LUC Georges, Émile, Victor [pseudonyme dans la résistance : Victor]

Par Eric Panthou

Né le 26 décembre 1914 à Lyon (Rhône), mort le 16 janvier 1945 à Hersbrück (Allemagne) ; cuisinier ; militant communiste ; résistant, déporté.

Georges Luc est né à Lyon (2éme arrondissement) le 26 décembre 1914. Il se maria en 1938. Il était connu des services de Police de Roanne où il était arrivé en provenance de Paris en novembre 1939. Il était alors à la compagnie du gaz. Il a sans doute été envoyé à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) par la direction du Parti communiste pour aider à la réorganisation du Parti dans le département suite aux nombreuses arrestations survenues en 1940 et début 1941.
Il fut arrêté à Clermont-Ferrand le 14 septembre 1941 alors qu’il était suivi. Les enquêteurs pensant qu’il les avait repéré et, voulant éviter qu’il fuie, l’arrêtèrent. On trouva sur lui une valise avec 9 tracts communistes, 2 carnets de notes et 3 feuillets manuscrits, 10 opuscules, un carnet de souscription. On en conclut que c’était un militant influent, un permanent, qui n’avait pas d’autre activité que celles au service du Parti. La police pensa qu’il était chargé de la répartition du matériel pour les villes de Clermont, Roanne, Saint-Étienne et Montluçon et donc probablement responsable technique interrégional. Dans un document signé Victor, dont il paraît être l’auteur, il apparaît comme un dirigeant politique averti. Il possédait une bonne instruction secondaire, parlait allemand, anglais, espagnol, il a parcouru l’Angleterre et l’Autriche. Il se disait cuisinier lors de son arrestation mais ne travaillait pas.

En avril 1941, il était aide-cordonnier à l’entrepôt de l’intendance militaire à Clermont-Ferrand. Il fut soupçonné d’avoir distribué des tracts communistes. On l’accusa notamment d’avoir placardé sur un mur intérieur de l’entrepôt le « cahier » de revendications des ouvriers. On lui reprocha aussi d’avoir glissé un tract communiste intitulé « le combattant » dans le guidon de la bicyclette d’un de ses camarades. Perquisitionné le 16 avril et il s’est alors vigoureusement défendu d’appartenir au PC. A Saint-Étienne il était inconnu de la police.
Avant son jugement, il fut incarcéré avec quelques dizaines d’autres militants communistes à la prison militaire de Clermont-Ferrand. Avec 17 autres militants, il est jugé le 27 novembre 1941 par la section spéciale du Tribunal militaire de la 13éme région, siégeant à Clermont-Ferrand. Il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité.

Il fut sans doute interné ensuite dans divers endroits avant d’être envoyé à la centrale d’Eysse (Lot-et-Garonne) le 15 octobre 1943. Faisant parti des 36 meneurs de l’insurrection de la centrale le 19 février 1944, il fut livré aux autorités allemandes et déporté. Il fit parti du “train de la mort” parti de Compiègne le 2 juillet 1944 vers Dachau. Puis il fut envoyé à Hersbrück (Bavière). Il périt les reins brisés par des dizaines de coups de schlague, le 16 janvier 1945, après avoir lancé un coup de poing à un kapo qui le frappait pendant une harassante corvée de briques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article206814, notice LUC Georges, Émile, Victor [pseudonyme dans la résistance : Victor] par Eric Panthou, version mise en ligne le 24 septembre 2018, dernière modification le 28 décembre 2020.

Par Eric Panthou

Sources : SHD Vincennes, GR 16 P 379322, dossier résistant de Georges Luc (nc). — AVCC Caen, AC 21 P 480 230, dossier déporté de Georges Luc (nc). — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W100 : Note, Vichy, le 26 octobre 1941 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296W100 : Rapport du commissaire de Police Judiciaire Pigeon à Monsieur le Commissaire divisionnaire Chef de la 2éme Section à l’Inspection Générale des Services de Police Judiciaire, le 13 octobre 1941 .— Prison militaire de Clermont-Ferrand, note manuscrite de Roger Champrobert (Archives privées de Roger Champrobert) .— Note sur Georges Luc, Unis comme à Eysses : Bulletin trimestriel d’information et de liaison de l’Association nationale pour la mémoire des résistants et patriotes emprisonnés à Eysse, n°146, novembre 1983 .— http://www.eysses.fr/la-r%C3%A9pression/1200-d%C3%A9port%C3%A9s-%C3%A0-dachau/le-train-de-la-mort.

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