JEANSON Guy, alias Commandant FTPF Maurice Fèvre

Par Jean Lefèvre

Né le 25 octobre 1911 à Baudement (Marne), mort le 15 octobre 2008 à Sézanne (Marne) ; cultivateur, employé de coopérative puis boulanger ; résistant FTP.

Guy Jeanson était le fils d’Eutrope Maximilien Jeanson, cultivateur, et de Juliette Albertine Luquet, sans profession.
Cultivateur avant la guerre, Guy Jeanson effectua son service militaire d’abord au 361e régiment d’artillerie à Commercy de 1931 à 1932, puis fut rappelé le 2 septembre 1939 au 103e régiment d’artillerie légère portée (RALP) comme observateur radio. Il fut capturé à Plainfain (Vosges) le 21 juin 1940 et interné à Colmar, dans le quartier de Logelbach d’où il s’évada le 21 juillet.
Il devint gérant d’alimentation aux « Économiques troyens », une petite succursale au 47 rue de Preize à Troyes et entra dans la résistance en 1942 en s’inscrivant dans les FTPF sous les ordres de François Grillot. Il commanda alors le groupe Boigegrain (du nom d’Édouard Boigegrain dirigeant communiste, fusillé le 30 avril 1942 à Montchaud, Montgueux) de Saint-Julien-les-Villas et participa à de nombreux sabotages à Troyes et les environs. C’est dans l’arrière salle de son magasin qu’il organisa ou laissa s’organiser des réunions de clandestins. Laurence Jeanson, sa belle-sœur résistante, raconte que son habitation possédait une issue à l’arrière qui permettait aux clandestins de prendre la fuite en cas de mauvaise visite. Son épouse née Renée Thétard (Nénette) lui apporta son aide sans barguigner.
Guy Jeanson, assez habile en dessin, fabriqua des pièces d’identité pour la Résistance jusqu’en mars 1944.
Le groupe « Boigegrain » qu’il constitua à la coopérative de Saint-Julien-les-Villas, eut de nombreuses actions à son actif : plastiquages de fours à cuire les obus, destruction d’une locomobile à la gare de la Chapelle Saint Luc, destruction d’un pont à Barberey, etc. Ont participé à ce groupe : Leseur, Ninoreille, H. Cabot, Marceau Leclerc et Jacques Marbach. Ces trois derniers furent arrêtés le 16 mars 1944 et fusillés au Trou de Chirac, lieu-dit de Montgueux.
Nommé commandant adjoint en janvier 1944, il dut quitter son emploi et se cacher car il était recherché depuis le 2 mars par la Gestapo. Il quitta alors Troyes pour rejoindre le maquis de la ferme de Varsovie (La Chapelle Lasson-Marne) et pour créer la Compagnie France avec son frère Hubert (capitaine Hubert Jeanson, fusillé à Creney le 22 août 1944). Ce groupe comprenait la fratrie Jeanson, Guy, Hubert, Étienne, Gabriel, Yvonne, Juliette (la mère), Laurence (femme d’Étienne), ainsi que Roger Deschamps, Lucienne Blugeot, Serge Fouré, Raymond Gatelet et André Gaudin. Ils avaient à leur actif une trentaine de sabotages d’écluses, de voies de chemin de fer et de réserves de fourrage réquisionné. Guy fut alors nommé commissaire aux effectifs régionaux sous le N° 2130. Il adopta le pseudonyme de Fèvre Maurice.
À Baudement, il participa aussi au sauvetage et à la mise à l’abri des aviateurs alliés tombés lors des bombardements dont l’officier anglais Léon Mamoutoc qui mourut héroïquement au maquis de Saint-Mards-en-Othe le 20 juin 1944.
Le 27 juillet 1944, Guy Jeanson fut arrêté à Romilly-sur-Seine, rue de la Boule d’or, par six Feldgendarmes et remis à la Gestapo de Troyes, Bd Gambetta. Il fut incarcéré à la prison Hennequin le 28 juillet et enfermé pendant 28 jours dans une cellule sans fenêtre. Ses deux frères Hubert et Gabriel furent eux aussi incarcérés dans cette prison.
Le 22 août, alors que la Gestapo de Rennes venait d’emmener 49 prisonniers dont son frère Hubert, sur le champ de tir de Creney, la centaine de prisonniers restants s’autolibèrent, aidés des pompiers de Troyes et de voisins.

Guy Jeanson exerça de longues années à Romilly, le métier de boulanger avec son épouse, avant de se retirer à Sézanne.
Il reçut dès la fin de la guerre de nombreuses récompenses. « Patriote à toute épreuve a mené à bien toutes les missions périlleuses qui lui ont été confiées. » dit de lui le Cdt Grillot.
La fondation Carnegie lui dédia une « plaquette pour sa courageuse conduite du sauvetage du 1er juin. » Le gouvernement des États-Unis lui délivra un diplôme « pour l’aide généreuse donnée aux aviateurs alliés tombés en France » (signature de Air Chiel Marshal).
Charles Tillon lui donna un diplôme du Comité Militaire National FTPF qui indique qu’« il a servi avec bravoure dans les rangs des FTPF en qualité de Commandant et qu’il a donné aide et assistance aux FTPF pendant la guerre de libération nationale au péril de sa vie et de ses biens. Il a droit à la reconnaissance de la nation. »
Guy Jeanson est enterré au cimetière de Sézanne avec son épouse et son fils Joël, mort dans un accident en 1963.
L’ADIRP de l’Aube lui rend hommage chaque année en même temps qu’à son frère Hubert et à sa sœur Yvonne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article206791, notice JEANSON Guy, alias Commandant FTPF Maurice Fèvre par Jean Lefèvre, version mise en ligne le 24 septembre 2018, dernière modification le 2 mai 2020.

Par Jean Lefèvre

SOURCES : CDROM Aube, Sébastien Touffu. — Laurence Jeanson, Ma Jeunesse bouleversée, Éd. Velours 2012. — Notes du Cdt Grillot. — La Dépêche de l’Aube, 2008. — Daniel Jourdain Claude Macé, La Résistance dans l’Ouest aubois, 2018, Éd. ADIRP Aube.

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