BASSIS Maurice [pseudonyme dans la résistance : Bob]

Par Eric Panthou

Né le 7 juin 1924 à Paris (IIIe arr.), tué (exécuté sommairement ?) le 4 juin 1944 au lieu-dit de Manérol, commune de Dontreix (Creuse) ; apprenti lithographe ; membre des Jeunes communistes à Paris, résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP) du Puy-de-Dôme.

Maurice Bassis
Maurice Bassis
Plaque commémorative au 130 rue Vieille du Temple à Paris (3e arr.)

Fils de Jacques Bassis, lithographe, et de Nechama dite Anna Pawlowski, sans profession, naturalisée le 1er octobre 1927, Maurice Bassis était domicilié 130 rue Vieille du Temple à Paris (IIIe arr.). Ses parents et ses grands-parents habitaient ici depuis 1909 après être arrivés en France en 1906. La famille était de confession juive. Son père était né à Kréménetz et sa mère à Kiev (Ukraine). Maurice Bassis fut naturalisé français par déclaration souscrite le 6 avril 1925.
Il était le plus jeune d’une famille ouvrière ayant deux fils et une fille et dont les parents n’avaient jamais fait l’objet de la moindre remarque négative au niveau moralité et politique. Son frère, Henri Bassis, instituteur, fut révoqué en décembre 1940 non pas en raison de son activité communiste comme on a pu l’écrire mais parce que subissant le décret sur les fonctionnaires Juifs. Il rejoignit ensuite la résistance et devint officier dans les FTP. Sa sœur, Mannée, était comptable. Maurice Bassis était quant à lui apprenti lithographe 140 Boulevard Saint-Denis, là où travaillait son père. Il fut licencié au bout de quelques mois, faute de travail. Il vivait chez ses parents.
Dans Paris occupé, il participa avec David Liberman à l’organisation clandestine de la jeunesse communiste, tant et si bien que dès octobre 1940, il fut arrêté alors qu’il distribuait des tracts et apposait des papillons avec ses camarades. Les policiers l’emmenèrent au commissariat de police du quartier, le rouèrent de coups. Il fut envoyé à la prison de Fresnes. Défendu par maître Georges Pitard, qui devait être fusillé comme otage un an plus tard, Maurice Bassis fut condamné le 2 janvier 1941 à dix mois de prison avec sursis et fut libéré après trois mois de préventive. Il est considéré comme militant très actif des Jeunesses communistes dans le IIIe arrondissement.
Selon la réponse faite par ses parents à la police, il quitta Paris en août 1941 pour camper et chercher du travail avec son frère, sa femme et ses enfants. En réalité il reprit aussitôt ses activités clandestines. Il partit d’abord à Chartres (Eure-et-Loir) où il participa à une grève qui se déroula en pleine caserne allemande. En octobre 1941, il échappa de justesse à la Gestapo et gagna la zone Sud où il reprit le travail clandestin à Marseille. Au même moment, bien que la Préfecture de Police de Paris reconnut que ses parents n’avaient jamais fait l’objet de remarques défavorables tant au niveau privé qu’au point de vue politique, ils furent considérés comme "indésirables" à Paris car n’ayant "rendu aucun service à la France".
Lorsque se constituent les groupes de FTP, Maurice Bassis rejoignit un maquis du Puy-de-Dôme où il se distingua par son allant et par son expérience. Nommé adjoint au commissaire aux effectifs de sa compagnie, il fut ensuite chargé d’assurer la liaison entre les divers maquis FTP du département.
Il fut nommé au Camp Gabriel-Péri dans le Puy-de-Dôme. Il était sergent, chef de groupe. Le 4 juin 1944, alors qu’il venait d’arriver au maquis pour l’avertir des mesures à prendre en raison de l’imminence du Débarquement, il y fut surpris par une attaque allemande. Harcelé dans le Puy-de-Dôme, ce maquis avait dû se retrancher quelques kilomètres plus loin dans le hameau de Manérol situé à l’ouest de la commune de Dontreix (Creuse). Il se fit surprendre par une attaque matinale des soldats allemands conduits par des miliciens. Lorsque les FTP de garde réagirent, il était déjà trop tard. Trois d’entre eux succombèrent au cours de la fusillade alors que la plupart des autres purent décrocher en direction du massif de la Goursole tout proche. Sept FTP cueillis dans leur sommeil furent fusillés par les Allemands au pied de la grange qui leur servait de QG. Celle-ci fut ensuite incendiée. Maurice Bassis figurait parmi les victimes. On ne trouva aucun papier sur les corps des dix victimes.
Maurice Bassis, comme les autres maquisards restés non identifiés, fut inhumé dans l’ossuaire élevé en 1947 à Combeauvert, commune de Janaillat (Creuse). C’est le lieu du plus important massacre perpétré par la Das Reich en Creuse,le 9 juin 1944. C’était l’endroit le plus symbolique pour rendre hommage à tous les inconnus de l’époque dans le département. L’identité du corps de Maurice Bassis ne put être établie avec certitude qu’en 1984 grâce à la ténacité de l’ANACR du Puy-de-Dôme et un concours exceptionnel de circonstances. Son nom fut alors gravé sur le monument de Dontreix à l’initiative de l’ANACR qui retrouva sa sœur afin qu’elle assiste le 6 juin 1984 à la cérémonie annuelle en hommage aux victimes. Celle-ci n’avait jamais abandonné ses recherches et avait laissé son adresse à la mairie de l’arrondissement où son frère habitait, ce qui permit de la retrouver. A Dontreix, elle put rencontrer un couple d’habitants qui lui déclarèrent être les derniers à avoir vu son frère vivant, après avoir offert du pain et du jambon aux maquisards, la veille de l’attaque.
Bien qu’on sache depuis plus de trente ans qu’il fit partie des dix victimes, son nom a été oublié dans les divers articles sur le massacre de Dontreix parus ces dernières années dans la presse régionale.
Il a été reconnu chef adjoint FTP et tué à l’ennemi ce 4 juin 1944 à Dontreix, “Mort pour la France”.
Son nom figure sur le Mémorial de la Résistance creusoise à Guéret ainsi que sur une plaque à son nom devant son domicile parisien.
Il n’a pas de dossier de résistant au SHD de Vincennes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article207929, notice BASSIS Maurice [pseudonyme dans la résistance : Bob] par Eric Panthou, version mise en ligne le 28 octobre 2018, dernière modification le 7 mars 2022.

Par Eric Panthou

Maurice Bassis
Maurice Bassis
Plaque commémorative au 130 rue Vieille du Temple à Paris (3e arr.)
Maurice BASSIS
Maurice BASSIS
Portrait de Maurice Bassis

SOURCES : AVCC AC 21 P 15125 (non consulté) . — SHD Vincennes, 19 P 63/5 : état des morts ayant appartenu au Camp Gabriel-Péri .— SHD Vincennes, 19 P 63/5 : état nominatif des cadres ayant appartenu au Camp Gabriel Péri ou 1103e Compagnie FTPF, signé Commandant Delmas, dit Lucien, 21 novembre 1947 . — Jérôme Galichon, “Plaque en hommage au chef adjoint FTPF Maurice Bassis”, renseignements communiqués par Max Weinstein.
http://museedelaresistanceenligne.org/media5234-Plaque-en-hommage-au-chef-adjoint-FTPF-Maurice-Bassis .— “Manérol ouvre sa mémoire le 4 juin”, Le Populaire du Centre, édition Creuse, Guéret, samedi 3 juin 2017 .— Marc Parotin, Le Temps du maquis : histoire de la Résistance en Creuse, impr d’Aubusson, 1981 .— “4 juin 1944 : le massacre de Manérol fait neuf victimes ; seulement six ont été identifiées”, Le Populaire du Centre (site web), vendredi 1 juin 2018 (consulté sur Europresse le 28 octobre 2018) .— David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la Résistance : biographies, dernières lettres, témoignages et documents, Paris, Éditions Renouveau, [1984] .— MémorialGenweb .— Filae.com, fiche sur couple Bassis-Pawlowski .— Jugement du Tribunal de la Seine du 7 janvier 1941 contre Maurice Bassis (archives privées Serge Hiet) .— Le Préfet de Police à Monsieur le Garde des Sceaux ; Rapport sur Jacques Bassis, 28 mai 1941 (archives privées Serge Hiet).— Le Préfet de Police à Monsieur le Garde des Sceaux ; Rapport sur Jacques Bassis, 3 décembre 1941 (archives privées Serge Hiet) .— David Diamant, Combattants, héros, martyrs de la Résistance, Paris, éditions Renouveau, 1984, p. 214-215.

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