COSTE Roger, Albéric

Par Jacques Girault

Né le 5 octobre 1912 à Grospierres (Ardèche), mort le 12 juillet 2005 à Vienne (Isère) ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI et de la FEN-CGT ; militant communiste de l’Isère ; maire de Roussillon (1959-1977) ; conseiller général (1967-1979) ; député (1967-1968).

[Assemblée nationale]

Fils d’un artisan forgeron et maréchal-ferrant, Roger Coste reçut les premiers sacrements catholiques. Élève du cours complémentaire de Buis-les-Baronnies (Drôme), encouragé par sa sœur aînée, institutrice, il entra à l’École normale d’instituteurs de Valence (Drôme) en 1931. Il accomplit son service militaire en 1934-1935 dans le Train à Marseille (Bouches-du-Rhône).

Roger Coste commença sa carrière d’instituteur en octobre 1935 à Sablons (Isère). Membre du Parti communiste depuis 1935, il adhéra au Syndicat national des instituteurs et fut le secrétaire du groupe de jeunes instituteurs en 1936-1937. Le groupe publiait La voix des jeunes dont il était le rédacteur en chef. Il fut délégué au congrès de Lille du SNI en 1936. En 1937, il devint secrétaire du Sou des écoles de Sablons et en 1938, membre du conseil syndical de la section départementale du SNI élu sur la liste conduite par le communiste Gabriel Boullu. Il participa à la grève du 30 novembre 1938.

il épousa à l’église Madeleine, Berthe, Paulette Rozier, institutrice, en août 1937 à Sonnay (Isère). Ils n’eurent pas d’enfants.

Mobilisé à Marseille en 1939, affecté au service de santé de l’infanterie alpine sur le front italien, puis transféré en Lorraine, Coste fut fait prisonnier le 22 juin 1940, en Lorraine, puis dans les Ardennes. Il fut rapatrié sanitaire en avril 1941 et reprit son poste à Sablons en novembre de la même année. Il fut très actif dans la Résistance avec le groupe « Prosper » tout en participant à l’expédition de colis aux prisonniers dans le cadre de la Croix rouge.

Président du Comité de Libération de Sablons après avoir pris part aux combats contre l’occupant, membre du comité cantonal de Roussillon, Roger Coste reprit son activité syndicale et redevint membre du conseil syndical de la section départementale. Membre aussi de la FEN-CGT, il participa à son conseil national (1950-1953). Il présida notamment la séance du congrès national de cette dernière à Rennes où Benoît Frachon intervint.

À Sablons, avec son épouse, Coste pratiquait les méthodes de l’École moderne Célestin Freinet (imprimerie à l’école, confection d’albums sur des thèmes culturels). Il créa l’amicale laïque avec des anciens élèves qui eut une grande activité (fêtes scolaires, fêtes folkloriques, voyages, festival d’opérettes avec l’artiste lyrique locale Fanély Revoil, centre de vacances du Chambon-sur-Lignon) et par la suite milita dans la Fédération des œuvres laïques. Il participa aussi aux luttes politiques dans la commune, candidat malheureux aux élections municipales de 1953. Il fut régulièrement candidat au conseil général dans le canton.

En 1957, il fut nommé, avec son épouse comme adjointe, à Roussillon dans le poste de directeur du groupe Langevin où il prit sa retraite en 1967. Il poursuivit son action culturelle (fondation du ciné-club cantonal avec projection de films étrangers pour enfants). Il créa aussi dans son école des classes de rattrapage pour les élèves attardés ou handicapés.

Roger Coste figurait parmi les dirigeants communistes locaux. En mars 1959, conseiller municipal sur une liste, au deuxième tour, comprenant aussi des membres du Parti socialiste unifié, il devint le premier maire communiste de la commune, responsabilité qu’il conserva jusqu’en 1977, année où il ne se représenta pas. En 1965, les conseillers municipaux PSU s’allièrent avec d’autres candidats. La liste que conduisait Coste fut entièrement élue dès le premier tour. Il se consacra à équiper sa commune (notamment réseau d’assainissement, adduction d’eau, électrification, éclairage public rénové, travaux de voirie, agrandissement de la mairie, des groupes scolaires, construction d’équipements collectifs, d’un gymnase, d’un foyer des personnes âgées, d’une piscine, de 320 logements sociaux, d’une gendarmerie). Il conduisit la transformation urbanistique de la commune en respectant l’héritage. Il soutint à plusieurs reprises les luttes des salariés de l’usine textile Rhône-Poulenc. Il impulsa les commémorations historiques (1964, quadricentenaire de l’Édit de Roussillon, histoire du château). Il créa, en 1966, les conditions pour que soit implantée dans la commune une cité scolaire pour les enseignements de second degré. Il présida la création d’un SIVOM et lança l’idée de la zone industrielle de Salaise-sur-Sanne. Il se montra partisan, à la fin des années 1970, de la construction de la centrale nucléaire à Saint-Maurice-l’Exil, projet, achevé en 1985, qui provoqua d’importants débats dans la région et qui lui valut le surnom de « père de la centrale ».

La liste des candidats communistes au Sénat, ratifiée par le secrétariat du PCF, en mars 1959, comprenait en troisième position Coste. Candidat aux élections législatives en 1962 dans la 6e circonscription (Vienne Sud), il obtint 8 294 voix puis 13 313 voix sur 52 627 inscrits. À nouveau candidat, en 1967, dans la 6e circonscription (Roussillon-La Côte-Saint-André), il fut élu député au deuxième tour. À l’Assemblée nationale, membre de la commission des lois, il fut le rapporteur d’un projet de loi déposé par le groupe communiste pour la création de terrains d’accueil pour les gens du voyage. Candidat en 1968, il fut battu après avoir obtenu 13 271 puis 18 304 voix sur 53 923 inscrits. Il était candidat suppléant en 1973. En 1974, il fut élu sénateur suppléant du communiste Paul Jargot.

Coste, candidat au conseil général dans le canton de Roussillon en 1961, élu au premier tour en 1967, avec 5 324 voix, devint le secrétaire de l’assemblée départementale. Réélu en 1973, vice-président du conseil général, il ne se représenta pas en 1979. Il présida la commission des affaires scolaires et culturelles. À l’occasion de la célébration de la loi de 1871, créant les conseils généraux, il assura avec son épouse la rédaction d’une publication du conseil général et présida le choix de la maquette de sa médaille.

Il siégea de 1973 à 1979 comme délégué du conseil général au conseil de la région Rhône-Alpes où il présida de 1973 à 1975 la commission « éducation, recherche, affaires culturelles » et siégea à la commission permanente. En 1975, il fut élu vice-président de la commission spéciale nucléaire.

Devenu maire honoraire en 1977, Roger Coste se consacra, avec son épouse, à des recherches historiques en liaison avec la restauration du château. Il participa notamment à une histoire des communes de l’Isère publiée aux éditions Horvath et des plaquettes historiques locales composées avec son épouse. En outre, il écrivit, avec l’aide de son épouse, son autobiographie qui resta ronéotypée sous le titre Ma vie et mes combats, 95 p.

Depuis les années 1950, il intervenait dans les actions du Mouvement de la paix et de la Ligue des droits de l’Homme. Vice-président cantonal de l’Association nationale des anciens combattants résistants, il fit partie du bureau cantonal des anciens combattants prisonniers de guerre. Il fut aussi administrateur de la Caisse primaire de Sécurité sociale de Vienne.

Après avoir séjourné quelques semaines en maison de retraite avec son épouse au Péage-de-Roussillon (Isère), Roger Coste mourut à la suite d’une courte hospitalisation à Vienne. Athée, ancien membre de la Libre-pensée, il fut enterré civilement au cimetière de Sonnay après un hommage public dans la cour d’honneur du château de Roussillon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20735, notice COSTE Roger, Albéric par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 12 août 2021.

Par Jacques Girault

[Assemblée nationale]

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Presse. — Renseignements fournis par la mairie de Roussillon et par la famille de l’intéressé.— Thèse de Pierre Roche.

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