ROSELLINI Eugénie, Ludovine, alias Josette, née RUGANI

Par Annie Pennetier

Née le 18 juillet 1915 à Pino (Pinu, Corse), morte le 21 octobre 2011 à Marseille, 12e ; militante communiste ; résistante FTPF en zone sud, agent de liaison ; déportée.

Eugénie Rosellini en 1946
Eugénie Rosellini en 1946

Née dans une famille pauvre du Cap Corse, son père Ernest Rugani, journalier travaillait dans les vignes, et sa mère Jeanne Fregati, journalière, était femme de chambre dans les maisons de maitre. Eugénie Rosellini, cinquième d’une fratrie de six enfants, (trois garçons et trois filles), rejoignit sa soeur ainée Marie, employée de maison à Marseille (Bouches-du-Rhône) ce qui lui permit de faire des études secondaires. Elle se maria à l’âge de seize ans, avec François Rosellini de douze ans son aîné (né le 21 novembre 1903 à Marseille) puis donna naissance à deux filles Jeanine (1932) et Yolande (1936). Elle partageait les idées communistes de son mari.
Pendant la guerre, la maison familiale isolée, située dans la périphérie de Marseille (11e arrondissement), à Eoures près d’Aubagne, permit l’hébergement des responsables communistes clandestins comme Marcel Roucaute responsable aux cadres de la section de Marseille à partir d’avril 1942, et Francisque Jomard.
Eugénie Rosellini alias Josette devint l’agent de liaison de Francisque Jomard colonel Valbonne, commissaire aux effectifs des FTPF de la zone sud en septembre 1943. Après l’attentat contre l’hôtel Splendid occupé par les Allemands, en janvier 1943, les rafles redoublèrent. Séparé de son mari, Eugénie rejoignit Lyon au printemps 1943, ses filles furent accueillies dans la famille Jomard à l’écart de la ville et elle à 10km mais sans possibilité de les voir, à Millery au sud de Lyon. Elle changea d’apparence, devenant une femme chic avec sac Vuitton à double fond, moins suspecte aux yeux de la Gestapo et des miliciens nombreux à Lyon.
Le 13 mai 1944, une rafle contre les FTP commença, jour de l’arrivée de Philippe Henriot qui le lendemain rassembla les foules enthousiastes lors d’un meeting à Lyon. Eugénie Rosellini et Francisque Jomard furent arrêtés le 14 mai 1944 à Millery (Rhône) avec le frère de Francisque, Claudius Jomard, chef des agents de liaison de la zone sud. Eugénie Rosellini fut déportée dans le convoi de femmes résistantes parti de Paris le 14 juillet 1944, vers Ravensbrück (matricule 46922]. Elle revint de déportation.
Francisque Jomard fut interné au fort Montluc à Lyon et exécuté à Saint-Didier-de-Formans (Ain) le 16 juin 1944 avec 29 résistants.
François Rosellini déporté dans le convoi parti de Compiègne le 21 mai 1944 pour Neuengamme (matricule 31747) très affaibli, il mourut du typhus le 15 mai 1945 à l’hôpital de Ludwigslust (Mecklemburg) avant son rapatriement ; le camp voisin de Wobbelin d’où il venait, libéré le 2 mai était devenu un point de convergence des convois d’évacuation. Claudius Jomard, également déporté à Neuengamme mourut au large de Brême en mai 1945.

Un rapport de la commission centrale du Parti communiste, daté du 22 février 1946, tenta d’établir les responsabilités dans la chute du Comité militaire de zone sud les 13-15 mai 1944, en mettant en cause Lucien Iltis et une femme Emery.

De retour à Marseille, Eugénie Rosellini milita à la section communiste de La Plaine qui l’hébergeait dans l’appartement situé au dessus du local. Elle se remaria avec le neveu de son mari René Joseph Rosellini, résistant communiste. Devenu clandestin, il avait rejoint la résistance dans la Drôme, puis s’engagea dans les FFI et participa avec la 2e DB à la libération de Strasbourg. Il travailla ensuite aux PTT comme chauffeur puis devint contrôleur technicien chargé de l’ automatisation des télécommunications. Le couple eut deux enfants, Michèle (1950) et Jean-Louis (1954).
Bien que membre de la FNDIRP, continument adhérente, Eugénie Rosellini ne souhaita pas témoigner publiquement de sa déportation.
Elle fut décorée de la Légion d’Honneur en 2003.
Elle repose dans son village natal depuis 2011.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article207596, notice ROSELLINI Eugénie, Ludovine, alias Josette, née RUGANI par Annie Pennetier, version mise en ligne le 17 octobre 2018, dernière modification le 9 octobre 2021.

Par Annie Pennetier

Eugénie Rosellini en 1946
Eugénie Rosellini en 1946

SOURCES : Henriette Dubois, "Nelly". En résumé... nous devons témoigner. Une vie militante... toujours en prise avec les événements, dactylographié, 78 p. + annexes, déposé à la bibliothèque du Musée de la Résistance des Alpes-Maritimes, inventaire 2745, classement 650DUB.— Fondation pour la mémoire de la déportation. — Témoignage de Michèle Rosellini, 2021. — Film documentaire sur Eugénie Rosellini de Jackie Poggioli Partigiana, FR3 Corse.— Photo fournie par la famille.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable