COURET Jean. Pseudonyme dans la clandestinité : FRADIN

Par André Balent

Né le 1er juin 1915 à Saint-Vite-de-Dordogne (Lot-et-Garonne), mort le 5 août 2000 à Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales), technicien à l’usine sidérurgique de Fumel (Lot-et-Garonne), officier, inspecteur du permis de conduire ; militant communiste et syndical, cadre des FTPF dans le Gers puis dans les Pyrénées-Orientales.

<center>Jean Couret en 1947</center>
Jean Couret en 1947

À Fumel, avant 1939, Jean Couret milita à la CGTU puis à la CGT et adhéra au PC. Militant clandestin du Parti communiste, il en devint l’un des cadres. Il passa dans la clandestinité totale et quitta son département afin de ne pas aller au STO. Affecté d’abord dans le Gers, il fut muté ensuite dans les Pyrénées-Orientales lorsque les animateurs locaux des FTPF, Fernand Cortale* et Georges Delcamp*, menacés d’arrestations, furent affectés dans la Haute-Garonne. Ce fut le 4 mars 1944 qu’il arriva à Perpignan, pour prendre le commandement des FTPF sous le pseudonyme de « Fradin ». En juin 1944, il était commissaire technique régional des FTPF des Pyrénées-Orientales., remplaçant Aimé Couffignal* (« Durieux ») menacé par les arrestations des 24 et 25 mai 1944 qui décimèrent les FTPF catalans et imposèrent leur réorganisation.

Avec le grade de lieutenant, il devint, le 31 juillet 1944, membre de l’état-major départemental des FFI, adjoint, avec Jean Balouet de l’AS, de Dominique Cayrol*, promu chef départemental. Le 15 août 1944, il fit savoir par lettre, à Dominique Cayrol et à Camille Fourquet*, président du CDL, sa désapprobation de l’entrevue qu’ils eurent ce jour-là avec le major Parthey, commandant allemand de la place de Perpignan afin d’étudier les modalités du retrait des forces d’occupation. Les 19 et 20 août 1944, il assuma son rôle militaire, en participant aux prises de décision de l’état-major des FFI qui organisèrent le mouvement des maquis du département (plus particulièrement, celui de l’AS de Rabouillet) vers Perpignan afin de libérer la ville.

Jean Couret fut, du 8 au 15 septembre membre d’une juridiction d’exception, la Cour martiale des Pyrénées-Orientales qui eut à juger les faits les plus graves de collaboration. Il présida notamment des séances qui eurent à juger les miliciens coupables d’avoir, avec les forces allemandes, attaqué et détruit le village de Valmanya, dans le massif du Canigou, et sauvagement assassiné les habitants qui ne l’avaient pas quitté (1er et 2 août 1944). Les séances présidées par Couret condamnèrent à mort cinq accusés sur huit, le 8 septembre et deux sur trois, le 12 septembre. Jean Larrieu qui a étudié l’épuration judiciaire dans les Pyrénées-Orientales estime que, sous la présidence de Couret, furent prononcées des peines plus rigoureuses que sous celles de Delpont* et de Coll.

Jean Couret quitta les Pyrénées-Orientales dès 1945. À Toulouse (Haute-Garonne), il intégra l’armée régulière, comme Fernand Cortale* et Georges Delcamp*, d’abord avec le grade de capitaine, puis avec celui de commandant. Il ne put rester à l’armée pendant la Guerre froide, du fait de son affiliation politique.

Revenu à la vie civile, il n’adhérait plus au PCF, tout en demeurant un homme de gauche. Plus tard, il fut proche des socialistes.

Au plan professionnel, il obtint un emploi d’inspecteur du permis de conduire. Il fut successivement en poste à Castres (Tarn), à Béziers (Hérault). Il termina sa carrière à Perpignan. Il était revenu dans les Pyrénées-Orientales où, pendant la résistance, il avait noué de solides amitiés. Il s’installa à Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) où il mourut en 2000. Titulaire de la Croix de guerre, il fut chevalier de Légion d’honneur. Marié, Jean Couret eut une fille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20902, notice COURET Jean. Pseudonyme dans la clandestinité : FRADIN par André Balent, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 24 novembre 2008.

Par André Balent

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Jean Couret en 1947

SOURCES : Arch. Com. Saint-Cyprien, état civil. — Le Républicain du Midi, quotidien, Perpignan, 9 et 13 septembre 1944. — Le Résistant catalan, bulletin intérieur du Comité départemental de l’ANACR, n° 00, avril 2007, p. 7 (témoignage de sa fille, Françoise Marty). — Ramon Gual, Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane », II a, « Iconographie : Documents, photos, presse... Els Alemanys la (pas massa)... temps », Terra Nostra, 91-92, Prades, 1996. — Ramon Gual, Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane », II b, « Iconographie : Documents, photos, presse... Els Alemanys fa (pas massa)... temps », Terra Nostra, 93-96, Prades, 1998. — Jean Larrieu, « L’épuration judiciaire dans les Pyrénées-Orientales », revue d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale, 112, PUF, 1978, p. 29-45. — Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane », I, « Chronologie des années noires », Terra Nostra, 89-90, Prades, 1994. (Camille Fourquet, Le Roussillon sous la botte nazie, tapuscrit inédit, s.d. [1965]. — Georges Sentis, Les communistes et la résistance dans les Pyrénées-Orientales, t. II, Le difficile combat vers la libération nationale, novembre 1942-août 1944, Lille, Marxisme Régions, 1985, en particulier p. 99 sq. — Georges Sentis, Les communistes et la résistance dans les Pyrénées-Orientales. Biographies, Lille, Éditions Marxisme régions, 1994, p. 178. — Conversation avec sa fille, Françoise Marty, Perpignan, 12 janvier 2008.

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