CHAPOU Bernard ou CHAPON Bernard

Né en 1808 à Tauriac, près de Figeac (Lot) ; agriculteur puis employé du chemin de fer à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) ; quarante-huitard.

Après avoir été soldat au 16e léger, il reprit son métier d’agriculteur, puis entra comme employé au chemin de fer Paris-Orléans. Il était, en 1848, sous-chef de la gare des marchandises à Ivry et, au cours de la révolution de Février, il se trouvait dans les bureaux de La Réforme en compagnie de Ferdinand Flocon. Élu capitaine de la IIIe légion de banlieue, il présida le Club de la Belle Moissonneuse, à Ivry, et, à ce titre, fut envoyé par le Club des Clubs soutenir la candidature de Cavaignac dans le Lot.

Le 23 juin, il réunit les ouvriers de son service, et, soucieux avant tout de maintenir leur cohésion, il leur dit : « Vous devez tous rester à votre poste et si nous devons marcher, nous marcherons tous ensemble et au nom de la République. » Cette attitude l’amena à s’opposer à la pénétration des troupes dans Paris par le chemin de fer. Quand le 21e régiment de ligne voulut forcer ce blocus, il obtint qu’il rétrogradât au-delà des fortifications, mais il soigna néanmoins le lieutenant qui avait été blessé dans l’affaire. La responsabilité de la construction de la barricade de la rue du Chevaleret, où il demeurait, lui fut imputée ainsi que l’évasion des insurgés de cette barricade par les ateliers dont il s’était fait donner la clef.

Il fut jugé par le 2e conseil de guerre le 15 septembre 1848 en tant que Bernard Chapou, capitaine de la garde nationale. Déclarant travailler depuis environ trois ans au chemin de fer d’Orléans, il réfuta, parfois avec humour, les soupçons que le président formula contre lui, comme le fait qu’il aurait fait installer deux locomotives sur les voies pour foncer sur les convois transportant des troupes vers Paris ou demandé à la garde mobile de venir en renfort. Disant s’appuyer sur des témoignages, l’accusation qualifiait Chapou de "communiste enragé". Condamné à trois ans de prison, il fut incarcéré le 16 octobre 1850 à Belle-Île-en-Mer (Morbihan). Il en sortit pour participer, en décembre 1851, aux troubles dont Saint-Céré fut le théâtre. Ses opinions socialistes prononcées et la saisie de lettres de convocation aux affiliés à l’organisation qu’il dirigeait lui valurent d’être embarqué pour Cayenne, le 29 mai 1852.

Toutefois, une mesure d’expulsion prise contre lui le 12 février 1853 laisse supposer qu’il échappa à la déportation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article2084, notice CHAPOU Bernard ou CHAPON Bernard, version mise en ligne le 7 juin 2021, dernière modification le 3 juin 2021.

SOURCES : Arch. Min. Guerre, A 4803 et B 12. — Arch. Dép. Morbihan, série Y, écrou 82. — J.-Y. Mollier, Dans les bagnes de Napoléon III. Mémoires de C. F. Gambon, Centre des Correspondances du XIXe siècle, Paris IV-Sorbonne, PUF, 1983. — Journal des débats politiques et littéraires, 15 septembre 1948 (BNF, Gallica). — Notes de J.-Y. Mollier. — Notes de Renaud Poulain-Argiolas.

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