GELBARD Maurice [GELBARD Abraham, Mozerk ou Moseck]

Par Marie-Cécile Bouju

Né en 6 avril 1895 à Novo-Radomsk (Radomsko) (Pologne), mort le 4 décembre 1961 à Paris ; ouvrier typographe puis maître-imprimeur ; résistant.

Né en Pologne, près de Lodz, fils de Benjamin Gelbard et de Dolma ou Hobra Elster, Maurice Gelbard arriva en France en 1918 ou en 1922, rejoignant son frère cadet Léon. Il rencontra à Paris sa femme Eva Kohn, couturière. Le couple eut trois enfants : Sonia, née en 1929, Marguerite en 1931, Rosette en 1932.
Il a habité à Paris au 17 rue François-Miron (4e arr.) puis à partir de 1928 au 1 rue Ferdinand-Duval.
En 1936, Gelbard s’installa à son compte, en créant une petite imprimerie de labeur, l’Imprimerie moderne, toujours située dans le Marais, au 20 rue Ferdinand-Duval. Sa clientèle était à la fois locale, pour laquelle il faisait des travaux de ville, et politique. Sioniste convaincu, il travailla notamment pour La Terre retrouvée, organe mensuel illustré du Keren Kayemeth Leisraël de France. Il faisait aussi de la sous-traitance pour l’imprimerie Dantzig. Il semble qu’il a également travaillé pour le PCF.
En 1940, malgré les lois antisémites, il continua à travailler comme imprimeur. Le 11 décembre 1940, son imprimerie fut perquisitionné : la police trouve des tracts communistes d’avant-guerre. Mais cela n’eut aucune conséquence. Dès juin 1940, il imprimait clandestinement des tracts et des faux papiers, notamment pour Simon Cukier.
Son entreprise était menacée d’aryanisation en juin 1941, mais grâce à la complaisance de l’administrateur provisoire, Gelbard obtint le statut d’artisan (il n’avait pas de clientèle directe) et conserva l’usage de son imprimerie pour des travaux de ville. Victoire fragile cependant. Le 26 août 1941, il fut arrêté et détenu à la prison du Cherche-Midi. Il fut relâché. A la suite de son arrestation, Gelbard décida d’arrêter alors les impressions clandestines. Rudolph Zeiler devait prendre sa suite. Ce dernier fut arrêté à son tour fin octobre 1941 et fusillé le 19 décembre au Mont Valérien.
Ce fut la rafle du Vel d’hiv du 16 juillet 1942 qui décida Maurice Gelbard à entrer totalement dans la clandestinité avec sa famille. Prévenus à temps, ils se cachèrent alors à Montfermeil et réussirent à survivre grâce à Léon et Louise Recoupé.
Après la guerre, Maurice Gelbard reprit son métier d’imprimeur, et son entreprise fut ensuite gérée par sa fille Marguerite. Toujours sioniste convaincu, il continua à travailler pour Terre retrouvée, mais aussi pour d’autres associations liées à la communauté juive de France. Toutefois l’essentiel de son activité concernait le labeur.
Il mourût en 1961, rue Ferdinand-Duval, dans ce quartier qui lui était cher.
L’Imprimerie moderne Gelbard a fermé ses portes en 1993. La première machine à imprimer, à pédale, acheté par M Gelbard a été offerte à la mairie de Tremblay.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article206913, notice GELBARD Maurice [GELBARD Abraham, Mozerk ou Moseck] par Marie-Cécile Bouju, version mise en ligne le 29 septembre 2018, dernière modification le 16 avril 2022.

Par Marie-Cécile Bouju

SOURCE : AN AJ 38 2349, dossier 15123 et 19940448/126 (11134) ; — PPo 1 W 690 24789. - Paul Chauvet. La Résistance chez les fils de Gutenberg dans la Deuxième Guerre mondiale. Paris : A compte d’auteur, p. 72-73. — Rosette Gelbard Dawidowicz. "Souvenirs d’une petite fille juive sous l’occupation allemande", Bulletin de la SEHT, n° 22, 1998, p. 38-41. — Comité français de Yad Vashem [en ligne]. — Entretien avec Rosette Gelbard Dawidowicz, 2015.

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