Par Pierre-Henri Zaidman
Né le 24 septembre 1819 à Pont-Saint-Esprit (Gard) ; mort le 24 mai 1871 à Paris ; militaire de carrière ; membre du Comité des vingt arrondissements, commandant de la XIVe légion. Fusillé sans jugement.
Souvent confondu avec son homonyme Charles, Joseph Piazza naquit le 24 septembre 1819 à Pont-Saint-Esprit (Gard). Il fut admis comme enfant de troupe en 1831 et s’engagea au 23e régiment de ligne en 1838. Il fit une longue carrière militaire et était capitaine au 74e de ligne lorsqu’il prit sa retraite pour blessures en 1865. Il avait servi en Afrique et avait participé aux campagnes de Crimée et d’Italie ; il était titulaire des médailles correspondantes.
Marié en 1856, il habitait pendant le premier siège et la Commune, 28, avenue du Maine (XIVe arr.) (et demeura provisoirement 209, boulevard Voltaire, à cause du bombardement).
Le 11 janvier 1870, appuyé par le maréchal Bazaine, il sollicita en vain un poste dans la Garde nationale parisienne. Pendant le premier siège il fut d’abord élu capitaine adjudant-major au 85e bataillon dans le VIe arrondissement, puis le 1er décembre 1870, il se fit élire au même poste au 46e bataillon dans le XIVe. Il obtint dans le courant du même mois d’être nommé chef d’état-major de Brunel, commandant du 36e bataillon de marche de la Garde nationale et fut arrêté avec lui le 30 janvier 1871 pour avoir tenté de soulever la Garde nationale contre l’armistice.
Il fut libéré par le Comité central le 27 février et, en mars, une commission d’enquête comprenant Combault, Frankel et Rochat fut désignée par la Fédération de l’Internationale pour examiner la demande d’admission de Piazza à l’AIT, sans que l’on sache quelle décision fut prise. Candidat aux élections à la Commune, le 26 mars 1871 dans le VIe arr. (cf. Murailles... 1871, op. cit., p. 97), il ne fut pas élu. Il se fit désigner commandant du 85e bataillon au début de la Commune. Un rapport au colonel Mayer du 21 avril indique : « Dans la VIe légion on se plaint un peu du commandant Piazza qui porte des grades de lieutenant colonel et met le désarroi dans la légion. » Le 8 avril, Adolphe Doé délégué à la mairie écrivit à l’état-major de la Garde nationale : « J’ai l’honneur de vous informer que le citoyen Piazza n’ayant pas été élu à une majorité n’est pas encore [commandant du] 85e bataillon mais seulement [commandant] provisoire, je crois qu’il est urgent de mettre à notre tête un homme dévoué, jeune, énergique et sans ambition. Le citoyen Piazza n’est pas l’expression du 6e arrondissement et s’il était nommé officieusement personne ne marcherait avec lui. Il serait plus simple de laisser le VIe arrondissement prendre un chef de légion de sa propre volonté. » Le 12 avril, lors de l’élection du chef de la VIe légion, il n’obtint qu’une voix. Son élection comme chef de la XIVe légion le 25 avril au club de la Maison-Dieu avec 198 voix fut aussi contestée dans la Garde nationale. À l’état-major, Léon Seguin, chef d’état-major de Rossel le traita de « réactionnaire » qui « tend à jeter le trouble dans l’arrondissement ». Il fut arrêté le 2 mai sur ordre de Rossel, délégué à la guerre, « à cause de ses relations avec Versailles ». Piazza fut rapidement libéré, et Rossel lui demanda le 4 mai d’envoyer le 102e bataillon à la Porte Maillot mais il ne parvint pas à faire exécuter ses ordres. Il fut à nouveau arrêté incarcéré le 16 par Dubost, officier de paix, délégué à la Sûreté général sur dénonciation de son cocher pour une histoire de gages non payés et incarcéré jusqu’au 20 mai au Cherche-Midi sur ordre d’écrou lancé par le chef d’escadron Sanciome, chargé de la justice militaire. De retour dans l’arrondissement, il tenta de reprendre le commandement de la légion ignorant les contestations. Il prit alors en charge la défense du cimetière du Montparnasse, mais malgré les renforts de la Ve légion, Allemane lui ayant envoyé quatre compagnies de marche du 119e bataillon, il fut refoulé vers le Ve arrondissement. Ses soldats l’accusant d’être responsable de la défaite, Piazza en appela au témoignage d’Allemane, qui, pour le sauver, le fit enfermer dans le poste de la mairie du Ve arr. Lors de la retraite, l’officier qui commandait ce poste oublia de le délivrer comme cela avait été convenu et Piazza fut fusillé par les Versaillais le 24 mai, ainsi que cela fut attesté par un jugement du tribunal civil de la Seine en date du 30 novembre 1871.
Par Pierre-Henri Zaidman
SOURCES : Arch. Min. Guerre, 4e conseil (n°1797). — AD 75 D2R4/189. — Rapport au colonel Mayer du 21 avril 1871 (Arch. Min. Guerre. Ly 32). — Lettre de Doé du 8 avril 1871 au chef d’état-major (Arch. Min. Guerre Ly 27). — Lettres de Rossel au colonel Henry et au colonel Gois du 2 mai 1871 (Cahier d’ordre du délégué à la guerre, Arch. Min. Guerre Ly 28). — Mémorial illustré des deux sièges de Paris, 1870-1871, pp. 274-275. — Gazette des tribunaux, 3 février 1871. — J. Allemane, Mémoires d’un Communard, Paris, [1906], p. 115-117.