COUREUIL Blanche [née DUPEND Blanche, Maria, épouse GOURDIN Blanche puis COUREUIL]

Par Jean-Pierre Besse

Née le 10 mars 1913 à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), morte en novembre 2006 à Bobigny (Seine-Saint-Denis) ; dactylographe, secrétaire comptable ; résistante déportée ; élue communiste de Bobigny.

Le père de Blanche Dupend était ajusteur à la Compagnie des chemins de fer du Nord, sympathisant communiste, mais séparé de sa femme, il n’eut pas d’influence sur l’évolution de Sa mère adhéra au Parti communiste, en septembre 1934, en même temps que sa fille. La famille vivait à Pierrefitte. Blanche Dupend avait épousé Raymond Gourdin, ouvrier maçon et militant communiste du XIVe arrondissement de Paris. Ils allèrent habiter, en 1936, rue de la Ferme-Saint-Lazare, à Paris (XIe arr.). Une note de Maurice Tréand la présente comme "séparée de son mari en Espagne" (1937). Son autobiographie du 11 octobre 1937 précise : Je vis séparée de mon mari depuis le 3 novembre 1936, par suite de désaccords et de divergence de caractère". Elle le retrouva semble-t-il pendant la guerre.

Élève de l’école élémentaire Félix Faure à Saint-Denis, elle fréquenta une école supérieure jusqu’à l’obtention du brevet élémentaire. Elle travailla comme dactylographe à la Société Force et lumière électrique FORCLUM, à Saint-Denis, de novembre 1929 à octobre 1932 (800 F par mois). Après seize mois de chômage, elle travailla pendant six mois à la mairie de Pierrefitte (1300 F par mois). A nouveau au chômage, elle travaill en 1935 pour la CGTU, pour les Jeunesses communistes, pour la Région Paris-Nord, puis après un cours passage à la mairie du Blanc-Mesnil, elle entra au siège du Parti communiste, 120, rue Lafayette (1250 F par mois). Elle travailla comme dactylo auprès de Paul Vaillant-Couturier puis de Georges Politzer ("c’est la petite qui travaille avec Politzer au 120" écrit Maurice Tréand en 1937) et au comité central dès 1935 et de ce fait, selon le témoignage de Josette Cothias-Dumeix, « connaissait bien l’écriture de Jacques Duclos ainsi que celles de Georges Politzer et de Pierre Villon »ce qui lui fut utile dans la clandestinité. Elle fut sollicitée par l’Internationale communiste pour venir travailler à Moscou comme dactylo. Elle accepta et fut présente en URSS en novembre 1937. On ignore la durée de son séjour.

En août 1939, à la dissolution du parti, en congé de maternité, elle commença à travailler avec son mari dans le parti illégal. Pour éviter une arrestation, ils allèrent se réfugier à Stains et Villetaneuse. Elle assura à partir d’octobre 1939 la frappe de l’Humanité clandestine et avait, à la demande du parti, pris avec son mari, « petit artisan du bâtiment », un poste de concierge rue de l’Amiral Roussin dans le XVe arr. Elle aurait assuré, à partir de juin-juillet 1940, la dactylographie de tracts clandestins. Sous la direction de Jean Catelas, le couple fut responsable de la dactylographie et de la reproduction du matériel communiste jusqu’au début de 1941. En février 1941, ils allèrent habiter dans le XIVe arr. en relations avec Ginsburger (Pierre Villon). Après des perquisitions, ils furent arrêtés par la police française. Allaitant son enfant, Blanche Gourdin fut simplement placée sous surveillance pendant un mois. Sa mère, qui avait assuré l’entretien d’une « planque » où séjourna Jacques Duclos dans le Loiret, fut libérée le 14 juillet 1942.

Son mari fut arrêté dans le cadre de l’affaire Cadras-Pican et fusillé au Mont Valérien. Blanche Gourdin, qui habitait désormais rue du Poteau (XVIIIe arr.), reprit contact avec le parti. En liaison avec Venise Gosnat et Jean Nenning*, elle s’occupa de la propagande communiste dans la région parisienne. Elle fut arrêtée le 14 février, porte de Choisy. Le rapport de police signalait qu’elle contrôlait un dépôt de matériel situé 26 rue Lecourbe. Internée à la prison de la Roquette (matricule 6 171) jusqu’au 9 août 1944, puis au fort de Romainville, elle fut transférée à Ravensbruck le 26 août 1944 (matricule 61 174). Elle fut rapatriée par la Suède et ne rentra qu’en juin 1945.

Le 15 juillet 1945, Blanche Gourdin commença à travailler à l’USTMS, syndicat des métaux de la région parisienne puis à l’hebdomadaire de la CGT La Vie ouvrière. Remariée à Paris (XVIIIe arr.) en janvier 1948 avec Pierre Coureuil, ancien prisonnier de guerre, elle eut un fils et devint concierge dans le XVIIIe arr.

Ayant pu se procurer un petit pavillon rue Rabelais à Bobigny, Blanche Coureuil entra à la mairie de Blanc-Mesnil comme secrétaire comptable à titre contractuel à la caisse des Écoles du 1er juin 1956 au 1er janvier 1974.

Elle fut élue conseillère municipale de Bobigny le 8 mars 1959, sur la « liste d’Union de défense de la République et des intérêts balbyniens » présentée par le Parti communiste avec 6 215 voix sur 14 139 inscrits. Elle devint cinquième adjointe et fut désignée aux conseils d’administration du bureau d’aide sociale et de la caisse des Écoles.

Le 14 mars 1965, elle fut réélue en sixième position sur la liste d’union démocratique qui obtint 7 693 voix sur 16 381 inscrits. Elle retrouva son mandat d’adjointe et fut désignée le 12 avril, au conseil d’administration de la caisse des Écoles. Elle démissionna de ce mandat pour des raisons familiales et ne se représenta pas en 1969 (sa mère, malade, devait décéder en août 1969).

Blanche Coureuil devint membre du bureau de l’ADIRP de la Seine-Saint-Denis, secrétaire de la section de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP) de Bobigny et, en 1976, secrétaire de la section de l’Union des Vieux de France de Bobigny.

Chevalier de la Légion d’honneur, Blanche Coureuil versait aux souscriptions en faveur de l’Humanité en 1996 et 1997.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20904, notice COUREUIL Blanche [née DUPEND Blanche, Maria, épouse GOURDIN Blanche puis COUREUIL] par Jean-Pierre Besse, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 18 janvier 2014.

Par Jean-Pierre Besse

SOURCES : RGASPI, 495 270 2097, autobiographie du 11 octobre 1937. — Arch. Com. Bobigny. — Arch. PPo, carton 3 activités communistes pendant la guerre. — La Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Le Livre Mémorial, op. cit. — L’Humanité, 1990-1998, 2006. — Notice DBMOF, par Jacques Girault. — Renseignements fournis par l’intéressée.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable