COULOMBEIX Henri

Par Daniel Grason

Né le 15 septembre 1905 à Brantôme (aujourd’hui Brantôme-en-Périgord, Dordogne), mort le 20 février 1945 à Dachau (Allemagne) ; ouvrier électricien à la SNCF ; sympathisant communiste ; résistant.

Henri Coulombeix Arch. PPo. GB 175 D.R.
Henri Coulombeix Arch. PPo. GB 175 D.R.

Fils de Pierre et de Marguerite née Chauvin, il épousa Yvonne Vacher en février 1927 à Capdenac-Gare (Aveyron), le couple eut un enfant, ils vivaient 97 avenue du Chemin de Fer à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Il entra à la SNCF le 1er décembre 1926, il fut affecté en tant qu’ouvrier électricien au dépôt de Paris situé 19 bis avenue Jules Coutant à Ivry-sur-Seine.

Sympathisant communiste, sur l’insistance d’un collège de travail, Raymond Müller il accepta en juillet 1941 d’entrer dans les TP (Troupes populaires). Celui-ci lui expliqua que « cette organisation avait pour but de créer des difficultés aux envahisseurs allemands. » Il n’ignorait pas qu’il s’agissait d’une organisation d’obédience communiste.

Le 31 juillet 1942 au matin Antoine Thomas vint le voir, il lui donna rendez-vous pour le lendemain à 14 heures 30, rue de la Tombe Issoire dans le Xe arrondissement. Il se rendit sur place le 1er août 1942. Deux militants étaient déjà sur place, tous se rendirent avenue d’Orléans, près de l’église de Montrouge. Tous se dirigèrent vers la place Denfert-Rochereau, en cours de chemin ils rencontrèrent Müller. Thomas parla avec lui, puis dans une rue proche, sous un porche Antoine Thomas ouvrit sa serviette, et présenta des pistolets au trois militants. Dans un premier temps Henri Coulombeix refusa, puis sur l’insistance de Thomas, il accepta. L’un des militants refusa de prendre l’arme.

Il s’agissait de protéger une manifestation de femmes déclara Thomas. Henri Coulombeix, remonta l’avenue d’Orléans en direction de la place Denfert-Rochereau. Il s’engouffra dans la bouche du métro situé devant le café Le Daguerre et rentra chez lui.

Il apprenait le lundi 3 août à la lecture des journaux ce qui s’était passé rue Daguerre. En une Le Matin titrait : « La recrudescence des attentats nécessité de la part de la population française une extrême vigilance ». L’éditorialiste collaborationniste Claude Jeantet citait l’action de la rue Daguerre, qu’il criminalisait. Un « Avis » des Autorités militaires allemandes annonçait qu’elles avaient « fait fusiller 93 terroristes ». Le Petit Parisien annonçait « Un nouvel attentat terroriste devant un magasin d’alimentation : un mort sept blessés », et précisait que Lise Ricol avait été maîtrisé par le chef vendeur de chez Félix Potin.

Il fut interpellé le 11 septembre 1942 par des inspecteurs des Renseignements généraux. Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales il retraça son parcours et son attitude le 1er août. Son refus de prendre une arme qu’il avait « remise deux ou trois jours plus tard à Müller, dans le même état que celui dans lequel elle se trouvait lorsque je l’ai reçue. »

Les policiers lui présentèrent les photographies d’Élisabeth Ricol, Georges Vallet, Alberto Barrachi, André Pelet et Maurice Dupic. Il affirma « Je ne connais aucun des individus dont vous me représentez la photographie. Je ne les ai pas remarqués, rue Daguerre. » Quant à René Sevi, dit Baudin, dont la photo lui a été aussi montrée, il déclara : « Je ne connais pas cet homme et n’ai jamais été en relation avec lui. »

Lors de la confrontation avec Müller, celui-ci affirma que la manifestation rue Daguerre « était commencée ». Henri Coulombeix maintint sa position, faisant observer que lorsqu’il rendit son arme un homme en compagnie de Raymond Müller, René Sevi, les avait « sermonné, car nous avions tous filés. »

Incarcéré, il comparut devant la Section spéciale. Henri Coulombeix fut condamné à une peine de travaux forcé et à une amende. Le 24 janvier 1943, il était dans le convoi de 1557 hommes qui partit de Compiègne à destination du camp de concentration de Sachsenhausen en Allemagne. Matricule 57662, il quitta ce camp pour travailler au kommando des usines Heinkel, puis fut transféré au camp de concentration de Dachau où il mourut du typhus le 20 février 1945.

En 1945 devant une commission rogatoire madame Jeanne Giton qui demeurait 7, rue du Dessous des Berges à Paris XIIIe arrondissement, déclara : « À la suite de son arrestation monsieur Coulombeix a été déporté en Allemagne. J’ignore s’il a été frappé. » Lucien Arnouil, impliqué dans la même affaire, fut auditionné, il déclara qu’Henri Coulombeix « était décédé en Allemagne au mois de juillet 1944. » Son épouse étant parti en province, elle fut convoquée pour témoigner ultérieurement.

Henri Coulombeix a été homologué au titre des Forces françaises combattantes (FFC), Déporté interné résistant (DIR), et au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et comme étant membre du Front national.

Son nom a été gravé à la Bourse du Travail de Paris Xe arrondissement sur la plaque dédiée : « À la mémoire des dirigeants de Syndicats tombés dans les combats contre le nazisme pour la libération de la France – Lorsqu’on ne tuera plus ils seront bien vengés et ce sera justice. » Paul Éluard, son nom figure également sur le Monument aux morts de Brantôme en Dordogne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20857, notice COULOMBEIX Henri par Daniel Grason, version mise en ligne le 22 mars 2021, dernière modification le 7 janvier 2022.

Par Daniel Grason

Henri Coulombeix Arch. PPo. GB 175 D.R.
Henri Coulombeix Arch. PPo. GB 175 D.R.

SOURCES : Arch. PPo. GB 105, 77 W 3119-302416, KB 48, KB 49. — Notes de Jean-Pierre Besse. — Bureau Résistance, SHD Vincennes GR 16 P 146419. — Le 13e arrondissement de Paris du Front populaire à la Libération, Paris, 1977, p. 94 et 155. — Site internet GenWeb.

Photographie : Arch. PPo. GB 175 (D.R.)

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