Par Frédéric Stévenot
Quatre-vingt six habitants d’Ascq furent massacrés dans la nuit du 1er au 2 avril 1944, par la 12e Panzerdivision SS Hitlerjugend, en représailles d’un sabotage contre la voie ferrée.
L’action avait été organisée par le groupe de sabotage d’Ascq, commandé par Paul Delécluse et composé d’Henri Gallois, Édouard Lelong, Eugène Mangé et Louis Marga et André Ollivier. Des explosifs furent placés au kilomètre 7.530, près du passage à niveau du Quennelet où débouche la rue Marceau, et visait un train de marchandises venant de la frontière belge. Cependant, un convoi de la 12e Panzerdivision SS Hitlerjugend s’intercala entre l’express Bruxelles-Lille et le train de marchandises, et la charge explosa sous la locomotive, vers 22 h. 44, qui roulait alors lentement, à 20-25 km/h. Le mécanicien belge, René Dascotte, put l’arrêter « rapidement par les moyens ordinaires et sans brusquerie […] à hauteur de la cabine d’aiguilllage ». Les dégâts furent assez modérés sur la motrice ; un wagon-plateforme avait déraillé ; quelques blindés basculèrent et furent légèrement endommagés ; aucune victime. L’électricité avait été coupée par l’explosion.
Sans que les causes aient été clairement établies, le massacre de quatre-vingt-six habitants eut lieu un peu plus tard, entre 23 h. 10 et 0 h. 40. Les personnes habitant à proximité de la voie furent raflées et emmenées à la cabine d’aiguillage puis vers la queue du convoi. L’aiguilleur, André Ollivier, fut le premier à être abattu, puis les fils Trackoen. Les hommes du groupe furent alors enfermés dans un wagon, puis abattus.
D’autres hommes furent capturés, habitant dans plusieurs rues des environs de la gare.
Parmi les victimes se trouvaient fortuitement plusieurs résistants, dont Charles Dutilloy et René Vandermersche, Maurice Cousin, Jean et René Trackoen, Gaston Baratte, Léon Dewailly.
Un tertre des massacrés fut élevé en leur mémoire, au 77 rue Mangin, à Ascq (auj. Villeneuve-d’Ascq).
Les victimes reposent dans le carré des corps restitués du cimetière de Villeneuve-d’Ascq.
Le massacre compte aussi des rescapés et de nombreux blessés, notamment par balle : Arthur Bettrémieux, 17 ans ; Jean Cardon, 45 ans ; Édouard Cardon, 20 ans ; Léon Chuffart, 31 ans ; Richard Dejonghe, 54 ans ; Gustave Mérie, 59 ans ; Clovis Pelloquin, 45 ans ; Arsène Sion, 63 ans ; Gustave Vancraeyenest 51 ans ; Oscar Vanmœrbeke, 68 ans.
Par Frédéric Stévenot
SOURCES : Jacqueline Duhem, Ascq 1944. Un massacre dans le Nord. Une affaire franco-allemande, Les Lumières de Lille éd., 2014, 266 p. — Sites Internet : Massacre d’Ascq ; article de Wikipedia, consultés le 25 sept. 2018.