COSTEDOAT Jean, Etienne

Par Justinien Raymond, Gilles Morin

Né le 13 juin 1912 à Bordeaux, mort le 23 avril 1985 à Bordeaux ; avocat ; militant socialiste de Bordeaux, secrétaire administratif de la fédération SFIO (1938-1940) ; résistant du mouvement Libération-Nord et du CAS ; membre du comité départemental de Libération ; adjoint au maire de Bordeaux et conseiller général (1945-1951).

Jean Costedoat était le fils d’Edmond Costedoat, professeur, qui fut secrétaire des étudiants socialistes, l’un des premiers socialistes de Gironde, adjoint au maire, puis l’un des chefs de file de l’opposition à Adrien Marquet.
Après des études de droit, titulaire d’une licence, J. Costedoat devint Avocat à la Cour d’Appel de Bordeaux où il avait été avocat stagiaire.
Militant socialiste SFIO de la fédération de la Gironde, il fut secrétaire des étudiants socialistes de Bordeaux. Il appartenait à la tendance gauche de la « Bataille socialiste » qui n’était guère en faveur dans une fédération qui avait pour chef de file Adrien Marquet, un des leaders de la tendance « La Vie socialiste ».
Costedoat signa le projet de motion de la fédération de la Gironde pour le congrès national de Royan (4-8 juin 1938). Il était alors archiviste de la fédération (dirigée par André Mureine). Il fut conseiller d’arrondissement en février 1938 en remplacement de Vivez (SFIO) et soutint la tendance Blum au congrès fédéral de 1939. Il était secrétaire fédéral administratif en avril 1940. Réformé, il ne fut pas mobilisé.
Durant la Seconde Guerre mondiale, à partir de l’automne 1940, Jean Costedoat fut l’un des fondateurs du Comité d’action socialiste (qui comprenait seulement 8 membres durant un an) et participa à la fondation de Libération-Nord en Gironde. Arrêté par la Gestapo le 11 novembre 1943, après la trahison de Grandclément, il fut mit dans la cellule de ce dernier qui essaya de le faire parler, puis fut emprisonné au fort du Hâ durant deux mois et relâché sous caution de 200 000 francs. En août 1944, il fut secrétaire du Comité départemental de Libération.
Costedoat, membre du directoire général du MLN, fut adjoint au maire de Bordeaux, en 1944-1947, tout d’abord dans la délégation spéciale nommée par le commissaire de la République le 29 août, puis dans la municipalité Audeguil élue en 1945-1947. Il avait en charge l’instruction publique, les Beaux-Arts et l’éducation physique. À partir de février 1945, il fit l’objet de violentes attaques communistes, reproduites dans la Gironde Populaire. Il y était accusé d’avoir dénoncé au commissaire Poinsot le sénateur Odin comme étant gaulliste. Après un compromis, valant rétractation de fait de ses accusateurs en 1945, faisant face à une nouvelle campagne, il les fit condamner par la justice en 1948. Il était encore accusé par le communiste Fernand Grenier d’être responsable de la déportation de Mureine. La Commission nationale des conflits du 20 février 1946, rejeta cette accusation. La commission exécutive fédérale flétrit le 8 mars 1948 « l’odieuse tactique léniniste : mener contre les éléments non communistes une lutte impitoyable qu’il faut pousser jusqu’à les déshonorer et les faire chasser des syndicats et des partis politiques où leur action s’avérait trop efficace ».
Costedoat était administrateur du port autonome et des hospices civils. Après le succès de la liste conduite par Jacques Chaban-Delmas en 1947, il fut réélu conseiller municipal d’opposition jusqu’en 1959, et chef de file des socialistes opposés aux accords avec le nouveau maire de Bordeaux. En 1953, il demanda la démission du Conseil municipal.
Jean Costedoat fut encore conseiller général SFIO en septembre 1945, élu au 2e tour (29 % des exprimés au premier tour) après le retrait du candidat communiste Lahousse. Il assumait le secrétariat du conseil général. En 1951 et 1955, il fut candidat sans succès aux cantonales, les électeurs modérés n’acceptant pas de se reporter sur lui, du fait de sa vive opposition à Chaban-Delmas au conseil municipal. La SFIO présenta sa candidature aussi à la Première Assemblée constituante en octobre 1945, puis aux élections législatives en novembre 1946 (en 7e position) et juin 1951.
Au sein de la SFIO de la Gironde il participa à la Commission administrative de la fédération en 1952. Membre du PSA en 1959, il se présenta sans succès à la Commission administrative permanente de ce parti au congrès de Montrouge.
Il était détenteur de nombreuses décorations, dont la Médaille de la Résistance, la Croix de guerre avec Palmes et était Chevalier de la Légion d’honneur.
Marié, il était père d’un enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20739, notice COSTEDOAT Jean, Etienne par Justinien Raymond, Gilles Morin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 27 octobre 2021.

Par Justinien Raymond, Gilles Morin

SOURCES ; Arch. Nat., F/1a/3214, 3228 et 3240 ; F/1cII/112, 117/B., 285. — Arch. OURS, A9/49 MM, — Le Populaire (avril, mai 1936, passim). — Les Cahiers d’Information du militant, n° 16, mai 1936. — E. Ginestous, Histoire de Bordeaux sous la IIIe République, op. cit. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Bulletin intérieur de la SFIO, n° 11. — Guillaume Laurence, Les militants de la SFIO en Gironde, mémoire, sous la dir. de B. Lachaise, Université de Bordeaux III, 1996-1997. — Alain Anziani, Cent ans de socialisme en Gironde, Bordeaux, 1999. — Informations recueillies auprès de madame Thérèse Costedoat-Soubie, par Agnès Vatican.

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