GU Ruofeng 顾若峯 [Koo Say-foong ou Koo Shih Foong]

Un des plus importants dirigeants syndicaux GMD des années 1930 qualifiés de « jaunes » par les communistes.

Il a dirigé avec Chen Peide* et Li Changgui* (voir à ces noms) la grande grève de la BAT qui s‘est conclue en février 1928 par un accord avantageux pour les ouvriers arraché au patronat britannique. Né à Shaoxing (Zhejiang) il a été embauché à la « vieille usine » de la BAT à Pudong où il a commencé sa carrière syndicale avant 1927. Après le 12 avril 1927 Il s’est rangé rapidement aux côtés du gongtong, l’organisation pseudo-syndicale mise en place par les généraux de la clique du Guangxi pour cautionner la terreur blanche et faire la chasse aux communistes ou supposés tels. Plusieurs rapports de police le présentent ainsi que Chen Peide* comme un « renégat ». Sa base parmi les ouvriers est formée de ceux d’entre eux qui sont originaires de Shaoxing et il est un disciple de Du Yuesheng. Ce qui le distingue de Chen Peide*, lui aussi affilié à la Bande Verte, mais dans la mouvance de Huang Jinrong, et implanté parmi les travailleurs originaires du nord du Yangzi - Jiangbei ou Kompo. Le troisième membre du trio initial des dirigeants syndicaux de la BAT , Li Changgui*, dont le principal appui était le gongtong, l’accuse, à la fin novembre 1927, de malversation dans la gestion des fonds de grève dont il avait la responsabilité. Fort du soutien de Du Yuesheng dont les réseaux mafieux étaient solidement implantés à Pudong, Gu Ruofeng accuse de son côté Li Changhui d’être un « agent communiste » et obtint son arrestation par des soldats d’une caserne de Pudong qui découvraient opportunément à son domicile de la littérature communiste. Jugé à Nankin, il écopa en janvier 1928 de 3 ans et 50 jours de prison pour « propagande communiste ». Gu Ruofeng avait profité pour abattre son accusateur du départ à la mi-novembre 1927 de Shanghai des militaires de la clique du Guangxi qui soutenaient le gongtong et il avait rejoint la nouvelle organisation syndicale, le gongzong, mise en place en décembre par les « jeunes turcs » du GMD proches de Chiang Kaï-shek. Il était le président du syndicat de la BAT quand fut signé l’accord qui mit fin à la grève le 16 janvier 1928. Il chercha à faire de cet accord son fonds de commerce en évitant le recours à la grève. Un rapport de police de 1947 le décrit « comme un syndicaliste actif à la BAT de Pudong dans les années 1930 qui avait gagné à cette occasion par son comportement la confiance des dirigeants de la BAT ». Dans un document confidentiel d’août 1934, le directeur de cette usine I.G. Riddick précise que le dangbu lui envoyait chaque année 200 yuan, ainsi que 500 à Chen Peide et 500 au « groupe de Shaoxing », sur les 1750 yuan qui provenaient des taxes versées par la BAT. Son rival Chen Peide lui reprit la présidence du syndicat en novembre 1929, en s’appuyant sur les gens du nord du Fleuve et sur les partisans de Li Changgui privés de leur chef. Lors de la crise politique de 1931, Gu Ruofeng se rangea du côté des syndicalistes « nordistes » favorables à Chiang Kaï-shek, alors que son rival Chen Peide avait rejoint les « sudistes » favorables à Wang Jingwei. En 1934, la direction de la BAT, confrontée à la crise économique, décida d’instaurer la semaine de trois jours, ce qui aboutissait à des salaires inférieurs de 50 % au minimum vital évalué par le BAS. Chen Peide estima que, dans ces conditions, la grève était inévitable. Elle eut lieu en juin 1934 et fut un échec dont le syndicat ne se remit jamais tout à fait. Lors de cette crise, Gu Ruofeng s’était rangé derrière Zhu Xuefan*, alors que Chen Peide avait cherché à contribuer à sa chute.
Gu Ruofeng décida ensuite de réorienter sa carrière. En 1945, on le retrouve dans l’exécutif du nouveau Syndicat Général de Shanghai présidé, en l’absence prolongée de Zhu Xuefan, par Zhou Xuexiang*. C’est désormais un fonctionnaire du Ministère des Affaires Sociales, une chasse gardée de la clique CC. C’est donc à cette date un homme de *Lu Jingshi qui en fait un fonctionnaire du BAS tandis qu’il devenait en même temps le commissaire ( zhidaoyuan) du Dangbu pour les syndicats ouvriers de Pudong. C’est à ce titre qu’il dénonça en avril 1947 un certain Wang Songtao, président du syndicat de la cotonnière anglaise Longchang (ex Lunchang du groupe Jardine and Matheson) comme « une créature de Zhu Xuefan, illettrée et méprisée des ouvriers » et organisa en juin de nouvelles élections pour la direction de ce syndicat qui désignèrent comme président un homme du Fulihui de Lu Jingshi. Il avait reçu dans cette opération l’appui de Hong Meiquan*, le président du syndicat de la BAT de Pudong, ainsi que des réseaux les plus troubles de Pudong.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article207025, notice GU Ruofeng 顾若峯 [Koo Say-foong ou Koo Shih Foong], version mise en ligne le 1er octobre 2018, dernière modification le 5 novembre 2022.

SOURCES : Archives de la BAT (Yizhong), publiées par l’Académie des Sciences Sociales de Shanghai : rapport de Riddick, août 1933. Roux 1991 pp 180-185. Archives Ewo (cotonnières Lunchang) aux Archives Municipales de Shanghai.

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