MAUPOINT Jean [MAUPOINT Jean, René, Marie, François]

Par Marie-Cécile Bouju, Eric Panthou

Né le 24 septembre 1907 à Luçon (Vendée), mort le 21 août 1945 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), typographe ; membre de la Confédération générale du Travail (CGT) ; chansonnier ; prisonnier de guerre évadé ; résistant, arrêté pour son action de propagande anti-allemande sur scène ; mort à son retour de déportation.

Musée de la résistance de Chamalières

Fils de Louis Maupoint, négociant, et de Marie Renaud, Jean Maupoint avait le certificat d’études primaires. C’était un travailleur du secteur du livre, linotypiste de son métier, syndiqué à la CGT. Il est arrivé à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) le 1er février 1932 pour travailler à l’Imprimerie Moderne, rue du Port, là où notamment été imprimé le principal quotidien de la région, conservateur et catholique, L’Avenir du Plateau central.

Compositeur, chanteur et d’une inaltérable bonne humeur, il mena une carrière de chansonnier qui l’occupait lors des temps libres que lui laissait son métier dans le Livre. Au milieu des années trente, il animait les premières parties du cinéma Le Rialto qui se trouvait place Chapelle-de-Jaude à Clermont-Ferrand, assurant des numéros de music-hall avant la projection des films, que ce soit de très nombreuses chansons mais aussi des sketches. Il jouait dans des théâtres, cinémas, à la Maison du Peuple mais aussi de petites salles du département. Il évoque d’ailleurs sa profession de typographe dans "La Valse des Cadratins".

Il reste connu à Clermont-Ferrand pour être l’auteur en 1937 d’une ode à la Tiretaine, rivière qui traverse l’agglomération clermontoise et qui recevait à l’époque tous les déchets de la ville.
Il écrivit aussi Lettre de la Marquise de Sévigné au Manager de l’ASM à propos d’un match entre l’équipe de rugby de l’Association Sportive Montferrandaise (l’équipe de la Société Michelin) et l’équipe de Perpignan suite sans doute à la victoire de l’"quipe clermontoise en finale du Challenge Yves du Manoir en 1938.

Grâce au succès de cette chanson, il se fait une belle place dans le petit monde du spectacle amateur local et monta des revues avec une troupe complète.

C’est là qu’il fit la connaissance d’Edmond Leclanché, élégant champion de lutte, danseur acrobatique et futur héros de la Résistance auvergnate. En août 1939, il déménage avec son épouse prête à accoucher, au 13 rue du Pérou, dans un immeuble locatif d’une quartier populaire proche du centre ville de Clermont-Ferrand.
Affecté, en septembre 1939, au Théâtre aux Armées au 611ème Régiment de Pionniers, 3ème Bataillon. C’est sans doute à ce moment qu’il écrit une chanson intitulée "Lorsque la guerre sera finie" où il se place dans un village français qu’il surnomme "Godasse les Bains" et où il décrit les gens évacués, les repas avec des patates, le coucher par terre. Il écrivit aussi à cette période "Noël quelque part en France" où il supplie le petit Jésus de faire en sorte qu’Hitler soit bientôt vaincu.

Il est fait prisonnier après l’invasion allemande. Jean Maupoint s’évada pour bientôt mieux monter en premières lignes ferrailler, humour au claire, contre ceux qu’il appelait les "Verts de gris".

A son retour chez lui, il continua de mener sa carrière de linotypiste et son métier de chansonnier. Il chantait tous les jours (matinée et soirée) des chansons d’actualité. Il en composait une par semaine où il y avait toujours un ou plusieurs couplets contre les Allemands. Les salles étaient toujours pleines car le public n’y allait que pour l’entendre chanter et raconter des histoires contre les Allemands que l’on se répétait toute la semaine dans la ville.

Fin novembre 1940, Jean Maupoint avec sa Compagnie organise un concert au profit des prisonniers du corps expéditionnaire de Narvik, intervenant lui-même aux côtés d’autres artistes. Le compte-rendu du Journal des débats politiques et littéraires du lendemain est flatteur pour l’artiste : "Le chansonnier Jean Maupoint demeure dans une forme parfaite, et sa dernière chanson sur "la Chasse en 1941", pot-pourri de maints airs célèbres, pétille d’esprit. L’auteur la dit et la mime avec un art nuancé. Le chansonnier clermontois peut rivaliser avec n’importe quel chansonnier parisien."

Il n’hésitait pas en effet à brocarder les Allemands, qualifiés de “vert-de-gris et de doryphores “. Une de ses chansons disait ainsi ; "La pauvre dame, qu’est ce qu’il y avait comme haricots verts, ce matin au marché... M’en parlez pas, ce sont des mange-tout !". Un clin d’œil à l’uniforme des Allemands et aux restrictions qu’ils imposaient.
Le 4 juin 1942, année de sa fondation, la SACEM admet Jean Maupoint en son sein. Elle conserve deux monologues manuscrits de lui, "Mon vieux vélo", et "La dernière
cigarette", rédigé en 1940, au fond du Stalag.

Après l’invasion de la zone libre en novembre 1942 et l’arrivée des troupes allemandes à Clermont-Ferrand, tout en continuant son activité de chansonnier, Jean Maupoint s’engagea dans la Résistance dès cette date. Il a en particulier fait du renseignement et fut membre des FFI d’Auvergne, avec le grade de lieutenant, avec service homologués de janvier à mars 1943.

La gravité de la situation transparaît y compris dans son œuvre. C’est à ce moment là qu’il écrivit juste avant Noël 1942, Lettre de Toto au Père Noël, une chanson de larmes destinée à son fils Jacky. « Dis Père Noël, je t’en supplie, ramène mon papa chéri. » Chanson qu’il interprète au Paris cette même semaine de Noël.

Le 1er décembre 1942, le Commissaire central de la Ville de Clermont-Ferrand informe l’Intendant de Police, suite à ses instructions verbales, qu’il vient de convoquer Jean Maupoint pour la troisième fois, en lui faisant observer "qu’il ne serait plus toléré à l’avenir qu’il fasse allusion en quoi que ce soit, dans ses chansons, aux allemands (sic) ou aux troupes d’occupation." Le commissaire prévient alors Maupoint que c’est la dernière observation qui lui serait faite avant une prochaine mesure d’éloignement de Clermont s’il persistait. Maupoint promit à l’avenir de soumettre à l’avis du commissaire de quartier le texte de toutes les chansons comprises dans son programme, avant de les chanter. La réalité fut toute autre.

Le 12 janvier 1943, c’est le directeur du cinéma "Le Paris" qui est convoqué par le Commissaire principal et qui voit son établissement menacé de fermeture s’il persiste à tolérer que le speaker Maupoint, chargé de la présentation du Programme de son établissement, se permette des "allusions blessantes à l’égard des Troupes d’opération et de nature à troubler le bon ordre et à attirer de graves ennuis au Gouvernement".
Maupoint est reçu le même jour. On lui fait connaître "une fois pour toute qu’il doit cesser immédiatement et définitivement de compromettre ainsi les efforts du Gouvernement". Il est avisé qu’à la première incartade, il se verra interdire l’accès des scènes clermontoises et qu’il peut aussi être interné administrativement.

L’affaire était importante et était remontée jusqu’au cabinet de René Bousquet. Le 27 décembre, Maupoint avait raconté au Paris une histoire Marseillaise mettant en scène Marius allant à Vichy rencontrer le Président Laval et racontant à Olive à son retour qu’il en a été empêché parce qu’il y avait la queue... allusion aux files de ménagères devant les magasins d’alimentation. La note manuscrite ordonnant l’intervention policière suite à cette provocation ordonne un "internement immédiat" s’il continue.

Le Commissaire procède à une enquête et conclut que le 27 décembre, Maupoint a prononcé la phrase suivant : "Marius se rend à Rome pour corriger Benito". Il y a donc eu mauvaise interprétation du public estime le policier écrivant à l’Intendant de Police.
Le 14 janvier, le commissaire de permanence, sur instruction du préfet régional, se rend dans la loge de Maupoint et lui fait part de l’interdiction formelle faite par le Préfet à Maupoint de chanter le dernier couplet de sa chanson intitulée "A titre provisoire". Celui-ci s’abstint effectivement ce soir là. Dans cette chanson, Maupoint se moque dans un premier temps de la mairie de Clermont-Ferrand qui vient de recevoir en legs la fortune de l’industriel Conchon-Quinette, à condition qu’elle bâtisse une nouvelle mairie avec cette somme. Mais le legs n’est accepté qu’à titre provisoire, ce qui suscite les railleries de Maupoint qui fut visionnaire car finalement c’est Pierre Laval qui va racheter la succession refusée par Clermont, par une enchère à la bougie !

Maupoint, dans le VIIe couplet, déclare surtout que la présence des Allemands est provisoire :
"A t’on clamé sous tous les cieux
Les réceptions c’est ennuyeux
Et de plus ça devient couteux
J’veux me croire
Pourtant sans faire d’invitation
Continuell’ment nous recevons
Beaucoup d’amis dans not’maison
A titre provisoire".
Et dans l’ultime couplet, il écrit :
"J’aurais voulu dans ma chanson
Vous dire quelques mots folichons
Mais on m’a dit faites attention
Ou gare
Alors j’ai fait ces petits couplets
Qui sont gentils, qui sont discrets
Aussi m’laiss’ t’on encore chanter
A titre provisoire".

En janvier 1943 toujours, la police de Clermont-Ferrand intervint au théâtre municipal pour l’avertir qu’il ne devait pas chanter un texte évoquant le marché noir. Il venait d’improviser peu avant une chanson intitulée "Vieux souvenirs. Lettre d’un Clermontois en 1953 à l’un de ses amis parisiens réfugiés jadis (1943) en Auvergne". Le refrain de la chanson était :
En ce triste temps naguère
Nous avions ach’té un soir
Un beau jambon de derrière
3000 francs au marché noir...

Ces avertissements multiples le l’arrêtèrent pas. Les dossiers de police montrent bien comment à partir de janvier 1943 la pression se fit de plus en plus forte, et ce au plus haut niveau, pour que Maupoint cesse ses envolées. Le 16 janvier, c’est un rapport complet qui est fait sur sa situation matérielle mais aussi son travail de linotypiste. Bien que le ménage disposait de revenus jugés assez importants, il est jugé "bohème". Maupoint est considéré comme un ouvrier très moyen mais vivant en très bonne camaraderie avec ses collègues, n’ayant aucun activité politique. On apprécie l’attitude conciliatrice qu’il eut pendant les grèves de 1936 ici. Il appartient début 1943 à la Légion Française des Combattants où il a été nommé membre de la Commission des Arts et des Sports, chargé à ce titre des fonctions bénévoles d’organisateur des soirées récréatives. Il est à ce titre le principal acteur d’une revue organisée au bénéfice des œuvres de la Légion : Cororico.

Sa réputation de chansonnier s’est faite depuis plusieurs années au cours de petits galas de sociétés et à l’occasion de fêtes ouvrières. On note que depuis qu’il a été embauché au cinéma Paris pour présenter les attractions et s’y produire lui-même dans un tour de chant, il en a profité pour lancer des réflexions sur le séjour des troupes allemandes. L’inspecteur concluant ce rapport plutôt bienveillant, en émettant l’hypothèque selon laquelle, Maupoint, "très cabotin et à défaut de talent réel, cherche à se créer une popularité facile parmi ses auditeurs dans le but intéressé d’augmenter son potentiel d’artiste à succès".
Le public accourait en effet toujours plus nombreux pour écouter celui qui osait dire tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas.
Le 28 janvier, le chef du service régional de la Sûreté publique s’inquiète du fait que Maupoint n’a présenté qu’un seul texte de sketch à la censure et à la police, avant sa participation le 30 à un concert au profit des prisonniers de guerre. On demande au Commissaire central de bien lui faire remettre ses textes et le mettre en garde contre toute allusion tendancieuse.

Le Commissaire principal de police délègue un des ses hommes pour assister à un gala au profit des prisonniers de l’Hôtellerie, le 3 mars 1943. Mais Maupoint était absent car requis par un agent des troupes d’opération au moment de la répétition.
Un soir, au Paris, Maupoint entra en scène avec un portrait d’Hitler et prit à témoin les spectateurs : « Alors qu’est-ce qu’on fait ? On le pend ou bien on le cloue ? ». La salle, hilare, répondit : "Pends-le !". Sa vanne revint aux oreilles des Miliciens qui le firent arrêter par la Gestapo dans les coulisses le 2 mars 1943 vers 17h alors qu’il était en répétition « avec la" troupe Jean Maupoint". « Continuez, je reviens », rassura-t-il son entourage. Selon des dossiers d’épuration découverts en 2018, c’est suite en particulier à une dénonciation qu’il fut arrêté. C’est André Bousquet lui-même, qui prévint Pierre Laval, le 3 mars 1943, de cette arrestation par deux policiers allemands.

Dans une lettre à l’un de ses meilleurs amis, à son retour à Clermont-Ferrand en juin 1945, il lui apprend qu’il avait projeté d’aller se cacher chez lui en mars 1943 car il avait été prévenu la veille de son arrestation. Mais il renonça, ne voulant pas que sa femme soit arrêtée à sa place. De plus, prévenu à plusieurs reprises, il avait prit ses responsabilités, faisant de la résistance à sa façon, "avec le public contre les "Chleus"". Pour lui, fuir "aurait été une sorte de désertion".
Il fut dans un premier temps incarcéré du 2 au 10 mars 1943 à Vichy, puis jusqu’au 10 ou 15 avril à Moulins (Allier). Il fut ensuite transféré à Compiègne. Alors qu’il tourne en rond au camp de Compiègne en partance pour Mauthausen (Allemagne), il pousse encore et toujours la chansonnette, organisant quelques séances récréatives. Ses compagnons de bat-flanc se souviennent encore de « A Compiègne ! » qu’il composa en respectant vaille que vaille la rime : « Mais faute de sirènes aux cheveux ondulés, dans le camp toute la semaine nous apercevons les frisés… ".

Il fut déporté le 20 avril à Mauthausen. Après une quarantaine, il appartint au premier "transport" à destination de Wiener-Neustradt le 19 juin 1943.
En poussant des wagonnets à Mauthausen, le déporté Jean Maupoint occupait le mieux possible son esprit en rimaillant sur l’inconfort, les turpitudes et parfois le ridicule même de la vie imposée aux déportés, fredonnant ses créations à ces compagnons. Au nombre de 250 à 300, ses camarades présents à Wiener-Neustadt entre fin juin et la deuxième quinzaine d’août 1943, dans les rares moments de détente qu’il y eut, certains dimanches, purent l’entendre chanter deux de ses créations, La Marche des bagnards de Wiener-Neustadt et la Valse des Courges. Il fut du dernier convoi qui, après le dernier bombardement, quitta le camp en novembre 1943, à destination des tunnels de Dora. Une photo de propagande allemande le montre en toque et chemise rayée de déporté, bidouillant des circuits électriques dans un atelier de Dora.

Jean Maupoint était affecté à l’usine souterraine chargée de fabriquer les V2. Un reportage photographique réalisé l’été 1944 et destiné à Hitler montre Jean Maupoint au milieu de ses camarades, avec un uniforme plus usé que les autres car il était arrivé plus tôt qu’eux. Les conditions de travail y étaient effroyables. C’est en travaillant dans ces tunnels qu’il contracta la maladie pulmonaire qui devait l’emporter trois mois plus tard. La déportation n’empêcha cependant pas Jean Maupoint de continuer à écrire et chanter de nouvelles chansons sur leur situation ou en hommage à ses camarades, à l’image de "Il avait quinze ans...", rédigée à Dora le 15 août 1944 en mémoire de Robert, un jeune originaire de Bordeaux et mort à 15 ans peu avant.
Ce même moi, il signe "Dora", sur l’air de "Marie. Dora est une "chanson humoristique sur un lieu macabre" comme le précise le sous-titre.

Quelques semaines plus tard, il signe le 29 octobre 1944 "La Carte rose", sur l’air des P’tits Chagrins. Cette chanson évoque la bureaucratie des camps où il faut fournir une carte avec des tickets pour plusieurs prestations (notamment recevoir des cigarettes) et qui évoque aussi la prochaine épuration en France :
"En vue de not’ retour prochain
Evitons avec un grand soin
D’brouiller les cartes.
Car y aura des comptes à régler
Tant pis pour ceux qui auront joué
La mauvaises carte".

Le 5 mai 1945 il fut libéré par l’armée américaine, alors que lui et ses camarades se trouvaient dans un train abandonné par les Allemands. Il fut rapatrié à Nancy, puis à Paris avant de rejoindre l’hôpital militaire Saint-Gabriel à Clermont-Ferrand le 7 mai 1945.
Le 26 mai, de son lit d’hôpital, il écrivit à son ami René Jarlier, de Saint-Flour (Cantal). Il déclare à son ami qu’il a fait les camps d’extermination les plus durs en Allemagne, notamment le fameux souterrain de Dora où il est resté 17 mois et tomba malade. Bien que très affaibli et se sachant gravement malade des poumons, il imagine qu’il lui faudra plusieurs années de convalescence dans des régions au climat sain comme celui des montagnes d’Auvergne et en particulier du Cantal où son ami l’invite. Déclinant l’invitation car encore trop faible, il revendique encore sa bonne humeur : "Ne crois pas parce que je dis tous ces "hélas" que le moral soit à zéro, non il n’a jamais été meilleur, tel il était dans mon souterrain de Dora, où jamais je n’ai désespéré, tel il est aujourd’hui et de plus je suis ici à Clermont." Il remercie son ami pour lui avoir envoyé un colis, lui apprend que les visites sont interdites pour le voir à l’hôpital, mais que sa femme, qu’il appelait Suzan, se débrouillera bien pour le faire entrer lors de sa venue, et qu’il s’y est pris à plusieurs reprises pour écrire cette première lettre depuis son retour de déportation.
Le 21 août 1945 à l’Hôtel-Dieu de Clermont, à bout de force, il reçut la médaille de la Résistance par le chef des FFI d’Auvergne, le Colonel Gaspard, et l’insigne des combattants des FFI par Jean Curabet, président du Comité régional de Libération. Le représentant du général Dejussieu, chef national de la Résistance, déclara aussi ce jour combien l’action du grand patriote Jean Maupoint avait été appréciée en haut lieu. Pour la première et dernière fois de sa vie, Jean Maupoint n’avait plus envie de rire.
Il mourut quelques jours plus tard.
Ses obsèques au cimetière de Montferrand virent une foule nombreuse lui rendre hommage, notamment ses camarades du Syndicat du Livre mais aussi déportés, en présence du Général Duché et du Colonel Gaspard. On rappela comment Jean Maupoint avait contribué à relever le moral de ses concitoyens clermontois puis camarades prisonniers.
Quelques semaines plus tard, un de ses amis artistes d’avant-guerre, Henri Grippel, le père du comédien du TNP, Jacques Grippel, organisa un grand gala le 30 octobre 1945 à la mémoire de Jean Maupoint, "Jeantou" et au bénéfice de son fils, Jacky. L’assistance du cinéma Le Paris, là même où il s’était produit si souvent, eut la surprise d’entendre, par enregistrement, la voix du disparu dans une de ses œuvres où, pour la première fois, personne n’a ri. Plusieurs de ses chansons et deux de ses sketches furent interprétés et une plaquette-souvenir contenant sa biographie ainsi que ses œuvres essentielles fut alors imprimée gracieusement par les Imprimeries Modernes et vendue au bénéfice de cette soirée. Cette plaquette est malheureusement aujourd’hui introuvable.

Homologué FFI au sein de la formation "MUR FFI d’Auvergne", pour la période du 1er janvier au 3 mars 1943, il n’a cependant pas de dossier individuel de déporté et interné résistant au SHD de Caen. Le colonel Gaspard certifia que Jean Maupoint appartenait au réseau de renseignements de l’état-major régional R6 et qu’il fut arrêté notamment pour la propagande incessante qu’il faisait en faveur de la cause de la Résistance.
Jean Maupoint avait épousé à Clermont-Ferrand le 28 janvier 1933, Marie-Suzanne Rochette, employée aux PTT, née à Montferrand en 1912. Il avait un fils, Jacques, né le 30 septembre 1939.
Les manuscrits de ses chansons ont été saisis à son domicile lors de son arrestation et un dossier concernant celles-ci existe aux archives du Puy-de-Dôme.
Conformément à une décision du Conseil municipal de Clermont-Ferrand, le 29 septembre 1962, la rue Jean Maupoint fut officiellement inaugurée le 6 mai 1962 par son fils Jacques en présence notamment d’Edmond Leclanché et d’Alexis Fiet, Clermontois déporté avec lui à Dora. Son ami Maurice Lyno, qui avait fait ses débuts dans la troupe Jean Maupoint, avant de monter son propre numéro de cirque, retraça alors son itinéraire.
La citation de Jean Maupoint comme Résistant, signée du Chef régional des FFI, le 14 août 1945 : "Magnifique patriote, sans peur en face de l’ennemi. A été durant toute l’occupation le plus pur exemple de l’esprit de sacrifice d’un Français pour le triomphe de la Liberté, pour la victoire de la justice sur l’iniquité. A bien mérité de la patrie."
Un portrait et une caricature de Jean Maupoint nommé ici Mop’Hoin figure dans un article de Manuel Rispal consacré à Edmond Leclanché, paru en 2015.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article207184, notice MAUPOINT Jean [MAUPOINT Jean, René, Marie, François] par Marie-Cécile Bouju, Eric Panthou, version mise en ligne le 6 octobre 2018, dernière modification le 26 janvier 2022.

Par Marie-Cécile Bouju, Eric Panthou

Musée de la résistance de Chamalières
A titre provisoire, chanson de Jean Maupoint
A titre provisoire, chanson de Jean Maupoint
Parole d’une chanson de Jean Maupoint soumise à la censure.

Les Chansons d’actualité, de Jean Maupoint, créées au "Paris", par l’auteur, Clermont-Ferrand, chez l’auteur, impr. Montlouis, circa 1937, 8 p. Contient : "Lettre à Vercingétorix", "Pour vous, Mesdames !", "Black-out", "La Crise des Tramways".
Parmi ses nombreuses chansons, quelques uns sont consultables en ligne, d’autres sont parues dans des articles.
Au bord de la Tiretaine, 1937 : http://luclau.fr/cf_tire.html
Deux chansons écrites en déportation :
A Compiègne (Marche du Front Stalag 122), 1943. Paroles de Jean Maupoint, musique de Faustin Jeanjean : https://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=1724&lang=fr
Dora, Dora, 1944 : https://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=58235&lang=fr
Il avait quinze ans.., 1944, texte édité dans Résistance d’Auvergne, n°166 ; novembre 2015. Rédigé le 15 août 1944 à Dora.
Lettre de Toto au Père Noël, Mauhausen, Bulletin intérieur de l’Amicale des Déportés et Familles de Mauthausen, n°224, 4e trimestre 1985. [en ligne : http://campmauthausen.org/librairie/bulletins/cat_view/75-bulletins-1985]
A titre provisoire, paroles de Jean Maupoint, musique de F. Jeanjean : Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 900 W 58.
Vieux souvenirs, paroles de Jean Maupoint : Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 900 W 58.
La crise du papier, paroles de Jean Maupoint : Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 900 W 58.
La dernière cigarette, paroles de Jean Maupoint, Le bulletin du Cercle. Cercle d’études 2ème Guerre mondiale Thiers et sa région, n°34, octobre 2015.
La Marche du 3ème Bataillon, paroles de Mop’Hoin. Peut se chanter sur l’air "Des moines de Saint-Bernardin". Anor, 12 novembre 1939
Cocorico. Présenté par la Légion française des Combattants. Revue à grand spectacle. 2 actes, 18 tableaux, de R.A. Derossi, Jean Maupoint, L.S. Modange, arrangement et musique nouvelle du compositeur Georges Jacquet, impr. Moderne, Clermont-Ferrand.
Berceuse pour Jackie, paroles de Jean-Maupoint, musique de Paul-Chaubet.
Lettre à Suzette, paroles de Jean-Maupoint, musique de Paul-Chaubet.
Soyons économes, Paroles de Jean-Maupoint, musique de Lucien Guttinguer.
La Valse des Cadratins, Valse musette crée par l’auteur dans la Revue "En plain Mastic". Paroles de Mop’hoin, musique de P. Adolphe, Paris, éditions Gaston Gross.
Lettre de la Marquise de Sévigné au Manager de l’ASM, paroles de Mop’Hoin, sur la musique de "Tout va très bien Madame la Marquise" de Paul Misraki, Clermont-Ferrand, éditions "Clermont-Chansons".
Les Héros de Cassis, monologue marseillais de Jean Maupoint.

SOURCES : SHD, GR 16 P 405187 dossier résistant pour Jean Maupoint. — SHD Vincennes, GR 19 P 63/36 : liste nominative des membres de la formation MUR FFI d’Auvergne. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme 193 W 16, : dossier de 1947 des services départementaux de police concernant notamment Jean Maupoint, janvier-mars 1943 (non consulté) .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 900 W 58 : sous dossier Maupoint avec rapports de police et copie de trois textes de chansons censurées .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, photothèque : Classeur du photographe René Machabert contenant des feuillets de sketches signé Maupoint ainsi qu’un de ses portraits (non consulté) .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, fonds ONAC, 2546 W 7502 : dossier de demande de carte d’ancien combattant .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, fonds ONAC, 2330 W 79 : dossier de demande de titre de déporté .— Paul Chauvet, La Résistance chez les fils de Gutenberg dans la Deuxième Guerre mondiale, Paris : à compte d’auteur, 1979, p. 208 . — Commission départementale d’épuration du Puy-de-Dôme, archives privées, Clermont-Ferrand .— John F. Sweets, Clermont-Ferrand à l’heure allemande, Paris, Plon, 1996 .— Christian Robert, Histoire d’Auvergnats, tome II, éditions des Monts d’Auvergne, 2017 .— Christian Moncelet, Fouchtrah ! Ah ! Ah !, Le Coteau, éd. Horvath, 1982 .— Fiche sur Jean Maupoint, avec bande sonore de sa chanson "A Compiègne", Fondation pour la Mémoire de la Déportation (Commission Dora Ellrich) [en ligne] .— "Salles Saint-Genès", Journal des débats politiques et littéraires, 1er décembre 1941 [consultable sur Gallica] .— "Jean Sorbier au Paris", Journal des débats politiques et littéraires, 27 décembre 1942 [en ligne sur Gallica] .— “Jean Maupoint, auteur d’une valse romantique et parfumée”, La Montagne, édition Clermont-Ferrand, 22 septembre 2016 .— Jean-Paul Gondeau, “Maupoint, chansonnier clermontois entrant en scène avec le portrait de Hitler”, La Montagne, édition Clermont-Ferrand, 31 août 2014 .— Sylvie Briet, “Esclaves des V2”, Libération, 8 juin 1999 .— "Lettre de Toto au Père Noël", Mauhausen, Bulletin intérieur de l’Amicale des Déportés et Familles de Mauthausen, n°224, 4e trimestre 1985. [en ligne : http://campmauthausen.org/librairie/bulletins/cat_view/75-bulletins-1985] .— Le Mur d’Auvergne, hebdomadaire régional de la Résistance, 3 mars 1945 .— "Le chansonnier Jean Maupoint a reçu la médaille de la Résistance", Le Mur d’Auvergne, hebdomadaire régional de la Résistance, 18 août 1945 .— "Jean Maupoint ne chantera plus", Le Mur d’Auvergne, hebdomadaire régional de la Résistance, 25 août 1945 .— "Souvenirs. Jean Maupoint, à son retour de déportation très malade, hospitalisé à Saint-Gabriel", Résistance d’Auvergne, n°162, juillet 2014 [consultable en ligne : https://servimg.com/image_preview.php?i=15682&u=11195021] .— "Les obsèques de Jean Maupoint", La Montagne, 24 août 1945 .— "Au Cinéma Le Paris. En souvenir de Jean Maupoint", La Montagne, 31 octobre 1945 .— "L’inauguration de la rue Jean-Maupoint a donné lieu à une cérémonie émouvante", La Montagne, 30 septembre 1962 .— "Jean Maupoint, un Français libre", La Montagne, date inconnue [consultable en ligne : https://servimg.com/image_preview.php?i=15679&u=11195021] .— nécrologie dans La Montagne, 22 août 1945 .— Manuel Rispal, "En mission de rapatriement". In. Les Chemins de la Victoire, Auvergne 1945, hors série La Montagne, 2015 .— "Grand gala Jean Maupoint", La Nation, quotidien du front National, 29 octobre 1945 .— Max Duvert, "Jean Maupoint", Le bulletin du Cercle. Cercle d’études 2ème Guerre mondiale Thiers et sa région, n°34, octobre 2015 .— http://maquisardsdefrance.jeun.fr/t4958-hommage-jean-maupoint-chansonnier-et-ffi .— Page Facebook de Radio Arverne .— copie de la plupart des chansons de Jean Maupoint aimablement confié par son fils Jacques à Eric Panthou, le 16 novembre 2019.

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