ZHANG Desheng 张德胜

Par Alain Roux

Né en 1901 à Xuzhou (Jiangsu), ouvrier à l’entreprise anglaise de constructions navales anglaise New Engineering Shipbuilding Works de Shanghai (« Shanghai Dockyards »).

Ouvrier à l’entreprise anglaise de constructions navales anglaise New Engineering Shipbuilding Works de Shanghai (« Shanghai Dockyards ») à Yangshupu, avec une annexe en face à Pudong. Né en 1901 à Xuzhou, nord Jiangsu, il a été embauché en 1925 comme manœuvre puis devint ouvrier permanent à l’ancienneté, malgré son illettrisme. Marié et père d’un garçon. Il eut son heure de notoriété en novembre 1941 lors de son licenciement pour « paresse au travail » avec 29 autres ouvriers qui cherchaient sans doute à organiser leurs camarades de travail afin d’obtenir des indemnités de vie chère et avaient perturbé le chantier pour discuter de leurs revendications. Une grève fut décidée le 22 novembre lors d’une assemblée générale où les quatre cents participants élurent quatre délégués dont il fit partie pour discuter avec la direction. Du début à la fin le mouvement fut dirigé par le Fuyihui manipulé par le consulat général du Japon et les agents du Koain (Asia Development Board) qui relevait du corps expéditionnaire de l’Empire du Soleil Levant. Zhang Desheng fut arrêté et on trouva sur lui une lettre du consul japonais qui ordonnait à cinq contremaitres des Shanghai Dockyards adhérents du Fuyihui de mettre leur équipe en grève et assurait qu’ils recevraient si besoin le soutien des forces japonaises. Lin Zijiong en personne reçut Zhang Desheng et ses camarades. Une plateforme revendicative fut élaborée avec l’aide de Gu Bingyuan (F.Y.Koo), un militant de l’YMCA, spécialiste du droit chinois du travail auquel il avait consacré plusieurs ouvrages en chinois et en anglais et qui était l’assistant de miss Eleanor Hinder, responsable de l’Industrial Board du Shanghai Municipal Council. Un accord se fit rapidement dès le 26 novembre et le travail reprit le 30. 800 travailleurs avaient entre temps adhéré au Fuyihui sur un effectif de 1500 ouvriers. Lors de brefs incidents avec la police de la Concession Internationale Zhang Desheng avait été arrêté. Le texte de l’accord, signé par la direction, le Fuyihui représenté par Zhang Desheng et ses trois camarades ainsi que Gu Bingyuan, en tant que « témoin », donnait satisfaction aux grévistes : Zhang Desheng fut libéré. Il fut réembauché ainsi que ses 29 camarades et reçut une indemnité de 60 CH$. Le texte, long et détaillé, offrait des garanties contre des licenciements abusifs et fixait les modalités d’une indemnité de vie chère. En cas de contestations sur l’interprétation d’un de ses articles, on fera appel à la médiation de l’Industrial Board. Le patronat avait ontenu de sérieuses limitations du droit de grève et le consul japonais la reconnaissance exclusive du Fulihui comme représentant des travailleurs. C’était un compromis. L’aide fournie aux grévistes par l’ennemi japonais au plus fort de la guerre sino-japonaise n’avait nullement géné les ouvriers chinois dont le patriotisme avait cédé sous la contrainte d’une situation économique désastreuse. Le comportement de Zhang Desheng à cette occasion rappelle l’attitude pragmatique du monde ouvrier chinois confronté aux gangsters-racketteurs de la Bande Verte (Qing Bang) de *Du Yuesheng. On ignore ce que devint par la suite Zhang Desheng, héros de quelques jours.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article207292, notice ZHANG Desheng 张德胜 par Alain Roux, version mise en ligne le 10 octobre 2018, dernière modification le 5 novembre 2022.

Par Alain Roux

SOURCES : Roux 1991 pages 1285-1295. — Notamment procés-verbal des interrogatoires de Zhang Desheng (Chang Deshun) les 23 et 25 novembre 1941 par Mac-Keown et Loh Weikang de la Shanghai Municipal Police

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