) le 20 avril 1944. Il affirmait continuer le 3e régiment de Dragons de l’arme d’armistice, en garnison à Castres avant sa dissolution. Pour cette raison, Cousinier avait, dans le maquis, le grade de « brigadier », c’est à dire « soldat », dans la cavalerie et l’arme blindée.
Le CFMN était formellement rattaché à l’Armée secrète (AS) mais était lié de façon effective au Special Operations Executive (SOE) britannique (Voir : Sévenet Henri). Le groupe de réfractaires passés au maquis auquel appartenait Maurice Cousinier regroupait environ quatre-vingt hommes. Ils se déplacèrent de La Maresque (commune de Lacaune) et se divisèrent en trois groupes : à la ferme de la Teillère ; sur le plateau de l’Escounadouire où il s’abritaient sous des tentes confectionnées à partir de parachutes ; à la Jasse de Martinou. À la Jasse de Martinou, il y avait des bâtiments agricoles abandonnés et, avant la Seconde Guerre mondiale, le vicaire d’une paroisse toulousaine y avait implanté une colonie de vacances. Une vingtaine réfractaires, désormais rattachés au maquis « De Lattre de Tassigny » de Bertrand Joan de Kevernoael, récemment intégré au CFMN, y avaient établi leur cantonnement. Pour sa part, deux terrains de parachutage avaient été aménagés à Martinou ou à sa proximité. Leur repérage par un avion de reconnaissance allemand, fut à l’origine de l’attaque des 22 et 23 avril 1944.
Pour sa part, Maurice Cousinier et les autres victimes du combat du 22 avril se trouvaient au cantonnement de la Teillère où une quinzaine de maquisards étaient chargés de protéger le matériel roulant du maquis de Lattre de Tassigny récemment intégré au CFMN. Pendant la nuit du 21 au 22 avril, des Allemands venus de Castres (Tarn) et de La Salvetat [La Salvetat-sur-Agoût, depuis 1958] (Hérault), au nombre de 200 environ, convergèrent vers la cantonnement de Martinou dont ils avaient été informés de la localisation précise. Les soldats allemands encerclèrent la jasse et les bâtiments occupés par les maquisards. Le lieutenant Jelinek alias Léopold, un Croate — qui avait réussi à s’échapper après la révolte, réprimée, des 17 et 18 septembre 1943 du contingent croate et bosniaque de la 13e division SS Handschar stationnée à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) — qui commandait les maquisards de la Jasse de Martinou demanda à deux de ses hommes de briser l’encerclement afin de donner l’alerte. Le maréchal des logis chef Paillery qui commandait le détachement de la Teillère parti, en automobile, avec onze de ses hommes, à la rencontre des Allemands qui attaquaient la Jasse de Martinou. Maurice Cousinier était l’un d’entre eux. Cette action permit aux occupants de Martinou de briser l’encerclement. En revanche au col de Piquotalen, à proximité de Martinou, cinq hommes de la Teillère, dont Maurice Cousinier, furent tués au cours du combat ou achevés après avoir été blessés. Voir aussi : Bertrand Maurice, Mora Emmanuel, Paillery Gilbert, Tabellion André. Parmi les cinq on ne sait quels furent ceux qui furent tués en action de combat ou abattus par les Allemands après avoir été capturés blessés. Gérard Bouladou (op. cit., p. 334 et, surtout, p. 336) signale qu’un des blessés fut achevé par les Allemands alors qu’il s’était évanoui. Deux autres blessés, toujours d’après le même auteur, qui avaient réussi à fuir vers Sagnens, de l’autre côté de la route de la Savetat (Hérault à Lacaune (Tarn) qui franchit à proximité de Martinou le col de Piquotalen, furent coupés en deux. Toujours selon Bouladou, un des deux tués au combat s’était en fait suicidé afin de ne pas être pris vivant. La population et les autorités locales rendirent hommage au cinq tués, après avoir demandé au maquis de s’abstenir d’être présent. Mompezat, le créateur toulousain du CFMN cité par Bouladou, signala que les Allemands auraient eu cinquante-trois tués et de « nombreux » blessés. Les maquisards de la jasse de Martinou et de l’Escounadouire ainsi que les survivants du groupe de la Teillère purent décrocher et faire mouvement vers les nouveaux cantonnements (camps) de la Montagne Noire.
.Le nom de Maurice Cousiner (avec cette orthographe) figure sur le monument ossuaire érigé en l’honneur des morts du Corps Franc de la Montagne Noire dans la forêt de Font Bruno à Escoussens (Tarn). Il figure aussi sur le monuments aux mort de Castres (Tarn), orthographié « Cousinie M. ». Une stèle érigée en bordure de la RD 907, à proximité du col de Piquotalen, à peu de distance de la jasse de Martinou, a été érigée à la mémoire des cinq maquisards du CFMN — dont Maurice Cousinier (orthographié « Cousinié ») — tués à la jasse de Martinou le 22 avril 1944. Le nom de Maurice Cousinier (avec cette orthographe) figure aussi que un monument érigé près de l’église de Lacaune (Tarn) à la mémoire des morts (15) de la commune (ou sur le territoire de la commune) en 1944 et 1945.

Voir Lacaune, jasse de Martinou et col de Picotalen (22 avril 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article206625, notice COUSINIER Maurice [écrit parfois « COUSINIÉ » ou « COUSINIE »] par André Balent, version mise en ligne le 19 septembre 2018, dernière modification le 27 septembre 2018.

Par André Balent

SOURCES : Gérard Bouladou, Les maquis du Massif Central méridional 1943-1944. Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, Nîmes, Lacour Rediviva, 2006, 617 p. [pp. 334 et 336]. — Amicale du 3e régiment de Dragons et de l’escadron d’éclairage divisionnaire n°3 [CFMN], Le tableau d’honneur du 3e régiment de dragons. Seconde Guerre mondiale. Résistance. 1939-1945 [morts du CFMN, 1944], 2012, 21 p, [p. 7], PDF, en ligne. — Site MémorialGenWeb consulté le 19 septembre 2018. — Site du collège du Montalet à Lacaune (Tarn) montalet.81230.over-blog.com/2015/12/la-resistance consulté le 14 septembre 2018. — Blog cessenon.centerblog.net/5844213-Chemin-de-la-Memoire-pres-de-Lacaune consulté le 14 septembre 2018.

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