THÉVENIN Roger, Louis, Séraphin [alias « Alain », « Benoît », pseudonymes de Résistance]

Par André Balent

Né le 20 mars 1922 aux Rousses (Jura), mort exécuté sommaire le 17 novembre 1943 à Camarade (Ariège) ; résistant (FTPF) de l’Ariège

Roger Thévenin (1922-1943)
Roger Thévenin (1922-1943)
Cliché : Arch. dép. Ariège, 64 23, fonds Claude Delpla.

Issu d’une famille catholique, Roger Thévenin résidait à Morez (Jura), Roger Thévenin s’était rendu en Ariège afin d’être enrôlé au Chantier de jeunesse de Castillon. Il entra en contact avec Yvette Soula, postière à Rimont (Ariège), résistante. Celle-ci connaissait les liens avec les maquis (FTPF) en cours de formation dans la partie occidentale de Plantaurel, massif pré-pyrénéen de l’Ariège, en particulier celui dont les premiers éléments étaient installés dans sa commune.
Les FTPF étaient en train de se structurer en Ariège sous la direction de Jean Gaudillat de Saint-Girons (Ariège), du Toulousain Léon Balussou, de l’ancien interbrigadiste Alexis Audéon et du Provençal Albert Busa, basés aussi dans le Plantaurel occidentall à Pailhès (Ariège). Thévenin se joignit à eux et fut intégré à cette ébauche d’état-major des FTPF ariégeois. Ceux qui se trouvaient dans la partie occidentale du Plantaurel formèrent bientôt un petit maquis qui rassembla huit hommes, de provenances diverses : Émile Beaugard, André Chaubet, Jean Géraud, Michel Grakowski, Moïse Sigler, Lucien Taurine, chargé des liaisons avec Castelnau-Duban (Ariège) et deux jeunes de Saint-Girons (Ariège).
Thévenin intégra une ébauche d’état-major des FTPF ariégeois. Le maquis des environs de Rimont, fut l’un des tous premiers maquis ariégeois de cette mouvance, avec celui de Péreille. Thévenin devint le responsable politique de ce petit maquis et en assurait la direction avec Jean Géraud, le responsable militaire. Le maquis établit ensuite ses cantonnements successifs sur le territoire de la commune de Camarade, d’abord à la ferme de Las Fustes et ensuite à la ferme abandonnée de Ponce. Le maquis rassemblait quelques hommes ravitaillés par Louis Pons.
Sa conduite fut très imprudente, les mesures de précaution élémentaires n’étant pas prises. Jean Lagrèze, des Basses-Pyrénées], nouveau COR (commissaire à l’organisation régional) des FTPF ariégeois, le constata lors d’une « inspection ». Les mesures qu’il préconisa ne purent endiguer le mal. Sipo-Sd et collaborationnistes étaient au courant de la présence du maquis à Camarade. La veille du 17 novembre 1943, deux faux réfractaires se rendirent à Camarade et demandèrent qu’on leur indiquât la localisation du maquis. Ils étaient en fait un Allemand de la Sipo-SD et un Français de Saint-Girons (Ariège) membre des groupes d’action collaborationnistes « Justice sociale « et du PPF (Parti populaire français). Le 17 novembre 1943, à quatre heures du matin, des Allemands occupèrent Camarade. Au hameau de Lavielle, ils arrêtèrent Camille Gros, né en 1886. Cultivateur, aubergiste, débitant de boissons et cordonnier né en 1886, Gros avait été naïvement trop bavard. Ils s’emparèrent de son fils Jean-Marie Gros et de son valet de ferme le jeune réfugié républicain espagnol Alberto Fajardo. Accompagnés de ces deux otages, ils investirent la ferme de Ponce. Ils y arrivèrent sans encombre car la sentinelle, Michel Grakowski qui s’était endormi sous ses couvertures, sur lesquelles étaient tombés 5 cm de neige pendant la nuit. Ce dernier, seul témoin survivant de la scène put réchapper du massacre qui allait suivre. Deux soldats entrèrent dans la grange, mitraillette au poing et tirèrent aussitôt. Les autres cadavres, entièrement consumés, se trouvaient au nombre de six dont cinq furent identifiés : Roger Thévenin, André Chaubet, Alberto Fajardo Luís, Jean Géraud, Jean-Marie Gros, Roger Thévenin. Le sixième celui d’un inconnu fut confirmé par Gaston Escaich, secrétaire de mairie de Camarade qui procéda à l’inhumation des cadavres dans le cimetière communal du hameau de Lavielle, lieu où ils reposent toujours. Cet inconnu pouvait être celui d’un homme d’un maquis voisin de passage à Ponce. Il pourrait être celui de Laurent Ferrer.
Une stèle a été érigée et une plaque apposée afin de perpétuer le massacre du 17 novembre 1943. Six noms y furent gravés. La victime inconnue n’y est pas mentionnée. Chaque année, une cérémonie est célébrée en mémoire des FTPF morts à Camarade. Le nom de Roger Thévenin figure aussi sur le monument aux morts de La Mouille (près de Morez) et sur une plaque apposée dans l’église paroissiale de ce village.

Voir Camarade (Ariège), 17 novembre 1943

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article208285, notice THÉVENIN Roger, Louis, Séraphin [alias « Alain », « Benoît », pseudonymes de Résistance] par André Balent, version mise en ligne le 4 novembre 2018, dernière modification le 23 avril 2022.

Par André Balent

Roger Thévenin (1922-1943)
Roger Thévenin (1922-1943)
Cliché : Arch. dép. Ariège, 64 23, fonds Claude Delpla.

SOURCES : Arch. dép. Ariège, 64 J 23, fonds Claude Delpla, dossier Sigler Moïse et fiches issues diverses. — Site camarade.arize-lèze.fr consulté le 29 octobre 2018. — Site histariège, consulté le 30 octobre et le 4 novembre 2018. — Site MemorialGenWeb consulté le 29 octobre 2018. — Le Petit journal, édition de l’Ariège, hebdomadaire, 15 novembre 2017.

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