ZHOU Guoqiang 周国强

Par Alain Roux

Né en 1908 dans une petite ville du Jiangsu ; receveur ; syndicaliste communiste employé à la Compagnie Française de l’eau et de l’electricité (fadian) - « les tramways de Shanghai »- (CFTE).

Ce syndicaliste communiste employé à la Compagnie Française de l’eau et de l’electricité ( fadian) - « les tramways de Shanghai »- (CFTE) , où il a été receveur de 1925 à 1957, est un des rares exemples d’une carrière commencée sous des seigneurs de la guerre, continuée sous la « décennie de Nankin », prolongée sous l’occupation japonaise, reprise après le retour de Chongqing du GMD et poursuivie une dizaine d’années après la victoire communiste de 1949.
Né dans une petite ville du Jiangsu, sans doute au nord du fleuve, en 1908, il vint chercher du travail à Shanghai en 1922 : après avoir été marinier sur le Huangpu, puis commis de boutique, ouvrier dans une entreprise de tricot et ensuite à la manufacture de tabac BAT de Pudong, il entra en 1925 à la CFTE comme receveur. Il participa à l’insurrection de mars 1927 qui chassa les militaristes, sans que l’on sache la date de son adhésion au PCC.
Le 21 juillet 1930, il fit partie des 200 grévistes de la CFTE qui se rendirent en cortège rue Brenier de Montmorant (actuellement Matang) pour y dénoncer les briseurs de grève du club des employés : il fut arrêté par la police et incarcéré quelque temps. Cette manifestation avait été décidée sans l’accord de Xu Amei qui présidait le syndicat et le comité de grève et avait été suscitée par des militants communistes en application de la ligne « insurrectionnelle » de Li Lisan ( cf Xu Amei*). On le retrouve en première ligne de l’agitation ouvrière en 1940 lors de la longue et complexe grève dite de « Jessfield Park » ( 22 septembre - 22 octobre 1940) durant laquelle les traminots de la compagnie française luttèrent pour une forte hausse des salaires sous la direction d’un syndicat dont les responsables étaient manipulés par les Japonais. Il fut l’un des 18 membres d’un comité de grève qui reprit la grève malgré la médiation assez favorable effectuée par Yu Yaqing, le puissant notable de la clique de Ningbo. Il fut le porte- parole des grévistes lors d’une rencontre avec la police française le 7 octobre mais il ne fit pas partie des signataires de l’accord qui mit fin à la grève sur un relatif succès le 22 octobre. Sans doute adhérent du PCC à cette date, son comportement correspondit à la ligne hésitante suivie alors par le PCC qui cherchait à retrouver sa place perdue durant les années 1930 dans le mouvement ouvrier shanghaien en étant présent dans les syndicats reconnus par le gouvernement fantôche de Wang Jingwei, sans pour autant se compromettre avec les « traitres chinois ». Un an plus tôt, Xu Amei*, en passe d’être réadmis au PCC dont il avait été exclu à l’époque de Li Lisan, et ayant retrouvé sa place à la tête du même syndicat, avait déjà affronté ce même dilemme, avant son assassinat.
Après la « libération » de Shanghai en avril 1945, Zhou Guoqiang est un militant de première ligne du PCC. Il est de toutes les luttes conduites par ce syndicat qui faisait partie de la dizaine de syndicats dirigés par des syndicalistes communistes avant la reprise de la guerre civile à l’automne 1946 (cf Zhu Junqing*). Ce fut le cas notamment lors des manifestations de rue et des grèves contre le gel de l’indexation des salaires sur le coût de la vie les 8 et 9 mai 1947. Il échappa à l’arrestation le 30 septembre quand le GMD procéda à la « réorganisation » du syndicat de la CFTE en éliminant les responsables communistes et passa avec Zhu Junxin* et Zhang Jiebo à la clandestinité avant de rejoindre les « zones libérées » d’où il revint à Shanghai à la fin avril 1949. Il fut interviewé par l’historien du mouvement ouvrier chinois Jean Cheneaux durant l’été 1957 : il était devenu un vétéran honoré du PCC et venait de prendre sa retraite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article207295, notice ZHOU Guoqiang 周国强 par Alain Roux, version mise en ligne le 10 octobre 2018, dernière modification le 5 novembre 2022.

Par Alain Roux

SOURCES : Roux, 1991 : p 1354 — Jean Chesneaux : Le mouvement ouvrier p 138 , 627. — Annuaire du Travail. 66

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