HONG Meiquan 洪梅全

Par Alain Roux

Né en 1910 dans le district xian de Yin (faubourg de Ningbo, Zhejiang) ; cadre syndical du Guomindang.

Ce cadre syndical du Guomindang, né en 1910 dans le district ( xian) de Yin, un faubourg de Ningbo au Zhejiang, est un parfait exemple de ces « caids-ouvriers » qui contrôlent le mouvement ouvrier dans un quartier populaire de Shanghai entre 1945 et 1948, avant d’être emportés, souvent jusqu’à Taiwan, dans la panique du régime en perdition à partir de l’hiver 1948-1949 ou d’être fusillés lors de la « terreur rouge » de l’automne 1951.
On dispose de la carte de visite (shenfenzheng : 身份证) de Hong Meiquan établie en 1947 reproduite, traduite de l’anglais, dans les archives de la BAT publiées par l’Académie des Sciences Sociales de Shanghai. On y énumère les 12 responsabilités qu’il exerçait à cette date. Soit (Les commentaires entre parenthèses sont de moi) :
1° Président de la section de Pudong du syndicat de la BAT (après « réorganisation » de ce syndicat par l’équipe Lu Jingshi le 9 mars 1946). Ce syndicat, intitulé « Pudong Yizhong yanchang gonghui » (浦东颐中烟厂) comptait en 1948 3668 adhérents. Le syndicat de l’autre usine de la BAT, située à Yangshupu-est, quartier Yulin, au 574 Tongbeilu (anciennement Thorburn street), comptait à la même époque 3490 adhérents et son président était *Chen Sanlian. Son nom était « Yizhong yanchang chanye gonghui » ( 颐中烟厂产业工会).
2° Membre de la commission de contrôle du Syndicat Général de Shanghai (élu lors de son 5° Congrès en septembre 1946)
3° Membre de la commission de contrôle de la 30° section du GMD (celle de Yanjing à Pudong où se trouve l’ usine n° 1 de la BAT).
4° Membre de la commission des affaires générales de l’Association pour le bien-être (fulihui) des ouvriers du tabac (nommé par Lu Jingshi)
5° Responsable du 20° bao, celui de Yanjing, dans le cadre du système de responsabilité collective du baojia (保甲).
6° Conseiller de 1° classe de la commission de contrôle du Fulihui (nommé par Lu Jingshi)
7° Conseiller du syndicat des travailleurs du bac (entre le Bund et Pudong, à Lujiahui) (nommé par Lu Jingshi)
8° Conseiller du syndicat ouvrier de l’usine d’allumettes Da Zhonghua ( nommé par Lu Jingshi).
9° Commandant en second du 16° bataillon de protection des usines
10° Conseiller adjoint du syndicat ouvrier de la cotonnière Lunchang (à Pudong. Le conseiller principal était *Gu Ruofeng, un des principaux lieutenants de Lu Jingshi).
11° Commandant en second de la troisème colonne (compagnie ?) du bataillon des volontaires de la police ( ces supplétifs, nommés par le commissaire du poste de police de Yangjing, étaient à Pudong des voyous autorisés à porter des armes…)
12° Député suppléant à l’Assemblée Nationale (élu à l’automne 1947 par le collège ouvrier).
Hong Meiquan avait commencé modestement sa carrière le 16 décembre 1934 quand il fut élu suppléant de la commission de contrôle du syndicat des ouvriers des cigarettes du 5° arrondisement (Pudong) : c’était le nom qu’avait reçu à cette époque le syndicat ouvrier de la BAT dont la « vieille usine » (ou usine n°1) employait environ 7.000 personnes à Pudong. Hong Meiquan était soutenu à cette date par *Zhu Xuefan et par les multiples réseaux de Du Yuesheng qui régnait en maître sur les bas fonds du quartier malfamé qu’était alors Pudong. Appuyé par les ouvriers originaires comme lui du Zhejiang il était engagé dans la lutte menée par Zhu Xuefan contre *Chen Peide et les travailleurs venus du Subei (Jiangbei ou, en dialecte, « Kompo »). Après 1945, Hong Meiquan était devenu un « caid ouvrier » de Pudong, comme second de *Gu Ruofeng. Il était supérieur aux simples gonggunzi (工棍子), ces « gourdins ouvriers » qui étaient des syndicalistes-voyous, mais inférieur aux lieutenants de *Lu Jingshi ou de *Wu Kaixian, comme *Gu Ruofeng, *Zhou Xuexiang, *Fan Caikui ou *Zhang Zhusan. Lors de la « terreur rouge » de l’automne 1951 à Shanghai, on rangea ce type de personnage dans la catégorie des « tyrans locaux » (eba : 恶霸).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article207027, notice HONG Meiquan 洪梅全 par Alain Roux, version mise en ligne le 1er octobre 2018, dernière modification le 5 novembre 2022.

Par Alain Roux

SOURCES : Roux, 1991, pp 609-610. Sur la désignation des « caids ouvriers » de quartier comme Eba voir le Jiefang ribao du 30 novembre 1951.

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