COULAUDON Aimé, dit Mornac

Par Justinien Raymond, Gilles Morin

Né le 8 février 1906 à Pontgibaud (Puy-de-Dôme), mort le 18 juillet 1968 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) ; avocat et homme de lettres ; secrétaire des Jeunesses socialistes du Puy-de-Dôme ; député de Riom (1936-1942).

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936]

Né dans une famille de paysans républicains, fils d’un industriel clermontois devenu, en 1943, président de la Chambre de commerce de Clermont-Ferrand, Aimé Coulaudon fréquenta l’école communale puis l’école professionnelle de Clermont-Ferrand avant d’entreprendre des études secondaires au lycée Blaise-Pascal de Clermont. Aimé Coulaudon étudia le droit : licencié à Dijon en 1928, il fut reçu docteur en droit (sciences juridiques) à Poitiers en 1932 avec une thèse sur Chazerat, dernier intendant d’Auvergne. Il aimait les Lettres et, en 1952, soutint avec succès une thèse de doctorat : « Anatole France et la gastronomie ».

D’abord avocat à Riom, il s’inscrivit en 1931 au barreau de Paris et fut secrétaire de Maître Alexandre Zévaès, exerçant auprès de la Cour d’appel. Mais tout jeune, il entra dans le mouvement socialiste, fonda les Jeunesses socialistes du Puy-de-Dôme dont il fut secrétaire et rédacteur de son mensuel Le Drapeau rouge. Il fonda aussi le groupe des Étudiants socialistes. Il a appartenu aux sections socialistes de Pontgibaud, de Clermont et à la 5e section de Paris. De 1930 à 1939, il collabora à L’Auvergne socialiste, hebdomadaire fédéral dont il était un des fondateurs. Il fut un propagandiste très actif, estimant avoir tenu 1 500 réunions en douze ans (1927-1939). Par deux fois, la fédération socialiste du Puy-de-Dôme lança Coulaudon à la conquête difficile du siège de député d’Ambert : en mai 1932, il recueillit 1 941 voix sur 12 817 votants et se retira au second tour, il échoua au conseil général le 11 septembre ; en avril 1936, il s’éleva aux élections législatives à 2 546 suffrages et se retira également.

Quelques mois plus tard, le 6 septembre 1936, il fut élu, au second tour, député de la deuxième circonscription de Riom-Montagne au siège vacant par l’invalidation de l’élu du Parti agraire Ratelade. Il triompha de ce dernier par 8 736 voix contre 8 431 sur 17 291 votants. Il succédait ainsi, après une brève interruption, à Alexandre Varenne. Au Palais Bourbon, il appartint à la commission de la législation civile et criminelle et à la commission des travaux publics. Il appartenait par ailleurs à la franc-maçonnerie, comme la plupart des parlementaires du département.

En 1939, Aimé Coulaudon fut mobilisé comme sergent-chef à la troisième armée et devint sous-lieutenant au service de santé. Le 10 juillet 1940, à Vichy, il vota pour l’octroi des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Titulaire d’une citation, démobilisé le 31 août 1940, il s’occupa d’exploitation forestière durant une année. Puis, il se consacra à l’écriture, publiant quatre ouvrages d’histoire en deux années. Il entra dans le mouvement Combat en novembre 1942, sous le pseudonyme de Mornac. Il collabora à des journaux clandestins, participa au recrutement de sizaines et de trentaines, à des sabotages et prit part à différents combats avec le maquis de Violène dont il devint un des responsables. Élu en 1944 à l’unanimité secrétaire général des Anciens des maquis d’Auvergne qui comprenait 4000 membres, il fut décoré de la Croix de guerre le 24 septembre 1945.

Malgré son engagement dans les maquis des Cheires dont son frère Émile, le « colonel Gaspard » était le chef, il fut exclu de la SFIO par le congrès national extraordinaire de Paris en novembre 1944. Le jury d’honneur présidé par René Cassin le releva de l’inéligibilité le 9 décembre 1945 : « Considérant que l’intéressé s’est employé à organiser la résistance dans son département, qu’il s’est distingué par sa vaillance au cours de plusieurs actions menées contre la milice et les Allemands, participant ainsi de façon suivie et courageuse à cette lutte [contre l’ennemi ou l’usurpateur] » (JO du 28 décembre 1945). Le Comité départemental de Libération consulté avait estimé qu’il était un « parfait résistant ».

De 1944 à 1952, il fut rédacteur en chef du Mur d’Auvergne, organe des résistants, écrivit aussi dans La Nation, organe du Front national et dans La Montagne d’Alexandre Varenne et, tout en assurant la fonction de consul de l’Union belgo-luxembourgeoise, il s’adonna à une activité culturelle fort éclectique, autour de la Faculté de Clermont, parmi les Amis du vieux Clermont qu’il fonda et présida, à la Société des gens de lettres, dans les sociétés savantes et en publiant romans et essais. Il dirigea la société Travail et loisir qui s’intéressait à la vente du matériel électrique.

Aimé Couladon s’était marié le 28 mars 1933 avec Pascaline Ottavi, avec laquelle il eut une fille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20846, notice COULAUDON Aimé, dit Mornac par Justinien Raymond, Gilles Morin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 9 mars 2016.

Par Justinien Raymond, Gilles Morin

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936]

SOURCES : Arch. Nat., F/7/15492, n° 2707 ; CAC, 19910564, art 11. — Arch. Jury d’honneur. — J. Jolly, DPF, op. cit. — Compte rendu du congrès extraordinaire du Parti socialiste, novembre 1944. — Le Monde, 20 juillet 1968. — La Vie socialiste, 14 mai 1932. — L’Auvergne socialiste, 30 avril 1932. — Le Drapeau rouge, mars 1930. — André Combes, La Franc-maçonnerie sous l’Occupation, Éd. du Rocher, 2001. — Jean-Étienne Dubois, Les députés du Puy-de-Dôme de 1919 à 1942, mémoire de maîtrise sous la direction de Mathias Bernard, Université Blaise Pascal, 2004.

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