DAVISTER Jules, dit Dalo.

Par Marc Lorneau

Grand-Manil (aujourd’hui commune de Gembloux, pr. et arr. Namur), 24 novembre 1904 – Charleroi (pr. Hainaut, arr. Charleroi), 16 juin 1958. Ouvrier verrier puis ouvrier mineur, militant communiste, militant de l’Opposition communiste de gauche puis du Parti socialiste révolutionnaire et du Parti communiste révolutionnaire, militant syndical notamment dans le secteur des mines.

Jules Davister est le fils de François Davister, ouvrier métallurgiste, socialiste et syndicaliste, et de Bertha ?. Il est le deuxième fils d’une famille de six enfants, dont le cadet est Ernest Davister*. Il épouse, en 1926, Alexa Demanet dont il a une fille.

« Gamin de verrerie », Jules Davister, dit Dalo, entre au syndicat des verriers à quatorze ans. À dix-sept ans, il entre à la mine. Enflammé par la Révolution bolchevique d’octobre 1917, il adhère aux Jeunesses communistes, puis au Parti communiste belge (PCB) en 1926. Il quitte ce parti en 1928 avec les militants du Groupe d’opposition de gauche.

Jules Davister est candidat sur la liste de l’Opposition communiste de gauche aux élections communales de 1932. Il milite ensuite dans les rangs du Parti socialiste révolutionnaire (PSR) et écrit dans l’organe de cette organisation, La Lutte ouvrière. Plusieurs fois licencié pour activité syndicale, inscrit sur une liste noire, il ne trouve plus d’emploi à partir de 1937 : la misère et l’évolution globale du PSR l’éloignent de la vie militante de 1938 à 1941.

En 1942, alors que Jules Davister est sur le point de réintégrer la section belge de la IVème internationale, le Parti communiste révolutionnaire (PCR), il prend l’initiative de rassembler des délégués de puits de mine qui impulsent la grève de 1942 dans la Basse-Sambre et la région du sud de Charleroi. Par là-même, il est à l’origine de la fondation en 1943 de la Fédération de lutte des mineurs de Charleroi qui édite le Réveil des mineurs.

À la suite de plusieurs actions menées contre le travail du dimanche et le rationnement, et pour le réajustement des salaires, Davister doit vivre dans la clandestinité afin d’éviter les recherches de la Gestapo. Figure importante de la régionale de Charleroi du PCR – il est membre de la cellule de Gilly –, il écrit des articles pour La voie de Lénine, organe du parti.

Au lendemain de la Libération, Jules Davister continue d’écrire des articles sur les conditions de vie des mineurs pensionnés dans La voie de Lénine et assure l’administration et la rédaction de La lutte ouvrière qui lui succède. Membre du Comité central du PCR, devenu le Parti communiste internationaliste (PCI) en janvier 1946, secrétaire politique de la régionale de Charleroi, Jules Davister se présente dans cet arrondissement en tête de la liste n˚ 6 du PCI pour les élections législatives de février 1946. La stagnation des résultats du PCI et des questions professionnelles créent les conditions d’un conflit violent qui éclate en juin 1946 entre Davister et d’autres militants de Charleroi, appuyés par la direction nationale.
Ces polémiques l’éloignent du PCI, dont il ne se rapproche qu’en 1948. Il assiste alors à plusieurs réunions du Comité central et soutient l’idée d’appeler à voter en faveur du Parti communiste belge (PCB) lors des élections législatives de juin 1949. En 1950, il rejette catégoriquement le tournant entriste de la section trotskyste dans le Parti socialiste belge (PSB) et s’éloigne définitivement de cette section.

Atteint par la silicose, Jules Davister arrête progressivement ses activités militantes à partir de 1950-1955. Au terme de terribles souffrances, il meurt le 6 juin 1958.

Jules Davister représente sans doute au mieux un certain type de militants trotskystes de Charleroi, endurcis par leurs conditions de travail, frondeurs, opiniâtres, hommes de terrain et d’action, autodidactes, mais peu adaptés aux données politiques et sociales apparues après la Seconde Guerre mondiale. Claire Prowizur-Szyper le dépeint comme étant « ...petit, carré, têtu, militant de longue date, énergique, impulsif et mauvais caractère. Pour compléter le tableau, Don Juan, intelligent et très actif. Prêt à tous les coups... »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article207747, notice DAVISTER Jules, dit Dalo. par Marc Lorneau, version mise en ligne le 24 octobre 2018, dernière modification le 5 janvier 2020.

Par Marc Lorneau

SOURCES : Interview d’Ernest Davister réalisée le 5 janvier 1984 – Archives Léon Lesoil, document interne du PCR, 1944 ; document interne du PCI, 1946-1949 – CEGESOMA, Archives personnelles de Georges Vereeken, document interne du Groupe communiste-trotskyste, 1946 – « La lutte des trotskystes sous la terreur nazie », La Lutte ouvrière, 2 février 1946 – LEGEIN C., Le parti socialiste révolutionnaire (le mouvement trotskiste en Belgique de 1936 à 1939), Thèse de doctorat en histoire UCL, Louvain-la-Neuve, 1982, p. 326-327 – PROWIZUR-SZYPER, C., Conte à rebours, Bruxelles, 1979.

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