PANICO Jean alias GAUTIER Jean [Pseudonyme : JARDIN]

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Né le 8 octobre 1906 à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges), mort le 5 décembre 1949 à Créteil (Val-de-Marne) ; briqueteur ; militant communiste ; résistant ; interné ; déporté à Dachau (Allemagne).

Fils d’Edouard, Manino, Garini Panico et de Vincenza di Lucia, Jean Panico épousa Francesca Diaz le 28 août 1926 en mairie de Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine). Le couple habita une courte période dans cette ville, puis vécut dès 1928 dans un logement de deux pièces au 18 rue de l’Emancipation à Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis). Il adhéra au parti communiste en 1936 dans une cellule d’entreprise d’Ivry-sur-Seine, en 1939 il était organisé à la section de Bobigny (Seine, Seine-Saint-Denis) de la région Paris-Est. De 1938 à 1939, il était secrétaire permanent du syndicat général de la Maçonnerie Pierre CGT de la Région parisienne. Il était aussi membre de la commission paritaire de chômage de Romainville. La police l’appréciait « comme étant un militant révolutionnaire actif. » Mobilisé le 2 septembre 1939, il fut réformé trois mois plus tard pour « ulcère à l’estomac ».
En juillet 1941, il entra dans la clandestinité. En septembre de la même année des tracts édités par le parti communiste étaient saisis chez Jean Faubregas militant communiste. En septembre 1941 un inspecteur de police rendit visite à son épouse Francesca. Elle déclara qu’il était parti « depuis quatre semaines travailler en province mais qu’elle ne connait ni la maison qui l’occupe, ni la région où il a pu se diriger. »
Le 20 octobre 1941 un juge d’instruction délivrait un mandat d’arrêt contre Jean Panico pour « présomption d’infraction au décret du 26 octobre 1939 et à la loi du 14 août 1941. » La police et la gendarmerie furent chargés d’enquêter. Les gendarmes notèrent qu’il avait comme témoins de naissance « deux musiciens ambulants et sans adresse connue », et que son épouse Francesca orthographié « Francisca » avait « été baptisé à la Cathédrale de St Dié le 7 novembre 1906. »
Les gendarmes rendirent visite à son épouse qui affirma que « depuis 3 mois [elle] est sans nouvelles de lui. » Ils rencontrèrent le facteur, il n’avait « vu passer aucune correspondance » pouvant émaner de Jean Panico. Les enquêteurs s’assurèrent que tous les membres de sa famille père, sœur, beau-frère, frère, belle-sœur étaient sans contact avec Jean Panico. Les pandores concluaient : « Malgré nos recherches nous n’avons pu recueillir aucun indice ou renseignement permettant de faire découvrir le refuge actuel de Panico. »
Le 17 avril 1943 des policiers interpellèrent Jean Panico et Paul Allaire avenue du Roule à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine). Fouillé, il était porteur d’une carte d’identité française au nom de Jean Gautier, nom sous lequel il vivait au Kremlin-Bicêtre. Fouillé, il portait sur lui des imprimés de certificats de travail, des fiches individuelles en blanc, les feuilles sur lesquelles figuraient des rendez-vous.
Selon ses déclarations, il reprit de l’activité en juillet 1941. Il fut chargé de l’activité syndicale au sein de comités populaires du bâtiment, était en relation militante avec Jean Briquet. Affecté à la région P1, il a été en relation militante avec « Rivière » (Roger Linet), « Legris » et « Legay ». Il déclara être rétribué 2000 francs par mois et 500 francs pour charges de famille.
Francesca Panico a été interpellée le même jour que son mari le 17 avril 1943. Elle vivait sous le nom de Gautier 7 rue du Fort au Kremlin-Bicêtre (Seine, Val-de-Marne). Ayant vu les policiers arriver elle se cacha dans un placard. Découverte, elle déclara ne pas connaître Panico, puis se rétracta.
Interrogée, elle déclara ignorer l’activité clandestine de son mari. Elle affirma s’être cachée « en raison du fait qu’elle craignait d’être arrêtée, étant débitrice de 800 francs sur le montant d’une amende à laquelle elle fut condamnée en 1942. »
Emprisonnée à la prison de la Roquette, elle comparut le 13 mai 1943 devant le tribunal de première instance du département de la Seine. Elle confirma les déclarations faites aux policiers, et précisa « Ayant été condamnée en mai 1942 pour avoir irrégulièrement utilisé la carte d’alimentation de mon mari, qui était en déplacement, je devais encore une somme sur l’amende qui m’avait été infligée. Croyant que l’on venait pour cette affaire, j’ai en effet tenté de me dissimuler dans un placard. » Elle a été internée administrativement le même jour, en application du décret du 18 novembre 1939 à la caserne des Tourelles.
Le 17 avril 1943 six inspecteurs de la BS2 interpellèrent Jean Panico et Paul Allaire avenue du Roule à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine). Fouillé, il était porteur d’une carte d’identité française au nom de Jean Gautier, nom sous lequel il vivait au Kremlin-Bicêtre. Fouillé, il portait sur lui des imprimés de certificats de travail, des fiches individuelles en blanc, les feuilles sur lesquelles figuraient des rendez-vous.
Emmené dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, il a été détenu sept jours dans la salle 36. Selon ses déclarations obtenues sous les coups, il reprit de l’activité en juillet 1941. Il fut chargé de l’activité syndicale au sein de comités populaires du bâtiment, était en relation militante avec Jean Briquet. Affecté à la région P1, il a été en relation militante avec « Rivière » (Roger Linet), « Legris » et « Legay ». Il déclara être rétribué 2000 francs par mois et 500 francs pour charges de famille.
Il resta huit jours au Dépôt, puis il a été incarcéré à la prison de la Santé. En octobre 1943, le tribunal de la Section spéciale le condamna à trois ans de prison, il réintégra une cellule de la Santé. Le 17 avril 1944 il était envoyé à la centrale d’Eysses à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), il quitta Eysses avec les 1100 prisonniers le 30 mai pour Compiègne. Jean Panico était avec ses compagnons le 18 juin 1944 dans le convoi de 2139 prisonniers à destination de Dachau (Allemagne) où ils arrivèrent le 20 juin.
Deux régiments de la 7e armée américaine arrivèrent au camp, quelques combats se déroulèrent avec des unités de SS présentes sur place. Aux abords du camp les militaires américains découvraient dans une quarantaine de wagons de marchandises 2000 cadavres. Matricule 73823, il était parmi les 1541 survivants de ce convoi.
Le 13 juillet 1945, il témoigna devant une commission rogatoire, il déclara : « J’ai été frappé au cours d’interrogatoires […] particulièrement par B… qui m’a fait déshabiller et mettre à plat ventre sur une chaise et m’a frappé pendant deux heures et demie environ à coups de nerf de bœuf. L’inspecteur V… m’a frappé également à plusieurs reprises à coups de poings au visage et au creux de l’estomac. »
« Je tiens à signaler qu’ayant les mains attachées avec les menottes j’ai demandé à l’inspecteur A… de ne pas me frapper au creux de l’estomac, […] il n’a connu aucun compte de ma demande et m’a porté immédiatement un coup de poing à l’estomac. »
Jean Panico a été homologué Déporté, interné, résistant (DIR), et au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Il mourut le 5 décembre 1949 à l’âge de quarante-trois ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article207133, notice PANICO Jean alias GAUTIER Jean [Pseudonyme : JARDIN] par Daniel Grason, Gérard Larue, version mise en ligne le 4 octobre 2018, dernière modification le 15 décembre 2020.

Par Daniel Grason, Gérard Larue

SOURCES : AN Z/4/15, Z/4/90. – Arch. PPo. BA 1841, KB 64, 77W 3114, 77W 5349. – Bureau Résistance GR 16 P 456243. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Base FMD. – Site Mémorial de la Shoah « Les libérations des camps et le retour des déportés. » – État civil.

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