Par Jacques Girault
Né le 25 août 1912 à Sartène (Corse), mort le 16 juin 2002 à La Garde (Var) ; ouvrier aux écritures à l’Arsenal maritime de Toulon (Var) ; secrétaire des Jeunesses communistes du Var (1935-1939).
Son père, maçon illettré, entra à l’Arsenal maritime de Toulon (Var) grâce au député radical-socialiste, comme manœuvre spécialisé après la guerre de 1914-1918 où il fut légèrement blessé. Sa famille, catholique pratiquante, habitait la basse-ville (rue des Boucheries puis rue Bastide). Syndiqué à la CGT, il fréquentait le cercle Victor Brémond. Ses trois fils eurent une formation différente : son plus jeune fut membre des Faucons rouges, Paul Corrotti milita dans les Jeunesses socialistes, fréquenta, jusqu’en 1928, le patronage catholique de Montéty.
Après avoir obtenu le certificat d’études, et deux ans d’école primaire supérieure Rouvière, il trouva un emploi de porteur de télégrammes auxiliaire à la poste. Il entra par la suite comme groom dans une banque d’où il fut licencié en 1935 alors qu’il y exerçait la fonction de comptable.
Classé comme auxiliaire pendant son service militaire (octobre 1933-octobre 1934) dans les Chasseurs alpins à Menton (Alpes-Maritimes), il fut employé au service du cadastre puis comme caissier comptable dans une entreprise de travaux publics.
Jean Corrotti avait fréquenté les jeunes de gauche qui se rassemblaient à la guinguette du Père Louis, Porte Bazeilles. Syndiqué quelque temps à la CGTU, il avait adhéré aux Jeunesses communistes à la fin de 1934. Il fut aussitôt élu par la conférence de Carnoules en 1934, membre du bureau du rayon du Var comme représentant des Jeunesses.
Animateur d’un comité de chômeurs au printemps de 1936 et trésorier du club sportif des travailleurs toulonnais, il était alors secrétaire des Jeunesses communistes et secrétaire à la propagande de la FSGT. Il participa à toutes les actions communistes à Toulon sous le Front populaire. Il avait adhéré au début de 1936 au Parti communiste et appartenait à la cellule Toulon-Centre dont le siège était dans un bar de la rue Lafayette.
Jean Corrotti passa l’essai d’ouvrier aux écritures à l’Arsenal maritime en février 1937. Reçu ouvrier temporaire le 16 août 1937, secrétaire comptable, il fut affecté, quand il devint ouvrier permanent en mars 1939, à l’atelier des réparations (constructions navales). À la suite de la grève du 30 novembre 1938, il subit un jour de mise à pied et trois mois de réduction de salaire de 0,10 horaire.
En novembre 1938, lors de la création de la Région du Var des Jeunesses communistes, il en devint le secrétaire et siégeait toujours au bureau régional du Parti communiste.
Mobilisé en août 1939, dans un régiment d’infanterie à Nice, il fut démobilisé le 24 juillet 1940. Il avait été convoqué par le juge militaire à Marseille à la fin de l’automne 1939 comme « secrétaire politique de l’organisation des Jeunesses ». Peu de temps après, il fut dénoncé à la suite d’une conversation avec un lieutenant portant sur le Pacte germano-soviétique. Défendu par Maître Pollack, il fut condamné à dix mois de prison avec sursis, le 4 novembre 1940, par le Tribunal militaire du XVe rayon pour détention de tracts.
Dès qu’il réintégra l’Arsenal après sa démobilisation, Jean Corrotti fut arrêté et interné au centre de séjour surveillé de Chibron (près de Signes, Var), le 12 septembre 1940. Transféré à Toulon, le 18 octobre 1940 incarcéré au Fort Saint-Nicolas à Marseille, il fut assigné à résidence forcée par le préfet le 5 avril 1941 à Gonfaron. La décision préfectorale fut peu après transformée en assignation à résider chez son frère, directeur d’école à Besse. Il y exerça le métier d’ouvrier agricole et fut en contact avec les FTP par l’intermédiaire d’Aimé Villecroze. Selon le registre des matricules de l’Arsenal, il aurait réintégré l’atelier central, le 17 mars 1941. Il s’agit certainement d’une erreur.
Jean Corrotti ne réintègra l’Arsenal qu’à la Libération. Ouvrier aux écritures en octobre 1944 à l’atelier des réparations, il fut nommé secrétaire comptable en janvier 1946. Syndicaliste CGT, il subit une retenue d’un échelon de salaire pendant quinze jours à la suite d’un débrayage en octobre 1950. Communiste, il fut membre du bureau de la section Ville, puis de la section Arsenal jusqu’en 1962. Il fut aussi pendant quelques années secrétaire de la cellule de l’atelier des réparations. En 1955, il faisait partie, lors des élections municipales, du comité qui soutenait la liste communiste dans le quartier du port et des halles.
Administrateur de la Mutuelle Marine, il obtint quatre demi-journées par mois le 13 juin 1960. Il fut détaché à la Mutuelle par la suite et représenta la CGT à la commission de réforme.
Marié à Toulon en juin 1964, il habitait le quartier de Saint-Jean-du-Var quand il partit à la retraite en août 1972. Il avait été réélu en 1976 pour un mandat de six ans comme membre du comité de section de Toulon de la Mutuelle Marine.
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch.Nat., F/17/15371. —Arch. Dép. Var, 4 M 48 ; 4 M 59.2 ; 4 M 59.4.3 ; 4 M 59.4.4 ; 4 M 291 ; 3 Z 2.6 ; 3 Z 4.30. — Arch. Troisième Région mar. : 2 A1/2211 ; registre de matricules CN 24 ; dossier individuel, 2 G2/634. — RGASPI, Moscou, 495 270 5707. — Presse locale. — Renseignements transmis par l’intéressé. — Notes de J.-M. Guillon.