VALEIX André [pseudonyme dans la résistance : Prosper]

Par Eric Panthou

Né le 6 mars 1909 à Riom (Puy-de-Dôme), décédé 13 avril 1948 à Ménétrol (Puy-de-Dôme) ; ouvrier métallurgiste ; secrétaire de section syndicale CGT ; membre du Comité régional du PCF du Puy-de-Dôme de 1937 à 1939 ; résistant, lieutenant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP), membre du camp FTP Gabriel-Péri.

Alors que débutait la Première guerre mondiale, André Valeix perdit sa mère ; Anne, née Jaffeux, ménagère. Il avait à peine âgé de six ans. Il resta donc avec son frère à la charge de son père qui était pépiniériste à Riom. Tout jeune, il devint apprenti boulanger mais sa frêle constitution le contraignit à abandonner ce métier trop pénible pour lui.
Il se lança alors dans un nouvel apprentissage : celui d’ajusteur. Puis c’est le départ pour le service militaire où il ne tarda pas à être réformé pour raison de santé.
Vers la fin de 1934, il fut contacté par René Artaud et Georges Cathalifaud, de jeunes militants riomois qui vinrent solliciter son adhésion au Parti communiste (PCF). Il accepta et en 1935 il organisa la cellule de Ménétrol, commune des faubourgs de la sous-préfecture de Riom. Il collabora avec Julien Favard et grâce au dévouement de ces deux militants, plusieurs cellules voient le jour dans l’arrondissement de Riom.
En 1936, on le retrouva à la tête du mouvement revendicatif de la métallurgie, marqué par un mois de grève en juillet et de nouveau des grèves dures à l’automne, notamment à Riom.
Au niveau politique, il représente le PCF aux élections cantonales de 1937 à Riom-Est, doublant les voix du Parti dans ce secteur peu favorable. Il intégra le Comité régional du PCF en 1935, renouvelé jusqu’à la guerre. Il fut également responsable d’une section, instance chapeautant plusieurs cellules. C’était un militant très bien noté par la commission des Cadres (A1) en novembre 1937 puis en 1939. Il est alors rectifieur.
Quand surgit la guerre, Valeix travaillait à Clermont-Ferrand. Il fut interrogé le 5 décembre 1940 par la police dans le cadre d’une enquête sur la propagande communiste à Riom et alentours suite aux distributions de tracts et à l’arrestation de Favard.
Il vivait alors boulevard Clémentel à Riom. Dans sa déposition, il mentit totalement, à la fois sur son activité mais aussi sur son itinéraire professionnel et scolaire. Il se dit licencié es-lettre, sans profession. Il reconnut avoir appartenu aux JC en 1935 et 1936 amis déclara qu’à partir de 1937 il n’a plus assisté aux réunions et cessa toute activité.
Il ajouta qu’il avait quitté Riom le 5 décembre 1937 pour Egletons (Corrèze) où il était professeur de lettres puis en octobre 1938 à Tulle. Il ajouta avoir été mobilisé le 16 septembre 1939 puis démobilisé le 6 août 1940 avant de revenir à Riom. Il conclut en affirmant qu’il n’avait conservé aucun lien avec JP et le PCF et qu’il n’avait eu aucun rapport en Corrèze avec ces organisations. Il assura avoir abandonné les JC en 1937 parce qu’il avait constaté que les idées communistes amenaient du désastre et que le parti manquait de franchise en raison de ses changements et de ses renversements de doctrine. Il pouvait donc au final déclarer sereinement qu’il n’avait plus aucun contact ni reçu le moindre tract ou papillons ces derniers jours ou mois.
Ses explications n’ont cependant pas convaincu la Justice puisqu’il est dit dans l’article en sa mémoire lors de son décès qu’il avait été arrêté et interné à Fort-Barreau (Isère) quelques mois après l’arrivée de Pétain au pouvoir.
Une fois libéré, il resta recherché et dut fuir après dénonciation, le 24 février 1944. Son père a lui été martyrisé par les Allemands et succomba quelques mois après la Libération des suites des coups reçus.
Valeix rejoignit le maquis à Tableix, commune de Saint-Angel (Puy-de-Dôme), au sein de la formation Camp Gabriel-Péri, camp FTPF du Puy-de-Dôme. Sous le pseudonyme de Prosper, il devint lieutenant au Camp Gabriel-Péri, bientôt Commissaire aux effectifs du Camp en remplacement de Robert Delmas devenu inspecteur des camps FTP de la R2 le 5 avril 1944. Valeix devint ensuite Commissaire technique chargé du matériel du Bataillon. Il se distingua par son courage dans l’action mais, déjà, la maladie le minait.
Il déclara avoir dans un premier temps été chargé de la partie technique c’est-à-dire du ravitaillement et de l’organisation matérielle des unités, puis après le 17 avril il fut nommé officier de sécurité et renseignements, chargé du dépistage des éventuels agents ennemis et de la préparation des opérations. Il participa à ce titre à plusieurs opérations de guérillas, notamment ceux de Manérols (Creuse).
Sa durée de services homologués au sein du camp Gabriel-Péri va du 24 février au 28 août 1944, jour de la Libération de Clermont-Ferrand. Il été homologué FFI.
Immédiatement après, il rentra chez lui à Ménétrol et il fut désigné Président de Comité local de Libération. Mais très vite, ses forces déclinèrent et il dut aller se faire soigner au centre de Châteldon (Puy-de-Dôme). Il se savait condamné.
Deux jours avant de mourir, il demanda néanmoins qu’on lui établisse en carte d’ancien FTPF. Le médecin de l’hôpital de Riom le fit ramener chez lui à quelques heures avant qu’il meurt.
Ses obsèques donnèrent lieu à un vaste rassemblement où les militants du PCF mais aussi de la CGT, des FTP, de France-URSS notamment lui rendirent hommage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article208566, notice VALEIX André [pseudonyme dans la résistance : Prosper] par Eric Panthou, version mise en ligne le 10 novembre 2018, dernière modification le 13 décembre 2020.

Par Eric Panthou

Sources : Arch. dép. du Puy-de-Dôme : 1296 W 62 : procès-verbal audition d’André Valeix, 5 décembre 1940 .— SHD Vincennes,dossier 19 P 63/5 : liste des membres de la formation Gabriel-Péri, FTPF du Puy-de-Dôme .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme : État des résultats obtenus dans la répression des menées communistes par la 6éme brigade régionale de police mobile de Clermont-Ferrand du 1er septembre 1939 au 10 octobre 1940. Département du Puy-de-Dôme .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme : 2546 W 9541. Dossier de demande de la carte de Combattant volontaire de la Résistance pour André Valeix .— SHD Vincennes GR 16 P 582548, dossier André Valeix (non consulté) .— RGASPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français : 1937 : cote 517_1_1865. et Ibid.1939 cote 517_1_1909 .— “Ouvriers et paysans d’Auvergne ont rendu à André Valeix un grandiose et suprême hommage”, La Voix du Peuple, organe de la fédération PCF du Puy-de-Dôme, 21 avril 1948 .— état civil.

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