MEILI Marthe, Huberte [épouse ORTOLI, puis SAVOSKI]

Par Daniel Grason

Née le 14 septembre 1910 à Paris (IVe arr.), morte le 30 novembre 1997 à Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes) ; mécanographe-comptable ; militante communiste ; résistante ; internée ; déportée à Ravensbrück (Allemagne).

Fille de Frieda Meili, vingt-quatre ans, née à Zurich (Suisse), interprète et de père non dénommé, Marthe Meili naquit 22 rue du pont Louis-Philippe à Paris (IVe arr.). Elle épousa le 25 janvier 1934 Alexandre Ortoli en mairie du XVIIIe arrondissement de Paris. Le couple vivait depuis 1938 au 92 chemin de la Fouilleuse à Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine). Elle fréquenta en 1937 et 1938 l’Université ouvrière dont le siège était avenue Mathurin-Moreau à Paris (XIXe arr.). Elle travaillait à l’entreprise les Chargeurs Réunis.
Elle adhéra au parti communiste en 1936 dans l’élan du Front populaire. En juin 1940, elle suivie l’entreprise qui se replia à Bordeaux (Gironde). Elle revint à Suresnes en août 1940, fut sans contact avec le parti communiste. Quant à son mari, il était prisonnier de guerre.
En mars 1942, elle rencontra un militant communiste, elle lui fit part qu’elle souhaitait reprendre de l’activité. Elle eut la semaine suivante un contact avec un inconnu à Puteaux près du pont de Neuilly qui lui apportait une machine à écrire Remington et des stencils. Il déposa le matériel chez André Savoski à Puteaux ainsi qu’un texte à dactylographier. Elle connaissait Savoski depuis 1936 époque à laquelle elle travaillait avec sa sœur au Touring-Club de France.
Un homme se présenta, en son absence à son domicile de Suresnes, il demanda des renseignements la concernant au voisinage. Elle craignait d’avoir été suivie. Elle tapa un nouveau stencil, le remis à son contact à qui elle exprima ses craintes.
Marthe Meili a été interpellée le 15 mai 1942 à six heures du matin au domicile de son ami André Savoski au 3 bis, rue Jean-Jaurès à Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine). Elle fut Interrogée au commissariat de Puteaux par le commissaire Lucien Bizoire, celui-ci lui demanda si elle avait été rémunérée. Elle répondit : « Non, je n’ai absolument rien reçu, et je tiens à dire que si l’on m’avait offert une rémunération quelconque je l’aurais carrément refusée. »
Le commissaire lui posa une seconde question : « Votre ami Savoski était-il au courant de votre activité, vous a t’il aidé dans votre travail et en général que pouvez-vous dire sur son activité personnelle ? » Elle répondit avec franchise qu’ils vivaient dans le même logement et « Il ne pouvait ignorer le matériel qui m’avait été confié. »
Son domicile du 92 chemin de la Fouilleuse à Suresnes fut également perquisitionné. Les policiers saisissaient : un petit drapeau rouge avec dans l’angle droit un rectangle tricolore, au centre du drapeau les lettres R.F., cinq stencils vierges, un rouleau de papier carbone, une plume avec une pointe acier, un stencil, une machine à écrire Remington. Elle reconnue utiliser le matériel pour la confection des stencils, quant au petit drapeau tricolore, elle l’avait confectionnée.
Emprisonnée à la prison de la Roquette à Paris (XIe arr.), elle comparut le 9 avril 1943 sous l’inculpation d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris. Marthe Meili, épouse Ortoli fut condamnée à deux ans de prison et 1200 francs d’amende. Onze autres militants impliqués dans la même affaire furent condamnés à des peines de prison.
Elle fut envoyée à la prison des femmes à Rennes (Ille-et-Vilaine), le 17 mai 1944 Marthe Meili était dirigée sur le Fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis). Le 30 mai 1944 elle était dans le convoi de 59 femmes envoyées au camp de Ravensbrück (Allemagne). Affectée au kommando de travail Leipzig-Schönfeld, elle a été libérée au cours du mois de mai 1945.
Marthe divorça d’Alexandre Ortoli le 13 juin 1946. Elle épousa le 28 juin 1947 André, Lucien Savoski en mairie d’Avion dans le Pas-de-Calais. Marthe Meili épouse Savoski, ex. Ortoli a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF) et Déportée, internée, résistante (DIR). Elle mourut le 30 novembre 1997 à Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article206797, notice MEILI Marthe, Huberte [épouse ORTOLI, puis SAVOSKI] par Daniel Grason, version mise en ligne le 24 septembre 2018, dernière modification le 24 septembre 2018.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/77, Z/4/144. – Arch. PPo. PCF carton 12 rapports hebdomadaire des Renseignements généraux du 26 mai et du 1er juin 1942, BA 2056. – Base de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation des Hauts-de-Seine. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – État civil numérisé de Paris 4N 209_B.

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