DUVIGNAC Raymond dit Didier, Thibaut, François, Thierry

Par Annie Pennetier

Né le 22 mai 1914 à Bordeaux (Gironde), mort le 22 avril 1950 à Dax (Landes) ; agent technique d’électrification ; résistant FTPF de la zone sud ; militant communiste.

Fils de Nicolas Duvignac, comptable, et de Margueritte Brustis, Raymond Duvignac fit ses études secondaires à l’École supérieure de Dax (Landes). En 1931, il entra à l’École nationale de navigation de Bordeaux, section des élèves officiers. D’octobre 1935 à octobre 1937, il fit son service militaire à la Base aérienne 136 de Mont-de-Marsan (Landes). À la fin de l’année 1937, il devint agent technique d’électrification de l’Entreprise industrielle à Saint-Martin Valmeroux (Cantal), avant de rejoindre La Bourboule (Puy-de-Dôme) en 1938, Vayrac (Lot) en février 1939 et Bort-les-Orgues (Corrèze) en juin.
L’armée le mobilisa le 22 août 1939 à la Base aérienne 136 de Mont-de-Marsan (Landes), puis le démobilisa le 31 août 1940 à Marmande (Lot-et-Garonne).
Il se maria le 23 août 1940 à Micheline Guittard à Tulle (Corrèze). Le couple eut un fils, Michel, le 24 février 1942 à Tulle.
Nous ne savons pas à quelle date il adhéra au parti communiste mais il était fin 1941 membre de la direction communiste de Corrèze avec Léon Lanot et Germain Auboiroux et responsable départemental de l’organisation des premiers groupes armés et de la diffusion de la presse clandestine en Corrèze avec Germain Auboiroux. Les armes et munitions provenant de Châteauroux (Indre) permirent d’armer les premiers groupes de Francs-Tireurs de la Corrèze et d’effectuer les premiers sabotages dans les environs de Brive (Corrèze), voies ferrées, locomotives et la grue de 50 tonnes.Le 9 mars 1942, Raymond Duvignac fut arrêté à Tulle (Corrèze) puis transféré à la maison d’arrêt de Périgueux (Dordogne). Le 11 mai 1942 la Section Spéciale du Tribunal Militaire de Périgueux le condamna à dix ans de travaux forcés pour « avoir fin 1941, début 1942, manifesté une activité ayant directement ou indirectement pour objet de propager les mots d’ordre émanant ou relevant de la 3e Internationale communiste ou d’organismes contrôlés en fait par cette 3e Internationale en regroupant d’anciens membres du parti communiste, en leur faisant connaître les directives du parti et en servant d’agent de liaison entre les divers groupements. ». « D’avoir à Tulle (Corrèze), détenu de mauvaise foi, divers tracts : « Pour le pain, la Liberté et la Libération de la Patrie », l’« Humanité » du 28 janvier 1942. Germain Auboiroux fut condamné à 5 ans de travaux forcés. Interné à la prison de Bergerac (Dordogne) du 13 mai au 3 juin, il retrouva son camarade à la prison de Mauzac-sud, puis dans celle de Nontron, avec Clovis Chirin et Michel Bloch. A la fin de l’année, le 15 décembre 1942, il fut transféré à la prison du Puy-en-Velay (Haute-Loire) avec Jean Burles, Clovis Chirin, Vasco Corsi,Camille Labrux et Philomen Mioch. Il participa activement à l’évasion collective, avec 26 autres détenus politiques de la prison du Puy, notamment en dessinant les clefs qui permirent d’ouvrir les
cellules et l’établissement des fausses cartes d’identité et certificats de travail.
Le 28 avril, les gendarmes de Langogne l’interpellèrent avec Louis Coissac à Chapeauroux (Lozère), il parvint à s’évader à nouveau et alla se cacher deux jours plus tard dans les fermes des Salettes et de Lhermet appartenant à François Fabre
père, sur la commune de Saint-Christophe d’Allier (Haute-Loire). Le 10
mai, la sûreté de Clermont-Ferrand investit la ferme de Lhermet pour perquisitionner, sans succès.
Il rejoignit alors la Corrèze et prit aux côtés de Léon Lanot, le commandement du camp FTP Guy Môquet de Saint-Pardoux la Croisille (Corrèze) sous le pseudonyme « Didier ». Blessé à la base du poumon, par balle, le 24 juin au lieu-dit Le Theillot, le docteur de la commune R. Puech le soigna, Mme Estiveau le cacha à Gumond puis un cheminot résistant, à la Souterraine (Creuse) l’accueillit pour sa convalescence.
En septembre, l’ État-major F.T.P.F. de la Zone Sud, le nomma Commissaire aux Effectifs Interrégional (C.E.I.R.), de la région de Limoges (Corrèze, Creuse, Dordogne, Haute-Vienne, Indre et Lot.). sous le pseudonyme « Thibault » puis en janvier 1944, auprès de l’ État-major F.T.P. de la zone sud à Lyon commissaire aux Effectifs de Zone, adjoint, (C.E.Z.A.) adjoint du « colonel Valbonne », Francisque Jomard étant Commissaire aux Effectifs de Zone (C.E.Z.).22
Il échappa aux arrestations du Comité militaire de Zone Sud des F.T.P.F. (C.M.Z.), à Lyon, lors d’une rafle menée par la Gestapo lyonnaise, dirigée par Klaus Barbie. L’ État-major fut démantelé après une dénonciation de Lucien ltis , « Boulanger ». (20 des 23 membres arrêtés.).
Le 13 juin, il rejoignit le maquis de Chamelet (Rhône), avec les rescapés des arrestations de l’État-major F.T.P.F. de la Zone Sud, dont Raymond Perinetti « colonel Brun » et Guy Serbat dit « Caylus ».
Raymond Duvignac fut un des organisateurs du 1er régiment F.F.I. du Rhône.
Le 23 juillet, il rejoignit Grenoble quelques jours après la naissance le 11 juillet de sa fille Annie à Tarare (Rhône), sous le faux nom de Tanchoux.
Membre de État-major régional F.F.I. du colonel Marcel Descours alias « Bayard, Durand », futur gouverneur militaire de Lyon, il participa à la libération de Grenoble qui se termina le 22 août 1944.
Il fut démobilisé le 31 octobre, avec le grade de commandant.
A la demande du général Gilles Lévy, par ailleurs autour de l’ouvrage A nous Auvergne !, retraçant l’histoire de la Résistance en Auvergne, le service historique de la Défense établit la liste des responsabilités de Raymond Duvignac qui fut à partir du 28 juillet 1943 Commissaire d’inter-région (Corrèze, Dordogne, Haute-Vienne, Lot, Creuse, Indre), puis à partir du 7 janvier 1944, Commissaire adjoint de la Zone sud pour les FTP, et enfin, à partir du 27 juillet 1944, Commandant militaire de l’Isère.
En janvier 1945, Raymond Duvignac devint secrétaire de la Commission Militaire du Comité de Libération de Lyon. La même année, il rejoignit les Landes à Dax, où il occupa la fonction de secrétaire départemental et délégué national du Front National et correspondant de son organe de presse « La victoire du sud-ouest ».
Son fils François naquit à Dax le 26 janvier 1947.
Le 22 avril 1950, il mourut des suites de ses blessures.
Reconnu Mort pour la France, il avait obtenu le titre de déporté interné résistant DIR. Il avait été décoré de la Croix de guerre le 15 juin 1945, et reçut à titre posthume, en novembre 1961, la distinction de Chevalier de la Légion d’honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article207595, notice DUVIGNAC Raymond dit Didier, Thibaut, François, Thierry par Annie Pennetier, version mise en ligne le 17 octobre 2018, dernière modification le 21 décembre 2021.

Par Annie Pennetier

SOURCES : Organigramme FTPF Zone sud dans Henriette Dubois, "Nelly". En résumé... nous devons témoigner. Une vie militante... toujours en prise avec les événements, dactylographié, 78 p. + annexes, déposé à la bibliothèque du Musée de la Résistance des Alpes-Maritimes. — Biographie reconstituée par son fils Michel à partir de Maquis de Corrèze. — SHD Vincennes GR 19 P 63/1, dossier général, p. 200. — Michel Duvignac a établi une édition limitée, pour sa famille, des 100 lettres de prison de Raymond Duvignac.

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