CHANTREUX René

Par Frédéric Stévenot

Né le 26 juin 1886 à Chauny (Aisne), abattu 13 juin 1940 à Chatou (Seine-et-Oise) ; marié ; manouvrier, terrassier.

Fils de François Chnatreux, manouvrier âgé de trente-six ans, et de son épouse Armance Trousset, manouvrière âgée de vingt-huit ans, le couple vivait alors à Chauny, au n° 2 rue de la Buerie. René Chantreux se maria à Chatou le 2 février 1929, avec Lucie Germaine Helque ; ils eurent trois enfants.

Le 30 juin 1904, il fut condamné par le tribunal correctionnel de Laon à quinze jours de prison pour vol. Un an plus tard, le 13 juin, il fut à nouveau condamné par la même instance à vingt jours de prison, pour le même motif. Le 8 septembre 1906, il eût quarante jours de prison pour rébellion à agent, puis un mois pour « outrages à agents », le 27 avril 1907.
Le 10 octobre 1908, la cour d’appel d’Amiens lui infligea trois mois de prison et deux amendes de cinq francs chacune, pour « violences et voies de faits volontaires, violences, et rébellion à agents, tapage nocturne et ivresse ».

Au moment de son recensement militaire, il était déjà manouvrier (il l’était aussi en 1924), et vivait encore à Chauny. Il fut incorporé le 13 octobre 1908 au 87e régiment d’infanterie de Saint-Quentin. Envoyé en disponibilité le 25 septembre 1910, il passa dans la réserve muni d’un certificat de bonne conduite.

Le 10 mars 1911, René Chantreux reprit le chemin des tribunaux. Il fut condamné par le tribunal correctionnel de Laon à quatre mois de prison et cinq francs d’amende pour outrage et rébellion à gendarmerie et contravention à ivresse. La cour d’appel d’Amiens lui infligea six mois de prison et cinq francs d’amende pour outrage et rébellion aux agents, et ivresse.
Après sa démobilisation, il fut encore condamné par le tribunal correctionnel de Laon à quatre mois de prison et cinq francs d’amence pour outrages à agents et ivresse.
René Chantreux fut relevé de toutes ses condamnations par la loi d’amnistie du 29 avril 1921 (art. 5).

Il fut mobilisé et arriva au corps le 3 août 1941. Il disparut au Mort-Homme le 20 mai 1916 ; il fut en réalité capturé par les Allemands. René Chantreux fut rapatrié le 7 décembre 1918 et réaffecté au 87e régiment d’infanterie, avant de passer au 102e le 13 janvier 1919. Il fut démobilisé le 3 avril 1919, et déclara se retirer à Chauny. Il y demeura jusqu’en 1924, puisqu’on le trouve à Chatou, au 17 rue de la Paroisse, le 15 septembre.

En juillet 1945, une enquête fut menée par la brigade de gendarmerie de Chatou pour éclairer les circonstances du drame. Le témoignage de Sophie Mizerwa, épouse Mazureck, fut recueilli ; il indique ce qui suit :
« lorsque le 13 juin 1940 le pont de Chatou a été détruit à l’approche des Allemands, il ne restait presque plus personne dans le pays. J’étais resté en compagnie de 15 Alsaciens restés dans le pays comme réfugiés. Au cours de la nuit du 12 au 13 juin et de la journée du 13, les allemands qui se trouvaient de l’autre côté de la Seine tiraient sans arrêt des rafales de mitrailleuses en direction de Chatou. Nous nous attendions d’un instant à l’autre à les voir apparaître. Nous nous étions réfugiés dans un petit café italien de la rue de la paroisse, dont nous avions barricadé les portes.
Après être passés la nuit dans la cave, voyant que les allemands étaient dans le pays, nous sommes sortis et avons découvert le corps de CHANTREUX sur le trottoir, il avait la tête fracassée. Un allemand qui se trouvait là m’a fait savoir que CHANTREUX avait été tué par ce qu’il avait refusé de lever les bras à l’arrivée des premiers éléments allemands […] ».

Interrogée, sa femme indiqua qu’elle avait passé la journée avec son mari, qui n’avait pas voulu quitter Chatou. Il était revenu manger vers dix-neuf heures, avant de ressortir dans la rue. Le lendemain matin, vers sept heures, Germaine Chantreux est sortie, inquiète, et aperçu le corps de son mari, « affreusement mutilié, recouvert d’une couverture. Il avait été tué à coups de grenades ». Des Alsaciens présents au moment du crime lui apprirent « qu’il avait refusé de lever les bras et de se laisser fouiller ».

Aucun renseignement précis ne put être recueilli sur les unités en cause.

Le nom de René Chantreux ne semble figurer sur aucun monument

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article208869, notice CHANTREUX René par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 18 novembre 2018, dernière modification le 13 janvier 2019.

Par Frédéric Stévenot

SOURCES. Arch. dép. Yvelines, 1604W10 (SRCGE), signalé par Fabrice Bourrée. Arch. dép. Aisne, reg. matr., 1R2/190. — État civil de Chauny, 5Mi212, 1886, acte n° 263.

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